Cauchemar Sanglant ➞ Ziggy Berman

Chapitre 2

Je poussai un petit grognement en entendant quelqu'un taper trois coups nets à la porte de ma cabine. La voix de Charlie s'éleva de l'autre côté de la cloison en bois peu épaisse, qui séparait la chambre de l'extérieur.

-Excuse moi de te déranger Alinda, mais je venais voir si tu étais levée pour t'occuper des gamins qui sont dans l'atelier artistique, expliqua-t-il d'un ton indulgent qui démontrait que ça ne l'enchantait guère de m'arracher à mon repos.

Je connaissais très peu Charlie, on n'avait pas véritablement eu l'occasion de faire connaissance jusqu'ici. Je savais simplement qu'il était tout aussi débutant que moi dans ce job et qu'il se débrouillait plutôt bien. Il était le parfait exemple du proverbe qui disait qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. En dépit de ses airs doux et calme, qui pouvaient à première vue le faire passer pour quelqu'un incapable de montrer une once de fermeté, il savait parfaitement comment se débrouiller pour être respecté des pensionnaires. Ayant déjà été témoin de cette étonnante aptitude, je devais reconnaître qu'une étincelle d'admiration et sans doute un peu d'envie, avait jailli dans ma poitrine.

 Dans l'ensemble, je me débrouillais pas si horriblement avec les gosses et je parvenais un minimum à me faire attendre mais, il m'arrivait parfois d'être trop laxiste. Pendant que j'y pensais, ce serait peut-être une bonne idée de me renseigner auprès de Charlie, pour voir s'il aurait quelques conseils à me partager.

-Pas de soucis j'arrive, merci de m'avoir prévenu, fis-je en roulant sur le côté pour vérifier l'heure qu'il était.

C'est avec un sursaut que je constatai qu'il me restait à peine plus de quinze minutes pour me préparer, je bondissais hors de mon lit avec rapidité pour aller me préparer. Ce matin j'avais pu dormir davantage car je commençais plus tard. J'étais soulagée que Charlie soit venu me rappeler à l'ordre car j'étais du genre à toujours respecter les horaires que l'on me donnait, et s'il n'avait pas été là, je crois bien que j'aurais eu mon premier retard depuis mon arrivée.

Une fois ma toilette terminée et mes draps brièvement en place sur le matelas, je pris donc la direction de l'atelier.

Cet endroit était de loin mon favori du camp. Celui-ci était une sorte de maison en bois, constitué d'une seule grande pièce rectangulaire contenant essentiellement des tables de quatre ainsi que des chaises et quelques autres meubles. Partout où on posait les yeux, on y découvrait un bric-à-brac d'objets servant à réaliser des croquis, de la peinture ou encore de la poterie.

En principe, on veillait à garder un tant soit peu le matériel en ordre mais actuellement c'était le bazar vu que les enfants l'utilisaient.

Des peintures affichant toute une palette de couleurs différentes étaient suspendus au plafond, et sur les vitres du fond étaient collés divers dessins colorés.

-Ah, l'heure de ma pause a sonné les gars, déclara Charlie en m'apercevant. On continuera plus tard si vous voulez.

Les garçons avec qui il disputait une partie de cartes acquiescèrent et décidèrent de poursuivre le jeu entre eux.

-Bonjour tout le monde ! saluais-je avec entrain le petit groupe qui se trouvait là.

Quelques-uns me répondirent et d'autres m'ignorèrent, enfin bon, la routine quoi.

-Bon courage, me souffla gentiment Charlie en passant près de moi. Il m'adressa ensuite un sourire communicatif que je m'empressais de lui rendre et puis, il me laissa seule.

-Salut Alinda ! Comment ça va ? m'apostropha une voix chaleureuse et gaie, qui me mit directement du baume au cœur.

-Salut Jeremy, je vais bien merci et toi ? questionnais-je en rejoignant le jeune garçon à lunettes, penché sur une table, en pleine écriture.