Chapitre 9

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J'avais oublié à quel point courir en ayant mal était compliqué. En sueur, je force quand-même en serrant les dents et feinte de faire une passe avant de taper le ballon pour qu'il passe entre les jambes d'Anton. Je le dépasse, récupère la balle et accélère sur quelques mètres avant de l'envoyer à Jonas. Il le laisse à Kim et sans difficulté, il marque alors que Ness croise les bras en regardant le ballon retomber contre le filet.

J'entends à peine Kim hurler contre le goal à cause du bourdonnement dans mes oreilles. La douleur remonte jusqu'à mon genou et je me baisse en faisant semblant de refaire mes lacets pour laisser reposer ma cheville. Une semaine est passée et demain a lieu notre premier match des sélections. J'ai la rage de m'être fait mal en me réceptionnant, au début de l'entrainement. Mais personne ne l'a vu alors j'ai fermé ma bouche et j'ai continué. Je ne peux pas déjà être sur le banc de touche, et encore moins laisser ma place à Daren alors que mon jeu avec Kim et Jonas s'est nettement amélioré.

— Enfin fini, clame Lael en se laissant tomber en face de moi. Memphis essaye de nous tuer.

— On doit être prêt pour demain, réplique Jonas quand je m'assois. N'oubliez pas de vous étirer avant de partir. On se voit ce soir.

Je lève la main tandis que Lael le salue. Les gars rejoignent les vestiaires pour se doucher avant d'aller en cours. Ce que j'apprécie avec le mardi, c'est que je n'ai cours que l'après-midi. Et demain, on part tôt le matin pour être à quinze heures au stade des Bears, nos premiers adversaires. Cinq heures de route pour y aller, autant de temps pour revenir et Memphis ne veut pas qu'on dorme sur place.

— Tu vas faire quoi ?

— Dormir, je souffle en me relevant. Ou bosser mes cours, j'ai mille trucs à faire.

Lael ne compatit absolument pas et en rajoute une couche en m'affirmant que je devrais être plus organisé. L'image d'un Charleston penché tous les soirs sur ses cours s'impose à moi. Je suis incapable d'être comme ça. Tout en rejoignant le hall, je m'oblige à marcher normalement alors que la douleur irradie un peu plus. Lael ne remarque rien, évidemment, et je suis soulagé de constater qu'il n'y a déjà plus personne dans les vestiaires. On se sépare pour se doucher puis il part en direction de la bibliothèque tandis que je rejoins le dortoir.

J'entre à peine dans l'appartement que j'arrête de m'appuyer sur mon pied. Je sautille jusqu'au frigo et ouvre le petit congélateur d'où je sors une poche de gel. Je la glisse dans un torchon et m'allonge ensuite dans le canapé, mon sac sur la table-basse avant de retirer mes chaussures. C'est gonflé mais rien d'inquiétant. Le frais sur ma cheville me fait d'abord grimacer mais rapidement, je me détends. Quand la douleur est moins présente, je m'assois au sol en étirant mes jambes, laissant tout de même la poche sur ma peau, et je m'attelle à mes devoirs sans grande conviction.

L'après-midi est déjà un peu plus supportable, assis à écouter des profs balancer un charabia que je ne retiens pas du tout. Mais je n'ai presque plus mal et c'est juste ce qu'il me faut. Omare m'envoie un message pour savoir à quelle heure je finis et je lui rappelle que mon emploi du temps est placardé sous le sien, sur le frigo. Un pouce fait office de réponse et je me replonge dans mon cours.

A vingt heures, je sors enfin du bâtiment et m'assois sur les marches de l'entrée. Je retire ma chaussures, baisse ma chaussette, resserre la bande sur ma cheville puis remets le tout avant de prendre le chemin pour le dortoir. J'évite de m'appuyer dessus mais ce n'est pas évident. Heureusement, il n'y a plus grand monde sur le campus : personne pour me reconnaitre et me demander ce que j'ai.

Depuis que j'ai emménagé chez les sportifs, je n'ai pas repris l'ascenseur. Mais ce soir, je m'appuie contre un mur en tapant sur le numéro de mon étage. En ouvrant la porte de l'appartement, quelques minutes plus tard, je découvre qu'une grosse partie de l'équipe est là. Je réalise qu'il ne manque que Ness, Daren et deux remplaçants. Autant l'absence de l'arc-en-ciel ne m'étonne pas vu qu'il n'est jamais là quand on se retrouve, autant celle des trois autres me fait froncer les sourcils.

RACOONS #1Where stories live. Discover now