28- Course

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Léonard

Javier s'est éclipsé, pour admirer le parc. Dans la nuit, il ne va pas voir grand-chose !

Je suis contre Gaspard, heureux de l'avoir retrouvé. J'ai l'impression d'avoir fait la paix avec toute la colère que j'avais vis-à-vis de de moi et de lui. J'ai enfin tourné la page de la fin de notre histoire et je peux apprécier son amitié forte et chaleureuse. Un peu plus que de l'amitié sans doute, mais plus cet amour torturé qui nous rongeait tous les deux. Lui aussi l'a senti, il m'embrasse sur le front, satisfait.

Javier discute avec mes amis, il subit le baptême du feu, il répond peu, toujours discret, sa nature ne va pas changer en une soirée.

Gaspard a suivi mon regard et le détaille à son tour, je vois ses yeux gourmands qui glissent sur le corps parfait. Je le connais assez pour savoir qu'il songe même vaguement à me le piquer.

Je lui mets un coup de coude.

─ Pas touche, même pas en rêve !

─ Il va courir avec nous demain ? demande Tanguy et Benoit qui nous ont rejoints, heureux de reformer notre quatuor.

J'approuve de la tête, il me semble que Javier est bien meilleur que moi en endurance. J'ai l'impression que quand nous courrons, il se cale à mon rythme. Nous reprenons nos bavardages, toujours sur la même longueur d'onde.

Gaspard me pousse en désignant Javier qui bavarde avec les Minet Minouche, les cousins insupportables de Benoit.

─ Il assure ton petit mec, tu devrais peut-être aller le délivrer non ?

─ Tu as raison.

Je vais le chercher par l'épaule pour le rapprocher de moi. Il s'installe sur le rebord du fauteuil que je partage avec Gaspard, Benoit et Tanguy sont dans le canapé en face. Mes copains n'ont pas encore eu l'occasion de lui parler depuis son arrivée.

─ Tu ne m'en veux pas pour ton licenciement ? demande Benoit.

Javier secoue la tête.

─ Prêt à courir demain ? C'est un marathon quand même ! D'ailleurs je ne vais pas tarder à aller me coucher, s'inquiète Tanguy ça va être dur !

─ Il ne faut pas y penser, répond Gaspard.

Ça a toujours été sa stratégie : foncer, je le reconnais bien là.

Ils cuisinent un peu mon "J", qui ne se livre pas beaucoup. Je le découvre plutôt froid d'ailleurs. Si nous étions dans une partie de poker, il serait impossible de savoir ce qu'il pense.

Plus tard, nous montons avec Javier, je me demande pourquoi je ne l'ai pas invité plus tôt, il est à sa place ici, sa discrétion, son intelligence ont été remarquées.

Je n'ai pas le courage pour un câlin, il est déjà tard et pas le temps de parler, bien que je trouve Javier étonnamment mutique.

Le lendemain, je le réveille difficilement. Nous montons tous les deux dans l'énorme range rover de Gaspard, moi à l'avant pour discuter et Javier s'écroule derrière pour dormir.

Gaspard le regarde dans le rétroviseur amusé. Dans l'autre voiture, Benoit, Tanguy et les Minet Minouche. Eux ne feront pas la course, ils viennent nous encourager et manger des huitres.

Javier se réveille à peine quand nous arrivons au départ.

─ Je parie qu'il nous fait un petit cinq kilomètres, se moque Gaspard.

Je ne compte pas parier sur les capacités de mon mec.

Javier est plus silencieux qu'en temps normal, quelque chose l'embête, je le regarde dans le rétroviseur, un doute me vient, j'espère qu'il n'est pas jaloux de Gaspard.

Nous nous mettons dans la foule des participants sur la ligne de départ. Gaspard et Benoit grandes gueules comme toujours, Tanguy et moi plus concentrés et dans la préparation, Javier ressemble à un touriste perdu qui regarde le paysage.

Benoit part toujours trop vite comme d'habitude, il n'arrive jamais à terminer ses courses, mais cela ne l'empêche pas de recommencer, il est acharné. Javier le suit et moi aussi. Nous allons plus vite que pendant nos entraînements, nous risquons de nous essouffler.

J'admire les joues de Javier qui rosissent déjà, son torse qui se soulève, mais à cette vitesse j'ai du mal à tenir j'ai besoin de ralentir tout comme Gaspard. Je note mentalement que les cinq kilomètres sont passés sans abandon, tout comme les dix, Je suis fier de mon mec. Nous arrivons à une montée fatale puisque nous arrivons à mi-course. Beaucoup vont s'arrêter là en ayant fait un semi. Je repère au loin Javier qui a un rythme extraordinaire. Je mate son cul.

Benoit s'arrête d'ailleurs tandis que lui continue. Au final, il a fait le marathon en moins de quatre heures, Gaspard, Tanguy et moi arrivons une demi-heure plus tard.

Je fonce sur lui et l'embrasse fier de lui, pour m'écrouler dans ses bras. Il n'a même pas l'air fatigué.

Nous avons loué un gite au bord de mer pour nous remettre de nos émotions et y dormir cette nuit. Nous allons nous doucher, bavarder. Ceux qui ont abandonné ou qui n'ont pas couru sont en pleine forme, dont Javier. Gaspard, Tanguy et moi, sommes des zombies.

Minet et Minouche vont faire du kite et Javier les a accompagnés. Les autres, nous allons dormir sur des transats sur une plage privée. Je somnole sous mon parasol admirant le soleil profitant des bienfaits des endomorphines libérées par l'effort physique.

─ Il est assez incroyable ton mec, s'exclame Tanguy ébahi.

─ Il est où ? je marmonne tandis que Gaspard ronfle à côté de moi.

Il me désigne une planche de kite noire et blanche qui vole dans les airs.

─ Il ne m'a jamais dit qu'il savait faire du kite.

Je l'admire, exécuter des sauts, me demandant comment il peut avoir le courage de bouger après la course de ce matin.

Nous admirons silencieusement la voile.

Plus tard. Javier a arrêté, il s'est douché et nous a rejoints et Gaspard émerge de son somme. Nous allons manger au restaurant et rentrons épuisé sur la terrasse du gite, nous avons trop bu.

Gaspard enlace Javier qui ne le repousse pas.

─ Tu vas l'emmener à la fête de l'école, continue Gaspard qui lèche sa joue devant moi.

Je vois rouge et le repousse aussitôt.

Benoit et Tanguy ont du mal à nous séparer alors que Javier me fixe surpris.

─ Tu nous fais quoi là ? se fâche t'il.

─ Tu n'arrêtes pas de te trémousser dans ses bras !

Je fais une crise de jalousie à Javier qui me regarde, énervé. Je l'enlace, mal à l'aise devant son regard sévère. Il grogne d'exaspération avant de me repousser, agacé.

─ Et toi tu y es depuis hier soir !

Je remarque seulement l'inquiétude et le chagrin dans ses yeux.

Quel con je suis ! S'il m'avait fait une crise de jalousie, j'aurai rectifié le tir plus tôt.

Je repasse mes actions dans ma tête et en effet, je crains de ne pas avoir été cool du tout.

Javier reste silencieux à côté de moi et je le serre dans mes bras, décidé à me faire pardonner.

─ Il n'y a que moi qui peux te lécher !

─ Si tu ne lèches, personne d'autre !

Il éclate de rire, amusé par ma moue. Gaspard est déjà revenu se mettre entre nous deux et nous enlace.

─ Vous êtes trop mignons les amoureux.

Il nous embrasse chacun sur une joue. On ne le changera pas lui.

J & L [M*M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant