Les lettres perdues

J'accuse

J'accuse le temps de passer et d'emporter avec lui les désirs oubliés

J'accuse la vieillesse de frapper et d'emporter avec elle les souvenirs volés

J'accuse l'enfance d'assassiner les rires dans la cour de récré

J'accuse le passé de ne pas réparer ce qui a été cassé

J'accuse les regrets de nous plonger dans la culpabilité

J'accuse les rêves de ne pas vouloir se réaliser

J'accuse l'ivresse de toucher les cœurs les plus fragilisés

J'accuse mon cœur d'homicide volontaire et toutes les erreurs qu'il m'a fait faire

J'accuse les saisons d'accélérer et les hommes qui les ont bousculé

J'accuse la tendresse de se faire rare et de ne jamais croiser son regard

J'accuse le sommeil de fuir et les remords de se nourrir

J'accuse l'anxiété de faire partie de mon quotidien et de ne jamais faire le bien

J'accuse les larmes d'avoir coulés et d'avoir séchés sans l'aide de quelqu'un

J'accuse les hommes de ne jamais se tenir la main

J'accuse les erreurs de ne jamais penser au lendemain

J'accuse les malheurs de tomber sur ceux qui n'en avaient pas besoin

J'accuse la poésie de s'être laissé mise de côté alors qu'elle s'est exprimée durant une éternité

J'accuse la passion de ne pas brûler et l'amour de ne pas se protéger

J'accuse les humains de ne pas faire preuve d'humanité et de vouloir sans cesse se rabaisser

De ne pas savoir aider autrui et de ne pas profiter comme il se doit de la vie

J'accuse les désirs inavoués à cause de stupides clichés imposés par cette société

J'accuse ces injustices masquées par les États, et les dirigeants de les laisser comme ça

J'accuse ceux qui nous interdissent d'être heureux et je vous invite à les emmerder ces envieux

J'accuse ceux qui ignorent les plus démunis, les chiffres vous importent peu quand ils sont petits

J'accuse la sagesse de ne pas habiter tout les esprits car beaucoup en ont besoin ces temps ci

J'accuse ceux qui rejettent la différence

J'accuse ce monde misérable et je place mes cartes sur la table.

Romane