Chapitre 19

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Ce manège dura plus d'une semaine complète. En vérité, il dura jusqu'à ce que les elfes de Vertbois-le-Grand ne retourne dans leur pays.
Au moment du départ, il avait été décidé que, tout comme à l'aller, les marcheurs seraient montés dans les chariots et donc, deux d'entre eux ne tenait pas. Ainsi, à la grande surprise de la jeune élémentaire, elle fut appelée au près du roi qui la fit monter sur sa monture et le cortège partit. Ils restèrent silencieux les deux premiers jours. L'une ne sachant pas comment briser l'océan de glace qui les séparait et l'autre toujours remonté contre elle pour ne pas lui avoir avouer ce « léger » détail avant. Ainsi, il ne se serait peut-être pas autant attaché à elle, il ne l'aurait pas embrassée... Cependant il n'allait pas passer le voyage sans se parler alors, quelques heures après le départ du troisième jour, il finit par rompre ce silence pesant :

- Vous ne portez pas d'alliance ! s'exclama-t-il froidement.

- Bien-sûr que non ! finit-elle par répondre après avoir fixé ses doigts durant une longue minute.

- Pourquoi cela devrait-il être quelque chose d'évident ?

- Vous n'avez toujours pas compris alors ?

- Qu'y a-t-il à comprendre ! dit-il d'une voix dure.

Elle resta silencieuse mais il reprit :

- Il est hors de question que je vous laisse retomber dans ce mutisme ! J'ai déjà donné et ce que j'ai gagné ne met pas favorable. Alors vous allez m'expliquer maintenant.

- Vous voulez vraiment entendre l'histoire entière.

- Depuis le commencement ! répliqua-t-il.

- Ne peut-on pas attendre qu'il y ait moins de monde ?

- Cela change quoi ?

Elle soupira et ferma les yeux, se préparant psychologiquement à la remonter de tous ces souvenirs.

- Je vous ai déjà dit que mon peuple avait été forcé de vivre en exil.

- Puis-je savoir quel est le rapport avec votre mariage ?

- Attendez donc cinq minutes, j'y viens.

- Veuillez me parler autrement.

- Excusez-moi.

- Donc, venez-en au fait.

- Nous vivons donc la plupart du temps en famille et loin des autres. Rencontrer des autres élémentaires en dehors des membres de notre entourage.

- Et donc !

- Mes parents ont conclu un accord avec des amis qu'ils connaissaient d'avant la « Grande Purge ». Je n'avais même pas atteint ma maturité que ce soit sexuellement ou au niveau de la taille. Du jour au lendemain je suis retrouvée mariée à une personne que je ne connaissais pas le moins du monde. L'accord disait que je serais pleinement à lui une fois mes cent ans passés. Alors, le lendemain de mon anniversaire on m'a menée devant l'hôtel contrainte et forcée.

- Vous n'auriez pas pu vous débattre ou vous enfuir avant ?

- A quoi bon me débattre ils m'y auraient trainée de force, bâillonnée et attachée, s'il le fallait et je n'avais jamais entendu parler de cet accord avant.

- Qu'est ce que j'aurais pu deviner dans cette histoire ?

- C'est pourtant simple.

- Vous me pardonnerez mais je ne vois pas.

- Je n'ai pas un tempérament à me laisser faire mais je n'étais pas de taille à l'affronter dans un duel. Les premiers mois ont été calme, il ne me touchait pas, ne me forçait rien. Mais sa patience ne dura pas très longtemps et son côté cruel a fini par ressortir. Il a commencé par devenir violent, il aimait tellement me voir à genoux, couverte de bleus et de sang, il se délectait de la souffrance qu'il pouvait infliger à autrui, cela lui donnait l'impression d'avoir du pouvoir sur tout et tout le monde. Et j'était sa première victime, celle qu'il adorait tourmenter du matin au soir. Ma petite sœur est venue me voir un jour. Elle m'a retrouvée couverte de sang, le nez brisé et lui au-dessus de moi, s'apprêtant à m'assener un nouveau coup. Elle a voulu s'interposer, mais que pouvait-elle faire face à ce monstre. Elle s'est retrouvée au sol, assommée. Il l'a ensuite fait chanter : si elle racontait quoique soit à quelqu'un, il me tuerait en première avant de l'égorger dans son sommeil. Et puis, quand la violence physique est devenue insuffisante pour combler ses pulsions, il a voulu passer aux violences sexuelles. Il n'avait encore jamais posé la main sur moi, préférant aller culbuter les catins du village voisin. Je me suis débattue et, n'arrivant pas à avoir ce qu'il voulait, il s'est mi dans une colère noire, a attrapé une lame et m'a tailladée le bas du ventre. Bien-sûr après cet incident, il n'a pas pu lever la main le temps que je guérisse. Je suis partie un peu avant, alors qu'il était parti se faire plaisir au village. Il n'a remarqué ma disparition que le lendemain.

ImmortelsWhere stories live. Discover now