[ 27 ] Plongée, omniscience et bibliothèque

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[ Île des Az'Driss, Triangle des Bermudes,
06 Mai 20**,
09H06]

[ Taima ]

Pour me changer les idées après le semi-fiasco d'hier qui m'a envoyé le moral au fond des chaussettes, Azaz m'emmène sur le rivage nacré de son île.

Il me donne un appareil respiratoire qui ne couvre que le visage. Puisqu'il est capable de garder sa respiration pendant une vingtaine de minutes, il plonge naturellement sous la surface brillante de l'océan, vers les récifs qui protègent l'île dont il est le chef. Sous l'eau cristalline, réchauffée par le soleil, s'étalent des coraux éclatants et des algues plus animales que végétales.

Je bats des jambes et attrape quelques rochers grouillants de vie pour avancer sous l'eau. Les algues ondoyantes accueillent des poissons et autres créatures aquatiques, aussi intrigantes que chatoyantes avec leurs allures préhistoriques et leurs écailles brillantes, ichtyennes ou reptiliennes.

Je sais bien nager, mais l'eau n'est pas mon élément pour autant, contrairement à Azaz. Lui, ondule habilement en apesanteur grâce à sa queue et ses pieds palmés. Il attrape ma main et m'aide à nager plus rapidement et confortablement, m'accompagne calmement pour que j'observe au mieux cet écosystème extraterrestre.

Une silhouette aérodynamique, bleu pâle, nous fonce dessus. Une vague de bulles fuse de mon masque à oxygène. Je ferme les yeux et croise les bras devant moi, contractant mes muscles en attendant l'impact.

Mais rien ne vient. À la place, de petites pattes griffues touchent mon bras. Ce n'est que Zidrunn ! Azaz me tourne vers lui. Je vois dans son regard qu'il se moque de moi et de la frayeur que je me suis faite toute seule. Je lui donne une tape à l'épaule. Même si l'impact de mes mouvements est atténué par l'eau, c'est le geste qui compte. Il est clair qu'Azaz rit à gorge déployée, mais c'est bizarre sous l'eau.

On reprend notre balade sous-marine. Zidrunn nous accompagne, nageant autour de nous ; du moins, pendant un temps, puisqu'il nous délaisse rapidement pour rejoindre des amis à lui. La fraîcheur de l'eau et l'activité physique me font du bien, me vident l'esprit.

Après notre baignade, nous montons dans l'une des pirogues de bois. Décorées de sculptures, d'incrustations de nacre et de peintures, elles sont superbement manufacturées, chacune étant unique. De prime abord, je croyais qu'il y avait des disparités entre les villageois : d'une part, ceux qui possédaient la technologie et qui l'utilisaient tous les jours pour s'aider ; de l'autre, ceux qui devaient travailler durement, à l'ancienne. Je me suis totalement trompée. La réalité est que les Az'Driss vivent essentiellement de la pêche. Seulement, ils travaillent de façon traditionnelle afin de ne pas épuiser les ressources qui leur permettent de se sustenter.

Mais ils ne récoltent pas seulement des poissons et des algues dans leurs filets ou au bout de leurs longs hameçons incurvés. Ils plongent aussi à la recherche de perl'ergies. Ce sont des concrétions nacrées conçues par les vikrinn, tels que Zidrunn, afin de trouver un partenaire pour la vie. Avec le recul, j'ai compris que cette espèce de grosse perle opalescente que je l'ai vu fabriquer et qu'il m'a donnée est une de ces perl'ergies. Sauf que pour moi, c'est une preuve d'affection, d'amitié. Azaz m'a dit qu'il me laissera la garder car c'est Zidrunn qui me l'a offerte. Si ç'avait été quelqu'un d'autre, il aurait été obligé de confisquer la perle, sans plus de cérémonie. Mais à moi, il fait confiance. Ces petites choses sont la source de l'énergie utilisée par les Ases. Une seule perl'ergie contient l'équivalent d'une centrale nucléaire, voire plus. Les Az'Driss sont les gardiens de cette ressource.


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TRINITY - Tome 3 : Rencontre du troisième typeWhere stories live. Discover now