Si je n'étais pas l'un d'eux, je pourrais sans-doute apprécier ce trait de caractère. Plus je passe de temps avec elle mieux je parviens à la comprendre. Je commence à assembler les pièces du puzzle et j'apprécie ce que j'y découvre.

Il reste quand même une tâche sombre sur le tableau qu'il me reste à élucider : pourquoi diable a-t-elle voulu qu'on passe du temps ensemble après cette soirée débile ? Personne n'aurait fait ça en temps normal.

À moins que... Je ne lui ai quand même pas plu à ce point-là, si ? Je n'imagine pas du tout la fille que je découvre ramper à terre après un mec comme ça. Elle a trop de caractère pour se comporter comme une Jessica.

On sort du taxi et nous entrons dans Central Park en nous installant sur une couverture qu'elle a apportée, un peu plus loin.

C'est étrange, mais j'ai l'impression de trahir Tracy en donnant à manger aux écureuils avec une autre fille. Mais on ne s'est rien promis et on a juste donné quelques bouts de donuts à des écureuils.

Et puis discuter avec September est relaxant.

J'ai l'impression de pouvoir juste dire des trucs comme ça, sans devoir réfléchir à mes paroles. Simplement rigoler à tout va et ne pas être jugé, la sensation qu'une nouvelle bouffée d'oxygène envahit mes poumons.

Je ne sais pas exactement à quoi c'est dû. Peut-être au fait qu'on ait commencé à se parler en se détestant. Je pouvais être aussi désagréable que je le voulais avec elle sans que ça ait la moindre conséquence sur notre relation puisqu'elle était basée sur ça.

Alors même si à présent je l'apprécie, c'est resté comme ça. Tous les deux, on a pas besoin de faire semblant. Je pourrais lui confier des choses sur mon enfance sans avoir peur.

Quand les paquets de graines sont vides, le soleil de fin de journée est bas dans le ciel et cela fait briller les cheveux blés de September.

Elle regarde le parc droit devant elle de ses grands yeux bruns, curieuse. Sans faire attention à la signification de ce geste, mon regard descend le long de son visage jusqu'à ses lèvres pulpeuses.

Leur couleur légèrement rosée est vraiment attirante. Je ferme les yeux, me tournant à mon tour du côté du parc. J'observe un pigeon qui s'envole vers le ciel, silencieux.

On s'allonge sur la couverture, pointant du doigt les traces blanches délaissées par les avions dans le ciel. L'envie me prend soudain de raconter des petits détails marrants sur mon enfance.

Par exemple la fois où, à l'âge de huit ans, je suis resté coincé dans mes toilettes pendant cinq heures car la porte était restée bloquée. Ma mère avait dû se débrouiller pour dénicher un serrurier en urgence en rentrant du travail, tard ce soir-là.

September me raconte ensuite à son tour que lorsqu'elle était bébé, sa mère avait eu le malheur de laisser traîner son rouge à lèvre sur la table à manger. Enfant, elle s'était empressée de croquer dedans à pleines dents.

D'après elle, même si je pense qu'elle exagère, ses dents étaient restés rouges pétant pendant trois jours après l'incident.

Sa classe avait dû s'imaginer que September est un vampire et que le rouge sur ses dents était le sang de sa dernière victime. Je l'imagine d'ailleurs très bien le raconter elle-même à ses amis pour paraître impressionnante.

Je ne sais pas exactement combien de temps a passé lorsqu'on se relève, remballant nos affaires et nous dirigeant vers la route pour appeler un taxi.

La petite conne superficielle que j'ai rencontrée il y a quelques semaines n'était peut-être qu'une couverture craquelant petit à petit et révélant une toute nouvelle September. Et j'aime beaucoup cette fille-là.

Cette fois-ci, le taxi-man ne cherche pas le contact et il fait coulisser la vitre entre lui et nous de façon à ce qu'on puisse discuter sans qu'il entende toute notre conversation.

Le paysage défile sous nos yeux et on regarde les gens qui passent, marchant d'un pas décidé, leurs sacs serrés contre eux afin d'éviter de se faire voler leurs porte-monnaie ou leurs téléphones dans la foule.

September pointe des gens du doigt, inventant plein de trucs sur eux et leur vie selon leur démarche et leur façon de s'habiller. J'éclate de rire à plusieurs reprises lorsqu'elle déblatère au sujet de la vie sexuelle tumultueuse d'un quadragénaire au crâne tout rose.

Le taxi nous emmène jusqu'au campus et lorsque je sors un billet pour payer la course, September s'exclame :

  -Hé là, stop ! Laissons mes parents payer ça, ils ont déjà bien assez d'argent comme ça. Et puis sans moi, tu aurais pris le métro, alors range ce billet Watsy.

Je m'exécute en râlant et elle rit. Son rire est communicatif et un sourire en coin se dessine sur le coin de mes lèvres.

Très bien Madame, vous avez gagné sur ce coup-là.

Je sors du taxi et il démarre au même instant. Le conducteur doit être pressé. September se tourne vers la vitre arrière pour me dire au revoir et je lui fais un signe de la main.

Nos regards sont plongés l'un dans l'autre et ils ne se lâchent plus. J'ai l'impression d'y lire des tas de choses. Je voudrais essayer de détourner les yeux mais je suis coincé comme ça.

Mon téléphone se met soudain à sonner et je saute sur l'occasion pour répondre, sans prendre seulement la peine de regarder qui est venu troubler cet instant :

  -Allô ?

-Oui mon chéri, c'est maman.


Coucouu !
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La relation Jayme-Septy se développe éhéé 👀
Asemy🌼

P.S : wtf c'est marqué "Meta" maintenant quand on ouvre insta, ça me trouble 😭😂

IN MY NYC APARTMENT (En pause)Where stories live. Discover now