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Le problème qui se présentait à eux était celui de la possible présence d'un autre groupe qui allait surement se montrer rétif à leur arrivé sur leur territoire. Le genre humain avait toujours été particulier, tantôt bon, tantôt mauvais. Bien que plus mauvais que bon, il avait démontré sa capacité à se montrer solidaire et bienveillant lorsqu'une menace externe survenait. C'était ce qui s'était passé dans Independence Day ou autres films du genre. Ici, cependant, les héros avaient indéniablement déserté le combat, la queue entre les jambes. Au début, Emile avait pensé que tous les sains allaient se serrer les coudes, réorganisant rapidement le gouvernement et le système afin de reprendre une vie « normale ». Naïveté et optimisme saugrenus. Il n'avait pas pris en compte l'instinct de survie et la nature profondément mauvaise des êtres humains qui étaient visiblement capable de tout pour survivre. Tuer était devenu monnaie courante, voler, notamment de l'eau et de la nourriture, une seconde nature. Cependant, contre toute attente, ce chaos n'avait pas étouffé l'instinct grégaire qui poussait les Hommes à vivre en groupe. C'est bien connu, nous avons toujours été plus fort en groupe que seul. Ici encore, l'instinct de survie était la raison principale de la plupart des collaborations. Emile était sûr que c'était la seule raison pour laquelle Mira les supportait, même si l'une des raisons pour laquelle ils étaient encore en vie, Nolan et lui, était le talent incontestable qu'elle avait pour tuer des gens.
- On passe par où ? Demanda Nolan, l'air fatigué et ennuyé.
- La ville doit être occupée, nous devrions nous contenter de rester en périphérie.
- J'ai vu quelques maisons isolées à l'ouest d'ici, commençons par là. Proposa la jeune femme en comptant ses munitions avec soin. Mira était celle en charge des armes à feu, puisqu'elle était la seule à les maîtriser à la perfection. Émile ne l'avait jamais vu manquer sa cible. Elle possédait un Glock 19 et un pistolet-mitrailleur qu'elle avait « juste emprunté » à un militaire suffisamment stupide pour baisser sa garde face à une belle femme. Emile, lui, possédait trois couteaux de lancer, un poignard attaché à sa cuisse et un couteau pliant de poche que Mira avait également « emprunté » pour lui à ce même militaire. Nolan, quant à lui, avait l'interdiction formelle d'utiliser le moindre instrument mortel. Son incapacité à s'en servir et à faire le moindre mal à autrui le disqualifiait automatiquement. Le plus jeune se contentait donc de garder les sacs pendant qu'Emile et Mira sécurisaient les lieux et à les soigner quand ils revenaient blessés. Sa formation d'infirmier avait été d'une utilité certaine, lui permettant de ne pas être laissé sur le bord du trottoir.
Mira passa devant Emile, le corps légèrement en oblique et face à la cible, son arme maintenue à deux mains au bout de ses bras allongés. Elle avançait à pas mesurés, prête à réagir face à toute menace. Ils vérifièrent que la maison de campagne isolée soit vide avant d'aller chercher Nolan et le peu d'affaires qu'ils possédaient.
- Rien à signaler ? La maison a déjà été dépouillée ou il reste quelques trucs ? Dis-moi qu'il y a quelque chose à manger ! Une douche ne serait pas de refus non plus.
- Nolan, s'il te plait, ferme là. 
- Est-ce que Mira est en colère de ne pas avoir pu tirer sur quelque chose ? Questionna le plus jeune avec anxiété, se cachant inconsciemment derrière Emile. Le regard noir teinté d'une touche d'appréhension de celui-ci répondit à sa question. Il fallait faire profil bas et éviter d'énerver la jeune femme. Personne ne voulait se transformer en cible quand son doigt la démangeait d'appuyer sur la gâchette.
La maison avait de toute évidence abrité un couple de personnes assez âgées compte tenu des photos et de la décoration vieillotte qui avait dû, un jour, dans une autre époque, être tendance. Ils purent tout de même trouver quelques vêtements qui pourraient être utile dans les mois à venir, lorsque les températures baisseraient. Même si le vieux monsieur était fan de slips discutables, Nolan dénicha deux boxers qu'ils pourraient mettre une fois leur douche prise. Une chance pour eux que ce couple ait installé un container dans le jardin pour récupérer l'eau de pluie. Ils auront suffisamment d'eau pour eux trois. Cela faisait bien trop longtemps qu'ils n'avaient pas pu se laver convenablement, Emile ne pouvait même pas se souvenir de la dernière fois qu'il avait pris une vraie douche avec du savon. Le déodorant que Nolan avait piqué à un gars de leur groupe précédent avait été une bénédiction.
Mira empila sur la table toute la nourriture comestible qu'elle trouva, ce qui se résumait à quelques petites boites de conserves, quatre barres au son d'avoine et deux cannettes de soda. S'ils faisaient attention, cette nourriture serait suffisante pour une semaine. Avec un peu de chance, ils pourront dénicher un peu plus de nourriture dans la deuxième maison qu'ils avaient repéré à un ou deux kilomètres de là. Ils décidèrent d'un commun accord de s'y rendre le lendemain matin, trop épuisés par leur long périple. La recherche perpétuelle de nourriture représentait un réel problème. Un satané problème sans solutions apparentes. Les supermarchés et les fast-foods étaient sans aucun doute ce qui lui manquait le plus. Le Colonel Sanders du Kentucky n'était plus qu'un lointain souvenir, sa madeleine de Proust d'un passé facile et complaisant. O

Casus belli, cas de guerreWhere stories live. Discover now