À La Recherche De La Princesse Perdue

Mieux sans moi

Après la déclaration plus que choquante du jeune prince, un silence pesant planait dans le bureau. Les prunelles turquoise de Luna (qui avaient repris leur couleur pendant le trajet), passait rapidement du prince à sa sœur, sans jamais rester fixer sur l'un ou l'autre. Elle tentait d'assimiler l'information. Le soupir de Nat rompit l'ambiance.

- Et bien sûr, je ne peux pas dire non.

- Elle se doutait que tu allais chercher un moyen de refuser alors elle a dit que dans trois semaine, il y aura tout un bataillon de gardes qui attendrait à la frontière du désert, avec tout ce qu'il faut pour s'assurer qu'il n'arriverait rien à tes protéger et que le palais sera prêts à les accueillir. Et donc, pour te convaincre, elle a ajouté qu'elle serait prête à te pardonner si tu revenais et même à te laisser épouser la personne de ton choix.

- Comme si j'avais besoin de sa bénédiction pour épouser la femme de ma vie.

- La femme? J'ignorais que tu étais lesbienne, Nat.

- Maintenant tu le sais, je te raccompagne à ta chambre, Luna?

- S'il te plaît.

Lui souriant avec douceur, Nat lui prit la main et l'accompagna devant la porte de la chambre d'Elerinna. Luna était sur le point de déverrouiller la porte quand elle changea d'avis. Elle se retourna brusquement et serra Nathalya dans ses bras. La princesse lui rendit aussitôt son étreinte.

- Tout va bien, Luna ?

La jeune fille cacha son visage contre l'épaule de l'enseignante, elle fit oui de la tête avant de finalement lâcher la femme.

- C'était pour quoi ça?

- J'avais envie, c'est tout.

- D'accord. Je te laisse, El ne devrait pas tarder. À ce soir.

Luna ouvrit la porte et la referma avec un dernier sourire pour Nat, aussitôt la porte fermée, son sourire s'effaça et les larmes lui montèrent aux yeux. Elle se glissa dans le grand lit, attrapa un oreiller, y enfoui son visage et hurla. Elle était épuisée d'avoir du poser un faux sourire sur ses lèvres toute la journée durant, faire semblant d'aller bien. Rapidement, elle perdit son souffle. Comme si ses poumons se retractaient et ne parvenaient plus capter l'air. Ses mains tremblantes éloignèrent l'oreiller. Elle croisa les bras devant sa poitrine et se mis à gratter frénétiquement sa peau, qui rapidement devint rouge. Elle crut que son cœur allait sortir de sa poitrine tant il battait vite, mais ironiquement, Luna avait l'impression qu'il ne battait plus, comme s'il se broyait entre ses côtes. Il y avait comme un bruit sourd, elle n'entendait plus rien, rien d'autre que cette horrible voix dans son crâne qui lui disais, encore et encore, qu'elle ne valait rien, que tout le monde irait bien mieux sans elle.

Estrella se rua sur elle et lécha ses larmes, essayant vainement de calmer sa maitresse. Elle glissa son museau contre la joue de Luna. En vain. La friction frénétique de ses ongles contre sa peau s'accentua, elle ne savait que faire de ses mains et enfin, la peau céda, ce fut une cascade de rouge carmin qui coulait le long de ses bras, pour échoir sur les draps blancs. La louve, paniquée, contacta Alcyone, qu'elle prévienne Kali que sa sœur avait besoin d'elle, mais selon la panthère, la vampirette était dans le même état.

Luna posa ses mains sur ses yeux, comme s'il y avait soudainement trop de lumière dans la chambre, son visage dut donc couvert de sang, elle se gratta les yeux, sans pour autant cesser de pleurer. Ses mains furent ensuite posée sur ses oreilles. Elle n'entendit ainsi pas la porte s'ouvrir. Ni l'exclamation de surprise et d'effroi de sa colocataire. La reine courut dans le couloir, à la recherche de la phénix, les deux femmes entrèrent paniquée dans la chambre. Un bras se glissa dans le dos de la jeune fille, un autre sous ses genoux, elle fut transportée dans une autre chambre. Luna fut posée dans un lit moelleux. La jeune elfe sentit ensuite une main froide se poser sur son bras. En douceur, la phénix décolla ses mains de ses oreilles. La femme, en silence, désinfecta les deux bras pâles, elle allait lancer un sort de guérison mais fut interrompue par la fille qui faisait non de la tête. Elle les banda donc, ceci fait, elle prit la jeune fille contre son cœur.