XIX - Épilogue

415 35 26
                                    



Marinette passa les jours suivants à remâcher ce qu'elle avait appris. Elle alternait les moments où elle avait du mal à se convaincre de la réalité de la scène racontée par son partenaire et d'autres où elle trouvait Gabriel Agreste monstrueux et brûlait de colère contre lui. Elle réalisait que la situation familiale d'Adrien était encore pire qu'elle le pensait. Parfois, elle se demandait comment il pouvait aimer encore son père. Mais, à d'autres moments, elle le comprenait et se sentait le cœur brisé en songeant comment la loyauté indéfectible qu'il éprouvait pour l'unique membre de sa famille avait été mise à mal et avait dû le blesser.

Chat Noir l'avait souvent agacée par son insupportable manie de plaisanter dans les moments les plus incongrus. Il lui donnait l'impression de ne pas prendre la situation au sérieux et de la laisser seule face à l'écrasante responsabilité de trouver une solution. Elle avait désormais une analyse totalement différente. Elle admirait la capacité de son compagnon à se réfugier dans l'humour et la dérision pour supporter les situations douloureuses et stressantes. Ce n'était pas de la légèreté. C'était au contraire une force extraordinaire, la preuve de son courage et de sa solidité. Vivant intimement avec lui, elle avait repéré sa fragilité affective. Elle était désormais consciente de son incroyable résilience.

Pendant le temps qu'elle se donna pour réfléchir, Adrien fit de son mieux pour ne pas lui mettre la pression. Elle sentait bien, cependant qu'il était dans l'attente. Elle revint sur le sujet une semaine après les révélations, pour ne pas le laisser trop longtemps sur les charbons ardents. Elle aborda la question après le dîner, en venant rejoindre son compagnon sur le canapé. Quand il vit son expression, il lâcha les cours qu'il relisait et lui accorda toute son attention. Marinette commença :

— J'ai écouté ce que tu m'as dit l'autre jour et les souhaits que tu as formulés. C'est une situation horriblement compliquée et je n'ai pas de réponse simple, comme tu t'en doutes peut-être.

Adrien hocha la tête pour montrer qu'il comprenait.

— Je ne sais pas comment j'ai géré cette situation à l'époque, continua-t-elle. Je pense que le fait que ton père soit le Papillon est moins important pour moi aujourd'hui que cela ne l'a été quand nous avons mis fin à tout ça. J'ai oublié une grande partie du temps où j'ai dû combattre contre lui, ainsi que le moment terrible où nous avons compris qui il était. Cela fait onze mois que tu m'as appris que nous l'avions vaincu... Ce n'est plus vraiment un sujet d'actualité, en ce qui me concerne. Je pense comprendre le choix que nous avons fait à l'époque de le laisser en paix. Je l'approuve. Mais il est certain que cela change l'image que j'ai de ton père.

— C'est évident, ponctua Adrien.

— Je dois dire que ce qui m'a le plus choquée, dans ton récit, c'est qu'il t'a envoyé un akuma. Faire ça à son propre fils, j'avoue que ça me dépasse. Quand on ajoute qu'il t'a contraint à tuer symboliquement ta mère, j'ai vraiment du mal. Et puis, savoir qu'il arrivait à trouver du temps pour martyriser Paris, alors que toi tu attendais qu'il te consacre quelques instants, me met très en colère.

— Marinette... commença Adrien dont les yeux commençaient à refléter la panique.

— Je sais, je sais, le rassura Marinette en posant la main sur son bras. Je comprends que c'est le seul père que tu aies, ta seule famille. Et que tu ne peux pas le renier ni te tourner vers quelqu'un d'autre. Je ne veux pas te blesser en rejetant ton père, alors que tu en as besoin. Je peux faire l'effort de passer là-dessus aussi, pour toi.

— Merci, souffla Adrien, manifestement soulagé.

— Par contre, conclut Marinette, s'il te maltraite encore moralement ou s'il a une mauvaise influence sur nos enfants, je peux t'assurer qu'il me trouvera sur son chemin !

Aussi loin qu'il m'en souvienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant