VIII - Donner sa version

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La semaine suivante, Marinette fut affectée à une couturière chevronnée, une femme d'une cinquantaine d'années. Celle-ci était une passionnée, qui ne demandait pas mieux d'expliquer toutes ses astuces à Marinette, qui avait l'impression cette fois de découvrir de nouvelles techniques.

— Ça fait du bien aussi de me dire que j'apprends de nouvelles choses, que je ne suis pas seulement à pédaler pour rattraper mon retard, expliqua Marinette à Adrien le soir.

Elle tentait toujours de reproduire chez elle ce qu'elle avait appris dans la journée, et Adrien avait bien du mal à la convaincre d'aller au lit.

Le samedi, après leur séance de courses, travaux ménagers et cuisine, Adrien proposa :

— Si tu es d'accord, aujourd'hui, j'ai envie de te montrer les cadeaux que tu m'as faits au cours des années, de t'expliquer les circonstances et de te raconter pourquoi c'est important pour moi.

— Les copines m'ont parlé d'un paquet de chewing-gums et d'un parapluie.

— Pour notre anniversaire de rencontre, sourit Adrien.

— Et là, j'avais la référence, dit Marinette avec satisfaction. Pour la semaine d'escalade aussi, même si, elles, ne l'avaient pas.

— Quand on a échangé nos cadeaux, c'était très émouvant, précisa-t-il en la regardant avec douceur. On a ressenti à quel point on était complices. Et tu vois, ce qui me rassure, c'est de me dire qu'aujourd'hui, on s'offrirait les mêmes choses.

— C'est vrai, reconnut-elle attendrie. Et quand on a fait la semaine d'escalade, t'es-tu retrouvé ficelé la tête en bas, comme pour notre première rencontre en superhéros ?

— Nous n'avons pas été nostalgiques à ce point. Il faudra qu'on le refasse, tu vas adorer.

— Pourquoi pas ? s'écria-t-elle ravie de pouvoir faire des plans pour le futur avec Adrien. Et qu'est-ce que je t'ai offert d'autre ?

— Pas mal de vêtements, tu t'en doutes. Tu me vois les porter, d'ailleurs.

— Oui, c'est vrai.

— Mais mon préféré, c'est ce chapeau.

Il lui montra un bob informe, qu'il vissa sur sa tête. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'était pas seyant.

— J'étais ivre, endormie ou j'avais 40 de fièvre, quand j'ai conçu ça ? demanda-t-elle d'une voix horrifiée.

— Tu étais en pleine possession de tes moyens et très fière de toi.

— J'avais quatre ans, alors !

— Non, c'est plus récent que ça. Quand j'ai annoncé que je prenais ma retraite de mannequin, cela a fait un certain remous parmi mes fans. J'ai commencé à avoir des paparazzi qui me suivaient pour tenter d'en savoir plus sur moi et les raisons de mon retrait – visiblement, que ce soit pour faire des études ne faisait pas assez vendre. Du coup, tu m'as conçu toute une tenue de camouflage. Il y a un T-shirt infâme et une espèce de bermuda difforme qui complètent la tenue. Quand j'avais une barbe de trois jours, on me donnait l'aumône dans la rue.

— Tu as dû adorer.

— Tout à fait. On ne m'avait jamais offert de vêtements qui m'aient donné autant d'amusement. J'avais aussi adopté une démarche spéciale. Personne ne m'a jamais reconnu. J'en ai profité pour sortir avec toi et les copains, pas une demande d'autographe. De vraies vacances.

— Je me pardonne presque d'avoir conçu quelque chose d'aussi laid.

— Pour te rassurer, tu veux voir tous les vêtements que tu as faits pour moi ? Allez, viens visiter ma garde-robe !

Aussi loin qu'il m'en souvienneWhere stories live. Discover now