XV - Le fait accompli

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Une fois qu'Adrien et Marinette arrivèrent chez eux, elle alla se coucher directement. Elle savait qu'elle devait avoir une discussion sérieuse avec Adrien, mais elle se sentait physiquement et émotionnellement épuisée pour la mener ce soir-là. De son côté, Adrien envoyait des messages sur son téléphone – sans doute des vœux de bonne année pour ses connaissances. Elle était à moitié endormie quand il se glissa dans le lit près d'elle, mais elle se décala pour se serrer contre lui.

Le lendemain, la place d'Adrien était vide quand elle se réveilla. Il était au téléphone, quand elle passa devant le salon. Elle lui sourit en silence et navigua jusqu'à la cuisine pour se faire couler un café. Elle avait terminé sa tasse quand il la rejoignit.

— Tu as bien dormi, ma libellule ?

— Oui. Et toi ?

— Très bien. J'étais en ligne avec Nathalie. Elle m'a demandé de te transmettre ses vœux et ceux de mon père pour cette nouvelle année.

— Ton père est au courant ? ne put s'empêcher de répondre Marinette.

— Peut-être pas, reconnut Adrien. Mais Nathalie a toujours considéré qu'il était de son devoir de se substituer à lui dans sa communication avec son entourage. Quand j'étais plus jeune, je me disais qu'elle inventait pour me réconforter. Maintenant, je n'en suis plus si sûr. Enfin, je veux dire que mon père n'est pas du genre à souhaiter la bonne année à quelqu'un. Mais il sait qu'elle le fait pour lui et approuve l'initiative. Il agit par procuration, en quelque sorte.

Marinette considéra l'hypothèse en se versant une seconde tasse de café. Elle trouvait l'idée un peu tirée par les cheveux. Mais pourquoi décevoir Adrien en lui faisant part de ses doutes. Si c'était la tactique qu'il avait inconsciemment mise au point pour se persuader que son père avait des attentions détournées pour lui, pourquoi pas.

— C'est possible, dit-elle d'un ton neutre. J'espère que, de la même manière, tu as transmis mes propres vœux à Nathalie.

— Oui, bien entendu.

— Tu crois que je peux quand même les lui envoyer directement ? C'est elle qui s'est occupée de mon stage, après tout.

— Fais comme tu le sens.

— J'ai plein de vœux à envoyer, et sans doute à répondre, remarqua-t-elle.

Elle n'avait pas encore pris son téléphone, préférant être un peu plus réveillée avant de traiter ses mails. Elle allait se lever quand Adrien, qui s'était assis en face d'elle, lui demanda d'une voix sérieuse :

— Tu vas mieux ? Je ne suis pas certain que ce n'était que de la fatigue, hier.

Marinette hésita, puis se dit que le moment se prêtait bien à une discussion sérieuse. Elle ne voulait pas mentir et elle ne pouvait pas remettre indéfiniment son intention de mettre les choses au point.

— Eh bien, commença-t-elle, je me faisais un peu de souci sur notre relation.

Il parut inquiet.

— Pourquoi tu... Quelque chose ne va pas ?

— Je pense qu'il y a quelque chose qui cloche de mon côté, exprima-t-elle.

Adrien devint très pâle et son regard refléta une panique intense. Instinctivement, elle tendit le bras pour poser sa main sur la sienne.

— Adrien, je ne remets pas en cause le fait qu'on s'aime et qu'on vive en couple, dit-elle précipitamment. Je suis heureuse d'être avec toi. Mais il y a des aspects de notre relation qui pourraient... enfin, j'aimerais qu'on en parle.

Aussi loin qu'il m'en souvienneWhere stories live. Discover now