IV - Combler les années perdues

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Le lendemain, un jeudi, était le jour de fermeture de la boulangerie des parents de Marinette. Les Dupain-Cheng avaient invité leur fille à venir les voir. Une fois les embrassades terminées, Sabine mit une tasse de thé dans les mains de Marinette et lança son enquête :

— Vraiment rien qui ne te revienne ?

— Non, Maman. Je me souviens très bien de mes quatorze premières années, par contre.

— C'est ce que nous a dit Adrien. Mais cela nous paraît tellement bizarre.

— À moi aussi, mentit Marinette.

— Tu as besoin de notre aide ? interrogea Tom.

— Eh bien... Je pense dans un premier temps je vais tenter de voir où j'en suis dans ma vie. Adrien est adorable, j'ai vu Alya hier aussi... Je ne sais pas encore ce que je vais faire. Une chose est certaine, je ne peux pas continuer l'école. J'ai regardé mes cours, je suis perdue dedans.

Ses parents parurent choqués. Sabine ouvrit la bouche avant de renoncer et d'échanger un regard avec son mari.

— Est-ce que tu veux revenir ici ? demanda finalement Tom.

— Je pourrais vraiment ? Si je le voulais ? demanda Marinette, adoptant, sans se rendre compte, une voix de petite fille.

— Si c'est ce que tu souhaites, nous allons immédiatement chercher tes affaires, proposa Sabine.

— Non, pas tout de suite. Je... c'est compliqué avec Adrien, car je n'ai aucun souvenir de notre relation. Mais je l'aime ou, du moins, je l'aimais quand on était au collège. Et il se donne beaucoup de mal pour moi. Je vais voir. Mais c'est important de savoir que vous pouvez m'accueillir si je prends cette décision.

— Tu seras toujours notre petite fille, Marinette, affirma sa mère en la prenant dans ses bras.

Tom se rapprocha pour participer au câlin familial.

— Papa et Maman, vous êtes les meilleurs, déclara Marinette sentant son moral remonter en flèche.

— Si tu as le moindre problème avec Adrien, n'hésite pas à nous en parler, dit ensuite Sabine, quand ils reprirent leur place.

— Pour le moment, ça va. Il comprend vraiment la situation. Il m'aide beaucoup. Alya m'a promis d'inviter toutes mes copines pour qu'elles me racontent des choses qu'on aurait faites ensemble, c'est chouette, non ?

— Ce n'est pas la peine d'expliquer ton problème à tout le monde, s'inquiéta Tom. Peut-être que tout va rentrer dans l'ordre rapidement.

— Nous avons ton IRM en début d'après-midi, rappela Sabine. J'ai pensé que peut-être tu devrais aussi voir avec un psychologue ou un psychiatre...

— Non, coupa immédiatement Marinette. Pas question.

— Ma chérie, nous ne pensons pas que tu aies un problème psychiatrique, mais c'est peut-être un traumatisme qui a bloqué ta mémoire...

— Non, répéta Marinette. Je ne veux pas !

Elle vit Tom et Sabine se regarder. Elle songea qu'elle avait de la chance qu'une personne au moins ait pu lui expliquer ce qu'elle avait vécu. Elle n'aurait pas l'angoisse de se demander si elle avait une tumeur au cerveau ou si elle avait vécu quelque chose d'horrible qui avait agi sur ses souvenirs.

— Maman, Papa, je suis vraiment reconnaissante de ce que vous êtes en train de faire. Mais je ne veux pas faire de psychanalyse ou prendre des calmants. Je veux juste continuer à vivre le plus normalement possible et voir comment reprendre mes études. Et puis voir où j'en suis dans ma relation avec Adrien. Je ne veux pas me considérer comme une malade.

Aussi loin qu'il m'en souvienneWhere stories live. Discover now