12. Enfermée

1 1 1
                                    

  Cela faisait maintenant plus de deux heures que j'étais là, j'en étais certaine. Mes yeux s'étaient peu à peu habitués à l'obscurité et je distinguais vaguement les meubles de la cabine, grâce au rail de lumière qui passait sous la porte.

  Les cris avaient cessé depuis quelques temps maintenant, et le bateau avait retrouvé son calme. L'angoisse me tenaillait et j'en venais à en effectuer de douteuses conclusions. Peut-être tout cela était-il un gigantesque piège et que j'en étais l'objet, peut-être que tout le monde avait péri dans la bataille qui m'avait semblé avoir lieu sur le pont...

  Je préférais cesser de faire fonctionner mon cerveau et attendre sans aucune pensée.

  Il faisait chaud.

  Quelque chose me rentrait dans le dos et me blessait. Il me semblait que c'était l'angle d'une malle. Je m'allongeais par terre, ma joue en contact avec les planches fraîches.

  Il me sembla attendre une éternité avant de ressentir des pas qui se rapprochaient de moi. La personne faisait trembler le sol de bois et les vibrations étaient remontées jusque dans mon menton.

  Je me redressais, m'asseyant, tournée vers la porte. 

  Une clé tourna dans la serrure. Je me préparais à plisser les yeux quand la lumière éclatante arriverait jusqu'à moi.

  Rien. Celui ou celle qui avait déverrouillé la porte s'en allait. J'entendis ses pas s'éloigner avant de ne plus rien entendre du tout.

  Mais comment en étais-je arrivée là!?

  Je me mis à gémir, m'affalant de nouveau contre le plancher.

  Des larmes de désespoir roulèrent sur mes joues, dans un bref instant de faiblesse. La seconde d'après, je les essuyais et me redressais vivement.

  Si tous étaient morts, moi, je voulais vivre!

  Je me relevais et approchais mon oreille du plafond bas de la cabine. 

  Si j'avais bien observé, lorsque le mousse m'avait enfermé ici, je me trouvais sous le pont principal. Je devais donc entendre ce qu'il se passait au-dessus avec plus de facilité.

  Je restais là, la tête atrocement penchée, dans l'attente d'un bruit qui raviverait mon espoir.

  Au bout d'un moment, des pas se firent entendre, de plus en plus nombreux à chaque seconde.

 Il n'y avait donc pas qu'une seule personne vivante à bord du navire.

  Dans la noir, je hochais la tête. Si tous étaient des ennemis, ma survie n'en serait que plus ardue voir carrément impossible.

  Je décidais de passer à l'action et d'aller dans le couloir, sans me faire remarquer.

  Mes mains se posèrent sur le bois de la porte. Il était rempli d'échardes. Mes doigts glissèrent lentement jusqu'à la poignée. Le métal était froid contre ma peau. Je pris une grande inspiration, et la tournais.

  La peur semblait déchirer mes entrailles. Qui sait ce que j'allais découvrir?

La révolution des médusesWhere stories live. Discover now