Chapitre 5

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J'ai tout raconté à Lisa par rapport à Tom qui est venu m'ennuyer. Elle est furieuse. Je lui explique ensuite le rôle d'Arnaud dans tout ça. J'essaie de minimiser la chose, n'osant pas avouer qu'il avait sorti l'excuse comme quoi nous étions ensemble.

- Tu aurais du me le dire enfin ! Ou faire un signe. Je serais venue directement et j'aurais demandé à pleins de gens de lui foutre la honte de sa vie. Il s'en serait jamais remis, ce salop. Heureusement qu'Arnaud était là. Les mecs peuvent être de véritables crétins. Si Tom ne te laisse pas en paix et te toucher encore sans ton consentement, parle-en au doyen de l'université. Il pourra agir. Ou appelle les Colombia Boys, ils peuvent se déplacer pour t'aider. Ils ne gèrent pas que les soucis personnels, les dépressions ou les disputes. Arnaud en fait d'ailleurs parti.

J'acquiesce, la gorge moins nouée qu'hier soir.

- Ma première soirée ne s'est pas déroulée exactement comme je l'avais prévu.

En voyant son visage se décomposer, je rajoute rapidement :

- Mais promis, je t'accompagnerai à une autre et on verra.

La rouquine retrouve son sourire en deux secondes et me saute dessus, heureuse comme jamais. Heureusement, je ne suis pas dégoutée des soirées. J'ai promis de m'amuser et c'est ce que je vais faire.

- Oh génial ! J'ai cru que tu ne voudrais plus jamais mettre un pied dans une fête. Je te promets que la prochaine, tu vas t'éclater à mort ma petite. Boisson à gogo, jeux, beaux mâles. C'est quoi d'ailleurs ton style de mecs ? Plutôt geek comme Tom, joueur de basket comme Arnaud (j'ai droit à un magnifique clin d'œil de sa part) ?

Je lui envoie mon beau majeur auquel elle me répond par un cœur. Nous sommes en cours, en train de jacasser comme de vieilles copines. Heureusement, nous sommes discrètes, installées au fond de l'amphithéâtre. Le professeur ne devrait pas tarder à arriver. Nous étions beaucoup d'élèves pour ce cours que nous partagions avec les deuxièmes années au grand complet. Ces derniers ne se mêlaient pas beaucoup à nous, comme si nous étions des bébés.

- J'ai pas de style particulier Lisa, du moment qu'il soit gentil, intelligent...et suspens...je commence un roulement de tambour. Fidèle ! Si c'est pas trop demander aux connards de nos jours.

- Je suis le prince charmant que tu recherches, annonce une voix dans mon dos. Fidèle, intelligent, sportif et beau. Que demander de plus ?

Je me retourne pour voir Arnaud qui nous a rejoint avec un autre mec qui ressemble étrangement à Lisa. Cette dernière éclate de rire devant la réplique du jeune homme. Les deux mecs restent planter là, les mains dans les poches. Ils n'ont même pas le cours dans les mains. Je rougis subitement et son sourire s'agrandit, dévoilant de grandes dents blanches. J'ai droit à un coup de coude de mon amie. Je devine à son regard ce qu'elle en pense. Mais au moins, elle ne dit rien.

- Venez vous asseoir. Cal, qu'est-ce que tu fous à ce cours déjà ? rouspète-t-elle sur son frère qui lui envoie une pichenette sur son front avant d'ébouriffer ses cheveux.

C'est mignon de les voir ensemble. On voit qu'ils s'aiment malgré qu'ils font semblant de se disputer. Si j'avais un frère, ce serait certainement comme ça.

- A ton avis sœurette ? Je viens surveiller tes adorables fesses. J'ai repéré qu'un gars te matait et je préfère m'assurer qu'il ne s'approche pas de trop près.

Ils continuent de se chamailler et pendant ce temps là, Arnaud me rejoint sur le siège à ma gauche. Je me fige légèrement.

- Tu es bien Rafaëlle ? demande-t-il soudainement en se tournant vers moi.

Je remarque qu'il murmure afin que les deux autres ne nous entendent pas. De quoi veut-il me parler ? De mes coups de téléphone ? Il n'est pas sensé m'aborder par rapport à ça, il est bien mis dans leur règlement. Pour préserver mon identité. Donc ça ne doit pas être ça.

- Heu...oui.

Il se penche davantage dans ma direction et son souffle s'échoue sur ma joue. Je ressens la moindre sensation jusque dans mes os. Je ne dois pas ressentir ce genre de choses pour lui. C'est pas honnête de ma part. Je pourrais le faire souffrir. Je n'ai rien à offrir.

- Promis, je ne dirai rien.

Et il se redresse sans plus rien dire. Je suis bouche bée. Je comprends qu'il a fait le rapprochement entre la Raf du téléphone et la Raf en vrai. Je détourne les yeux, refusant d'y croire. Il a vite compris, mais comment ? A cause de Tom, de ce que j'ai dit, de ma voix ? Après tout, je n'ai pas complètement changé d'identité à son appel. Il y a plein de Rafaëlle sur ce campus !

Sa main se pose sur la mienne et je tressaille. Il l'entremêle avec mes doigts comme si de rien était. Comme si c'était parfaitement normal son geste. Mais au moins, c'est fait à l'abri des regards curieux de Lisa et son frère.

- Qu'est-ce que tu fais ? je siffle entre mes dents.

Le cours commence et je sens le stress monter. J'aperçois mon ancienne bande, quelques sièges en dessous de nous. Ils se retournent et me regardent bizarrement. A mes cotés, Arnaud leur sourit puis m'embrasse sur la joue sans que je ne comprenne ce qui se passe. Ils se détournent, sourcils froncés.

Mais qu'est-ce qu'il fabrique ?

Je sens encore une fois sa bouche près de mon oreille.

- Nous sommes censés être ensemble, alors tachons de les faire rager. Je te jure que je suis loin d'être désagréable, si c'est ça qui t'inquiète et je ne te forcerai à rien.

- Pourquoi tu fais ça ? je chuchote à mon tour.

Ses yeux me harponnent comme toujours et m'empêchent de me dérober. Il replace ma mèche de cheveux derrière mon oreille et ses doigts s'attardent sur l'arrondi de ma joue.

- Je me suis promis de t'aider Rafaëlle. C'est ce que je vais faire.

- Tu n'as pas à faire ça, Arnaud. Et s'il te plait, oublie les coups de téléphone. Je ne t'appellerai plus.

Je ramasse mes affaires alors que le cours vient seulement de commencer et me lève, le surprenant. Je m'enfuis du cours comme si j'avais le feu à mes trousses. Je m'arrête à mon casier, essoufflée. Je viens de me faire passer pour la plus grande folle du monde, génial ! Je n'oserais même plus regarder les autres élèves en face maintenant.

Des pas derrière moi résonnent dans le couloir. Ils se stoppent dans mon dos.

- Ecoute moi Rafaëlle. Je suis peut-être un Colombia Boys et tu m'as confié tes secrets mais je ne dirai jamais rien. J'ai sincèrement envie de t'aider à avancer. Si leur mentir en prétendant que nous sommes ensemble, te permet d'oublier cet énergumène, alors pourquoi pas ?

Je fixe l'affiche sur un des casiers. Cela parle d'un groupe de lecture qui a lieu tous les jeudis. Je soupire pour qu'Arnaud comprenne un peu ce que je ressens.

- C'est hyper humiliant que tu me reconnaisses et en plus que tu veuilles m'aider. Je ne pensais pas que tu saurais qui j'étais, je ne pensais pas qu'on se rencontrerait non plus. Je n'ai pas besoin que tu fasses ça pour moi. Je vais me débrouiller seule, merci.

Je me mets à avancer, décidée à rentrer chez moi réviser un peu pour le prochain contrôle.

- Ma proposition tiendra toute l'année, si tu veux, crie Arnaud alors que je m'éloigne.

Colombia BoysWhere stories live. Discover now