phénoménal LIVRE ÉDITÉ

chapitre 3

À l'heure de la récréation, je suis le groupe dans un espace privé de la cours. Ils s'allument tous une cigarette.

- T'en veux une ? me propose Kim.

- Non merci, je ne fumes pas.

Dagon me lance un regard.

- Vous nous avez pas ramené une prude coincée j'espère ?

Je hausse un sourcil et m'approche de lui. Je pose ma main sur son torse tandis qu'il me regarde en tirant une taffe. J'approche mes lèvres des siennes. Une fois qu'elles ne sont plus qu'à quelques centimètres, il entrouvre les siennes, et je murmure :

- Qui c'est qui ressemble à une prude maintenant ?

Et je me décolle subitement.

- Comment elle t'as descendu ! se marre Logan en me tendant sa main pour que je frappe dedans.

Tout le monde rit, sauf Dagon, évidemment. Il me fusille du regard. Il tire une autre taffe et après avoir expulsé la fumée de ses poumons, il me pointe de l'index.

- Joues pas trop à la maligne avec moi, ou sinon je te spoil la fin du jeu, tu seras perdante.

- Oh, tu fais dans l'humour ? Pas très drôle, tu feras mieux la prochaine fois.

Je le vois serrer le poing. Il ne va pas me frapper quand même ? Finalement, il jette sa clope au sol et part. Un silence gênant règne.

- Je suis désolée qu'il soit parti à cause de moi... je murmure.

- Tu rigoles !? La scène qui vient de se dérouler elle était encore plus jouissive qu'un film porno ! s'écrit Logan.

Je le regarde et hausse les sourcils.

- Ouais bon t'as compris la métaphore.

Je me marre.

- Alors si j'ai bien compris c'est vous qui faites la pluie et le beau temps ici ?

- Of course, répond Kim avec un grand sourire. Tu faisais partie de quel groupe dans ton ancien lycée ?

- Pourquoi ? Si je te dis que j'étais une looseuse tu vas me virer ?

Elle fait mine de réfléchir.

- Ça t'enlèverait du charme, finit-elle par répondre.

Je souris devant sa réponse évasive.

- En faite avant j'étais dans un lycée publique et il n'y avait pas vraiment ce que l'on appelle un groupe de populaire. Mais j'étais plutôt appréciée si ça peut un peu mieux répondre à ta question.

Elle hoche la tête.

- De toute façon, ça se voit. T'as une tête de pétasse.

Devant mes sourcils qui se froncent, elle ajoute :

- Enfin non, ce n'est pas de cette façon que je voulais le dire, mais tu vois, tu ressembles au cliché de la fille parfaite, ni trop grande ni trop petite avec un visage fin, des hanches et une taille marquées, des gros seins, et tu ne te maquilles quasiment pas.

Je souris devant tous ces compliments.

- Toi, tu me fais penser au cliché de la reine des abeilles. Tu sais, grande blonde avec un décolleté dont même Kylie Jenner serait jalouse, des faux ongles rouges, des talons d'une hauteur inestimable...

On rigole toutes les deux. Quand ça sonne la fin de la récréation, on retourne en cours. Bon, rien de très intéressant. À un moment, quelqu'un frappe à la porte et un surveillant entre.

- Mademoiselle Smith, le proviseur veut vous voir concernant vos papiers d'inscription.

Je hoche la tête et me lève. Je sens un regard posé sur moi, mais n'y prête pas attention. Je sors de la salle et me rends dans le bureau du proviseur. Je toque.

- Entrez.

Je m'exécute.

- Asseyez-vous, dit-il avec un sourire étrange.

- Pourquoi m'avez-vous fait venir ? je demande.

- J'ai remarqué que dans « parents » vous n'avez mis que votre mère. Ma question suivante est délicate mais est-ce que votre père est décédé ? Si c'est le cas, il faut fournir une copie de la certification de décès.

- Je... il n'est pas mort, mais c'est tout comme. Je n'ai plus aucun contact avec lui.

Il hoche la tête.

- Bon, je verrai comment gérer ça.

Il me regarde et je me sens légèrement mal à l'aise.

- Je peux y aller ?

- Oui, allez-y. Passez une bonne journée.

J'esquisse un demi-sourire.

- Merci, vous aussi.

Je me lève et sors du bureau. Avant de retourner en cours, je passe aux toilettes pour me rafraîchir. Des souvenirs de mon père, et pas les meilleurs, refont surface. L'homme que je hais le plus sur terre a quitté ma vie il y a environ deux mois maintenant et penser à lui me dégoûte plus qu'autre chose. Je le hais.