Resserrant mon étreinte sur le corps frêle de ma sœur, je tourne mon attention vers Tom qui se recroqueville sur lui-même, l'air triste mais étrangement serein.

— Tom ? Ça va ?

Lentement, il se tourne vers moi et sourit douloureusement. Je lui tends une main amicale pour le réconforter mais il refuse.

— Reste avec ta sœur. Elle en a besoin. Je n'ai plus peur de la mort de toute façon.

Je pense alors à l'incident qui a failli lui coûter la vie il y a un an. Ce terrible évènement qui l'a rendu si célèbre dans tout le lycée. Est-ce pour cela qu'il est si calme ? Tout de même, mourir si jeune, je ne suis pas prête. J'ai encore l'espoir. On va nous sortir de là. C'est obligé. J'ai confiance. Je n'ai pas peur. J'ai... Qui est-ce que je trompe ? La vérité est que j'ai terriblement...

— Peur ? clame soudain Prunelle. Moi, j'ai pas peur ! « Mourir sera une terriblement grande aventure ! »

— Peter Pan, sourit Tom tandis que je dévisage ma sœur avec surprise. Tu as raison. Quoi qu'il arrive, ça peut pas être pire que ce qu'on vient de vivre. Pas vrai ?

Prunelle acquiesce vivement et je baisse la tête. Je comprends leur raisonnement et pourtant je ne peux pas empêcher cette boule de peur qui me consume de l'intérieur. Une main se glisse dans la mienne. Tom me sourit. Son calme m'apaise un peu.

— Je suis contente que vous soyez là, tous les deux.

C'est alors que tout s'arrête. Incapable de bouger, je ne peux qu'observer devant moi ma sœur et Tom paralysés, comme un arrêt sur image. Quelque chose dans leurs yeux s'éteint, un à un, ne laissant face à moi que des mannequins sans vie qui me sourient.

Avant même que j'ai me temps d'assimiler la bizarrerie de la chose, ma conscience me quitte et tout devient noir.


-■-


Les rayons du soleil qui percent à travers la persienne finissent par me réveiller. Presque aussitôt, un mal de crâne astronomique s'abat sur mes tempes.

— Ghhh, pourquoi monde cruel ?

Puis la réalisation me tombe dessus avec force. Je suis dans mon lit ?

Je me redresse bien trop vite pour mon état et me retrouve rapidement pliée en deux, la tête dans les mains. J'ai comme la nausée tout à coup. Que s'est-il passé ? Le fruit d'une soirée trop arrosée ? Je n'arrive même pas à me souvenir de ma journée d'hier.

Ma main se tend d'un geste automatique vers ma table de chevet. Mon portable n'est pas là. Me décidant à sortir du lit, je me rends compte que je suis déjà habillée. Ce devait être une soirée sacrément arrosée pour que je me sois couchée ainsi. Je remarque d'ailleurs que mon portable se trouve dans ma poche. La date sur l'écran m'indique que nous sommes mercredi matin. Je hoche sensiblement la tête avant de me rendre compte du plus important : il est bientôt 9h. Je vais être en retard au lycée !

Je bondis sur place, imaginant déjà la complainte de ma mère si jamais je devais lui ramener un énième mot de retard à signer. Je saisis mon sac de cours et dévale les escaliers pour débarquer dans le salon. Je m'apprête à sortir quand une intuition me pousser à m'arrêter. Quelque chose cloche. Pourquoi diable aurais-je fait une soirée un mardi soir ? Qui fait ça ? Surtout que j'ai cours le lendemain matin et, en plus, le mercredi je dois aussi... amener Prunelle au collège ! Merde ! J'avais complètement zappé ce détail ! Où est-elle ?

D'habitude, à cette heure-ci, elle devrait être scotchée devant la télé en attendant que je sois prête à partir. Pourtant, le salon est désert et la maison semble silencieuse. Elle ne s'est pas réveillée ?

LE CUBE | Livre interactifWhere stories live. Discover now