— Je comprends. Excuse-moi. Tout était si évident pour moi que j'ai brûlé les étapes. Une fois qu'on sera sortis de cette galère, on pourra reprendre à zéro, doucement, à notre rythme. Qu'est-ce que t'en dis ?

À ces paroles, un grésillement attire mon attention. Un compte à rebours vient de s'afficher au-dessus de la porte close. Le bruit réveille Prunelle qui s'agrippe à mon bras avec inquiétude.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Est-ce qu'on va mourir ?

Amaury et moi échangeons un regard impuissant.

— Ça va aller, finit-il par dire en se redressant. Parce qu'on restera ensemble, quoi qu'il arrive. D'accord ?

Ma sœur acquiesce vivement et je souris tandis qu'Amaury nous tend ses mains. Je les enlace tous deux, faisant abstraction du timer qui défile.

— Oui, ça va aller.

Je sens les larmes me monter aux yeux quand Prunelle enfonce un peu plus son visage contre mon torse pour murmurer un « je t'aime ». Dans un geste rassurant, les doigts d'Amaury font des allers et retours sur mon dos et je lève un regard triste vers lui.

— Je sais que je le dis jamais mais je vous aime, tous les deux.

Mon petit ami se fige et, pendant un court instant, j'ai peur de l'avoir trop pris au dépourvu. Cependant, ses lèvres finissent par s'emparer des miennes avec passion. J'en oublie presque notre inévitable situation jusqu'à ce que Prunelle intervienne.

— Ce serait super romantique si je n'étais pas juste en dessous...

Nous partageons tous les trois un dernier rire avant que le compte n'atteigne zéro. C'est alors que tout s'arrête. Incapable de bouger, je ne peux qu'observer devant moi ma sœur et Amaury paralysés, comme un arrêt sur image. Quelque chose dans leurs yeux s'éteint, un à un, ne laissant face à moi que des mannequins sans vie qui me sourient.

Avant même que j'ai me temps d'assimiler la bizarrerie de la chose, ma conscience me quitte et tout devient noir.


-■-


Les rayons du soleil qui percent à travers la persienne finissent par me réveiller. Presque aussitôt, un mal de crâne astronomique s'abat sur mes tempes.

— Ghhh, pourquoi monde cruel ?

Puis la réalisation me tombe dessus avec force. Je suis dans mon lit ?

Je me redresse bien trop vite pour mon état et me retrouve rapidement pliée en deux, la tête dans les mains. J'ai comme la nausée tout à coup. Que s'est-il passé ? Le fruit d'une soirée trop arrosée ? Je n'arrive même pas à me souvenir de ma journée d'hier.

Ma main se tend d'un geste automatique vers ma table de chevet. Mon portable n'est pas là. Me décidant à sortir du lit, je me rends compte que je suis déjà habillée. Ce devait être une soirée sacrément arrosée pour que je me sois couchée ainsi. Je remarque d'ailleurs que mon portable se trouve dans ma poche. La date sur l'écran m'indique que nous sommes mercredi matin. Je hoche sensiblement la tête avant de me rendre compte du plus important : il est bientôt 9h. Je vais être en retard au lycée !

Je bondis sur place, imaginant déjà la complainte de ma mère si jamais je devais lui ramener un énième mot de retard à signer. Je saisis mon sac de cours et dévale les escaliers pour débarquer dans le salon. Je m'apprête à sortir quand une intuition me pousser à m'arrêter. Quelque chose cloche. Pourquoi diable aurais-je fait une soirée un mardi soir ? Qui fait ça ? Surtout que j'ai cours le lendemain matin et, en plus, le mercredi je dois aussi... amener Prunelle au collège ! Merde ! J'avais complètement zappé ce détail ! Où est-elle ?

LE CUBE | Livre interactifWhere stories live. Discover now