Après de longues minutes de recherches, nous sommes bien forcés de nous rendre à l'évidence. La seule chose avec laquelle il est possible d'interagir dans la pièce est le pilier comportant une encoche carrée.

Sans rien dire, nos regards se dirigent vers le petit cube blanc que Clauporte tient précieusement dans sa main gauche. Il sert certainement à ouvrir la porte mais à quel prix ? Le cube précédent avait été à double tranchant : nous avions été rassasiés pour être tout de suite endormis, séparés et forcés à nous éliminer. Qui sait ce qu'il pourrait se passer cette fois ?

L'asiatique observe l'objet avec appréhension et je soupire en m'en emparant. Il faut bien que quelqu'un se dévoue.

— Je peux le faire, annonce Amaury d'une voix fébrile.

Jusqu'à présent, je n'avais pas remarqué à quel point il avait l'air fatigué. Le pauvre a dû ramer bien plus longtemps que moi. Il se masse l'épaule avant de s'approcher de nous, Prunelle à ses trousses.

— Je l'ai déjà fait une fois, continue-t-il. Je peux recommencer.

Je m'apprête à le réprimander mais suis devancée par la première de la classe.

— Tu n'as pas l'air très en forme, lui fait-elle remarquer.

— Justement, insiste le rouquin. Je ne vais pas vous être bien utile dans cet état. S'il m'arrive quelque chose, ce ne sera pas une grande perte...

Choquée, j'étudie le visage sérieux de mon petit-ami sans vraiment y croire. Peu importe nos différents et nos stupides disputes, peu importe les insultes que j'ai pu lui balancer ou souffler dans mon sommeil, la seule pensée de le perdre me retourne l'estomac. Comment peut-il dire ça ?

— Non, Amaury ! s'exclame Prunelle en venant s'accrocher à sa jambe. Je veux pas te perdre, moi.

Je souris devant cet élan d'affection qui me rendait jadis de mauvaise humeur. Je crois que, dès qu'elle l'a rencontré, Prunelle est tombée amoureuse d'Amaury. Et ce balourd qui trouvait ça mignon. Pas que je sois jalouse mais je suis certaine que si ma sœur avait eu quelques années de plus, elle ne se serait pas gênée pour me piquer mon copain.

Les larmes qui commencent à poindre dans les yeux de l'enfant semblent remuer la confiance d'Amaury. Sacré Prunelle. Un sourire idiot sur les lèvres, je regarde mes camarades. Visiblement touchée par cet appel du cœur, Claudia se tourne vers moi. Elle arbore une expression décidée. Et, sans rien dire, elle me tend la main. Pourtant, je ne lui donne pas le cube. J'ai comme le sentiment que c'est à moi de m'en charger.

 J'ai comme le sentiment que c'est à moi de m'en charger

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L'objet s'enfonce dans l'encoche jusqu'à se faire avaler entièrement par le pilier. Une lumière vive jaillit, embaumant mon corps entier. Je détourne le regard pour ne pas être aveuglée.

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