— Désolé, pouffe-t-il, mais c'était trop tentant. T'aurais vu ta tête !

— Notre situation n'a rien de drôle, rétorque Tomichou d'un ton sec. Dois-je te rappeler que nous avons perdu la sœur de Constance et qu'on ne sait toujours pas où on est ni pourquoi on est là et encore moins comment en sortir ?

— Et qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse, hormis tenter de continuer à avancer en espérant que la sortie soit au bout ? Fais comme tu veux mais si jamais tu crèves de faim ici, ce ne sera pas de ma faute.

La face encore rouge de colère, Amaury toise une dernière fois l'hispanique avant de venir se servir dans le pilier de nourriture. Je décide de l'imiter tandis que le délégué observe l'amas de nourriture d'un mauvais œil. Je lui tends un fruit.

— Tu devrais manger un peu. Qui sait dans combien de temps nous trouverons la sortie ou aurons l'occasion de tomber sur de la nourriture à nouveau ?

Nous finissons par séparer les différents mets de manière équitable. La moindre saveur familière emplie ma poitrine d'un vent léger. Cela fait tellement de bien ! Je ne peux cependant m'empêcher de jeter des regards furtifs aux alentours. C'est étrange tout de même. Pas de décompte ni de piège mortel. Quelque chose va forcément se déclencher quand on s'y attendra le moins.

— Ça fait mal ?

Je me tourne vers Amaury qui observe avec appréhension la blessure du délégué alors que celui-ci agrandit le trou dans son pantalon pour mieux observer les dégâts.

— Ça devrait aller, conclut-il. Tu peux me passer le désinfectant ?

Le rouquin obéit et le garçon se met à nettoyer sa plaie avant de la recouvrir d'un bandage. Dès qu'il a terminé, Amaury s'empare à son tour du kit de soin et se tourne vers moi.

— Fais voir tes blessures.

D'habitude, j'aurais préféré m'en occuper moi-même mais la situation exceptionnelle me rend étrangement ouverte à ce geste d'attention. Après tout ce que je viens de traverser, une touche d'affection n'est pas si malvenue. Je n'arrive toujours pas à croire ce qu'il nous arrive. Est-ce bien réel ? Cheng... Prunelle...

Alors que j'observe le sol d'un air absent, la main d'Amaury vient me caresser la joue. En relevant la tête, j'aperçois le regard perçant de Tomichou qui me dévisage comme pour m'analyser. Mon petit ami, lui, me sourit tendrement.

— Ça va, babe ?

Je hoche doucement la tête, plongeant mes yeux avec défiance dans ceux du délégué qui baisse aussitôt la tête. Serait-ce des rougeurs de gêne que je vois apparaître sur ses joues ?

Je souris légèrement, me délectant un instant de ce spectacle avant de me tourner vers Amaury. Je prends le temps d'admirer son beau visage tacheté quand ma vision me parait soudain floue. Je n'arrive pas à articuler quoi que ce soit tellement mes lèvres me semblent lourdes. J'ai si sommeil...


--


Je me réveille avec un mal de crâne terrible et une étrange sensation de déjà-vu. Autour de moi, encore et toujours des dalles lumineuses, blanches à en perdre la vue. Sauf que cette fois mon espace est bien plus réduit qu'à mon premier réveil et aucune trace de présence humaine. Je suis seule dans un espace confiné de pas plus de deux mètres carrés. Heureusement que je suis pas claustro !

— Il y a quelqu'un ?

— Constance ? me parvient la voix de Tomichou quelque part sur la droite. Tu es enfermée aussi ?

— Putain de mur de merde ! grogne Amaury entre plusieurs bruits de coups.

Il semblerait que nous soyons enfermés de la même façon à seulement quelques pas d'écart. Mais qui nous a placé là et comment ?

— Il y avait du somnifère dans la nourriture ?

— Je crois bien, oui, soupire le délégué.

Nous nous mettons alors d'accord pour inspecter nos box un peu plus en détails. Il y a forcément un indice quelque part pour nous aider à sortir. Et alors que je commence à désespérer, mes doigts effleurent un minuscule bouton caché dans un joint entre deux dalles.

Aussitôt que je presse dessus, un écran s'allume sur un des murs de ma cellule. Mes yeux s'écarquillent de surprise quand je lis les mots inscrits devant mes yeux.


CHOISISSEZ UNE PERSONNE À ÉLIMINER :

AMAURY | CONSTANCE | TOM


C'est quoi cette farce ? Une personne à éliminer ?

— Je ne trouve rien du tout ! déclare Amaury.

Mes yeux se déposent sur le haut de l'écran où un chrono défile depuis au moins une minute déjà. En bas de l'écran, sous nos prénoms, une phrase clignote en gras :


VOTE(S) COMPTABILISÉ(S) : 1


— Vous êtes sûrs que personne n'a rien trouvé ?

— Rien de mon côté non plus, répond Tomichou. Pourquoi ?

Parce que cela veut dire que quelqu'un ment. L'un d'eux a trouvé le bouton secret et, sans rien dire, a voté. Donc si personne d'autre ne trouve le bouton et ne vote d'ici la fin du temps, son vote sera le seul enregistré et la personne choisie sera... éliminée ?

Qu'est-ce que ça veut dire vraiment ? Et puis d'abord, qui a voté ? Et pour qui ? Dois-je avertir tout le monde ou non ? Et si ça se retournait contre moi ? Je n'ai aucun moyen de prouver que ce n'est pas moi qui aie voté. Peut-être devrais-je en profiter pour voter sans que personne ne le sache...



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Des votes, des votes et encore des votes...

À vous de choisir...

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[Avertir tout le monde]

Direction le 104.


OU


[Ne rien dire]

On se retrouve en 105.

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