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- De l'escalade ?

- Exactement. Mais sans prises. Tu vois, il y a un petit pique en haut du mur : lances une branche et montes. Tu peux t'aider du mur pour y poser tes pieds et une fois que tu seras en haut, je veux que tu redescendes comme si tu étais en rappel.

Je vois exactement ce qu'il veut dire. Je monte sans aucun problème, mais une fois arrivée, je me rends compte de la hauteur. Je n'ai pas le vertige, mais je suis montée avec une telle facilité que je voyais le mur moins haut. Je commence alors ma descente en restant concentrée, car ce n'est pas le moment de tomber surtout qu'il commence à pleuvoir. Je serre encore plus la branche entre mes mains et j'entends au loin monsieur Sakeras me conseiller.

- Léna, va doucement d'accord ? Fais attention ou tu mets tes pieds pour ne pas glisser.

Je reste très concentrée mais la pluie se fait plus forte et s'accompagne d'orages et d'éclairs. Mes muscles commencent à se tendre et je décide de faire une pause pour plier chacune de mes jambes. Une fois ces dernières détendues, j'emmène mon pied contre le mur, et à peine posé, je sens la mauvaise adhérence. Il glisse sur la paroi, et grâce à un très bon réflexe, je me retrouve suspendue dans le vide à la simple force de mes bras.

- Monsieur Sakeras ! Je crois que je vais tomber !

Malheureusement, les éclairs m'empêchent d'entendre sa réponse et je ne sais même pas s'il m'a entendu. J'essaie tout doucement de me faire glisser le long de la branche, lorsque ma main entre en contact avec une surface mouillée. Ma panique me fait lâcher prise et je tombe en chute libre. Le vent dans mes oreilles, le bruit de la pluie et de l'orage m'empêchent de savoir si moi-même je crie.

Maman, je suis désolée, je ne devais pas être assez forte pour ça. Pardonne-moi.

Instinctivement, je ferme les yeux et plaques mes bras sur mon visage.

Quitte à mourir comme ça, autant ne pas être défigurée.

Et d'un coup, plus rien.

J'entends seulement le bruit de la pluie qui tombe avec fracas sur le sol et je ne me sens même plus tomber.

Est-ce ça la mort ? Ne plus rien sentir ?

J'ouvre délicatement les yeux, et reste dans l'incompréhension et la peur.

Je ne sais pas pourquoi, ni comment est-ce possible que je sois vivante.

Je ne comprends pas l'expression que je vois sur le visage de Monsieur Sakeras. On dirait un mélange de peur, d'étonnement et d'admiration. Je commence à bouger pour aller vers lui mais je ne sens pas la terre sous mes pieds. Je regarde ces derniers et sens les battements de mon cœur accélérer.

Je flotte ! Comment cela est-ce possible ?! Je ne suis pas de l'Air et pourtant je flotte !

- Monsieur ! Faite moi descendre s'il vous plaît ! Je ne sais pas ce qu'il se passe !

Il accourt et pose ses mains sur ma taille, me permettant ainsi de me retrouver sur la terre ferme, les jambes toutes engourdies.

- Léna je vais vous porter et on va aller s'asseoir à l'intérieur.

Une fois à l'abri, il me pose sur une des chaises autour de la grande table, l'air un peu paniqué.

- Restez ici. Je vais chercher madame Soleno.

Même si je le voulais je ne pourrais pas me lever car je me sens très fatiguée.

Si je fais partie de l'Air, est ce que ça veut dire qu'au final l'élément Terre n'est pas le mien ? Ou pire, est ce que ça voudrait dire que je possède les deux ? Et si c'est le cas, est ce que ça voudrait dire que je suis un monstre, une bête de foire ?

Trop de questions se bousculent dans ma tête. J'entends alors Madame Soleno et Monsieur Sakeras arriver, ce qui me ramène à la réalité.

- Léna comment vous sentez vous ? Vous êtes toute pâle.

- A vrai dire professeur, je me sens comme quelqu'un qui vient de chuter de plusieurs mètres et qui s'est mis à flotter sans savoir pourquoi. J'ai les jambes toutes engourdies et j'ai un gros coup de fatigue, mais à part ça tout va bien.

Elle ne cesse de me fixer et j'aimerais vraiment savoir à quoi elle pense.

- Monsieur Sakeras, allez voir tous les autres chez les Terrenumis pour voir où ils en sont, car la pluie a dû les retarder. Faites une liste de ce qu'il reste à faire, et revenez tous ensemble. Je pense que ça suffit pour aujourd'hui.

Il hoche la tête avant de partir, me laissant seule avec la directrice qui se tourne vers moi.

- Léna, que s'est-il passé ? Votre professeur m'a raconté mais je voudrais avoir votre version des faits.

Je lui raconte tout : ma glissade, la chute, quand j'ai flotté, mais fidèle à elle-même, elle ne laisse rien paraître.

- Madame, est ce que quelque chose ne va pas avec moi ?

- Non ne vous inquiétez pas. Nous allons laisser passer la nuit et le mauvais temps, et dès demain matin, nous ferons un test pour l'élément Air d'accord ?

- Oui mais et si j'ai les deux ? L'air et la Terre...

- Nous aviserons à ce moment-là. Essayez de vous détendre en attendant d'accord ?

Je lui fais un signe de tête pour lui montrer monapprobation. Sentant mes jambes me revenir petit à petit, je me lève lentementet me dirige vers ma chambre. En passant le seuil de ma porte, je me hâte dansla salle de bain pour prendre une bonne douche et essayer d'évacuer tout lestress accumulé. En sortant, je me place devant la fenêtre en peignant mescheveux, et je les vois tous revenir. En temps normal je serais allée lesaccueillir, mais je préfère rester assise confortablement dans mon fauteuilavec un bon livre. 

Le Royaume d'Aleyna T.1 [ EN REECRITURE]Where stories live. Discover now