( 𝟸/4 )

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— Où est Castiel ? Elle a besoin de chaleur et vite, elle est en hypothermie !

— Il est parti se coucher cet imbécile !

— Quoi ? Fidèle à lui-même, cet égoïste ! Madame Soleno, à l'aide s'il vous plaît !

Différentes voix vont et viennent dans mes oreilles. Puis plus rien.

Il fait sombre autour de moi et je suis gelée. Je n'arrive pas à ouvrir mes yeux, encore moins à articuler mon corps. Pourtant, j'ai la sensation de voler, de me déplacer avec fluidité et rapidité. Je dois me réveiller. Pour ma survie, je le dois.

Mes doigts bougent. Mes paupières s'écarquillent et se referment. J'inspire et expire. Le calme et l'obscurité se mêlent aux multiples questions qui se bousculent dans ma tête. Les battements de mon cœur cognent dans ma poitrine lorsque je prends connaissance de l'endroit où je suis. La pièce est plongée dans le noir, avec pour seul éclairage celui de la Lune.

Des courbatures au niveau de mes cuisses se manifestent, au moment où mes pieds s'ancrent dans le sol, et ma vue brouillée me fait tituber à ma levée du lit, sur lequel j'étais allongée. Les mains massant mes tempes, j'inspecte ce nouvel environnement envahi par la nuit.

Tout en scrutant les murs, je laisse mes doigts parcourir l'un des fauteuils présents, rencontrant un tissu plutôt râpeux. Chaque façade est décorée de nombreux tableaux en rapport avec la mer, et j'ai beau chercher, je ne trouve pas de lampe à allumer pour y voir plus clair. Dans le plus grand silence, j'avance en direction de la porte devant moi les oreilles prêtes à entendre la moindre agitation, et le souffle coupé. Je déglutis pendant que je plaque ma tête contre le battant. Un frisson parcourt l'ensemble de mon dos lorsque ma joue entre en contact avec le métal froid, déclenchant le tremblement de mon corps.

Ne détectant pas de son provenant de l'autre côté, j'actionne la poignée en prenant garde de ne pas émettre de bruit. Mes yeux épient le moindre mouvement extérieur, par le faible écartement que j'ai créé. Les pulsations exceptionnelles dans ma poitrine, la chaleur qui s'empare de mon être, mes lèvres qui s'assèchent, tout s'amplifie pendant que ma main agrandit le passage entre la chambre et l'espace inconnu.

Je penche ma tête dans l'ouverture. Personne. Il n'y a pas âmes qui vivent au milieu de ces lumières tamisées. Mes pieds frôlent le tapis rouge pendant que se dessine devant moi une multitude de portes sans poignée. Tout en suivant le chemin dans un sens, je me laisse bercer par l'ambiance feutrée du lieu jusqu'à arriver à un cul-de-sac.

Une sortie doit se trouver quelque part. Je dois essayer de l'autre côté.

Mon regard repasse devant les mêmes murs sombres pendant que je reste attentive au moindre bruit. Au rythme des battements de mon cœur qui accélèrent, je m'avance sur un palier. Toujours personne en vue. L'astre blanc me fait de nouveau grâce de son éclairage en s'infiltrant à travers le plafond vitré, mettant en lumière un escalier en pierre. Cet étage est ouvert sur un vaste hall, plongé dans le calme le plus total et en partie dans l'obscurité. La grande porte donne un effet vieux manoir à la bâtisse, et le tapis rouge s'arrête juste devant elle. Les mêmes portes sans poignée font encore partie des murs et le...

Aïe putain !

Des larmes viennent perler à mes yeux lorsque le coin d'une table s'enfonce dans ma cuisse. Mes joues se gonflent et mes dents se serrent, m'empêchant de pousser un cri de douleur.

Qu'est-ce que ça fout là ? Ça m'apprendra à ne pas surveiller devant moi !

Je prends appui sur la rambarde, descendant les marches une à une pendant que mon regard contemple le ciel étoilé. L'angoisse qui m'habite commence à s'estomper, mais je ne dois pas perdre de vue mon objectif : partir d'ici.

Les images de ma fuite ressurgissent lorsque je fais face à la grande entrée, mais mes jambes me poussent à faire demi-tour. Tout se distingue : l'escalier de pierre orné du tapis rouge, le faible éclairage chaud et chaleureux qui me rappelle avec mélancolie ma mère, et le fait qu'elle doit être morte d'inquiétude. Mes doigts parcourent les façades lisses de ma prison, jusqu'à s'arrêter sur un étrange boîtier. Je fronce les sourcils, perplexe, en laissant mes yeux se promener sur l'instrument qui ressemble à s'y méprendre à une tablette tactile. Après avoir tapoté sa surface, cette dernière s'allume. La respiration en suspend, mon cœur s'emballe en voyant une empreinte de main. Un soupir sort de mes lèvres et mes dents se serrent. Tout ça m'empêche de déverrouiller les portes. Deux solutions s'offrent à moi : affronter l'extérieur de nouveau, ou descendre par l'ouverture qui se trouve sur le mur.

Quelques mètres plus loin, un passage non fermé n'attend que moi. Le cœur battant, je m'en approche en respirant le plus calmement possible. Mon rythme cardiaque accélère. Une vague de frissons envahit mon corps. Je suis prête. Prête à découvrir l'inconnu, si ça peut m'aider à dégager de là.

— Hop hop hop... Alors ? À peine réveillée qu'on enfreint déjà les règles, la nouvelle ?

La chaleur s'empare de moi. Mes yeux s'écarquillent et la résonance des battements dans ma poitrine brise le silence. Je déglutis en me tournant, mes poings crispés sur mon jean. Un garçon de grande taille est adossé à l'escalier de pierre, les bras croisés sur son buste, l'air hautain.

Allez, Léna, fuis ! Maintenant !

Mes jambes me maintiennent sur place. La seule chose en moi qui a le courage de se manifester est le cognement incontrôlé de mon cœur. L'inconnu s'avance en bombant le torse, et plante son regard dans le mien. Je retiens ma respiration, en tentant de masquer le tremblement de mes mains qui se propage sur le reste de mon corps. Ses yeux sombres me foudroient sur place lorsqu'il se met à me scruter de haut en bas.

— Eh bah alors ? Elle sait parler ou pas ?

Non mais il se prend pour qui lui ?

— Eh oh ? Il y a quelqu'un ou quoi ?

Son bras se lève dans ma direction, et au rythme de mes pulsions cardiaques qui s'accélèrent, je le repousse.

— Ne me touchez pas !

Ses yeux se plissent, et un sourire narquois se dessine sur son visage pendant qu'il se rapproche de moi.

— Mais c'est qu'elle mordrait presque.

Mon regard fouille dans le décor, à la recherche d'une issue, il épie dans chaque recoin. Puis soudain, une idée.

— Si tu me suis sans broncher je ne te blesserai pas, la nouvelle.

Une pression entoure mon poignet pendant qu'il me tire au sommet du grand escalier. Le couloir aux portes apparaît de nouveau, et l'inconnu semble se diriger vers la première.

— Je vais chercher la directrice, tu m'attends là et tu ne bouges pas. Si je reviens et qu'il n'y a personne...

Son pouce rejoint son cou et trace une ligne horizontale. Un frisson parcourt l'ensemble pendant qu'il disparaît dans l'entrée.

Léna, qu'est ce que tu fous ? Tire-toi !

Mes pieds reculent, mon corps pivote, et mes pensées s'estompent peu à peu de mon esprit. Mes yeux se perdent dans le vide pendant que mes jambes m'entraînent vers la sortie de la bâtisse. Mon cœur rate un battement lorsque trois silhouettes passent la porte principale et avancent dans ma direction. Le tambour dans ma poitrine résonne de plus en plus lorsque je me jette au sol.

Du calme Léna. Surveille-les par-dessus la rambarde et tout ira bien.

Le son de leurs pas se rapproche, et je penche ma tête à côté de la pierre froide de l'escalier.

Merde, ils arrivent ! Je dois retourner dans la chambre où j'étais.

Je longe la balustrade, et une fois dans le couloir, mes jambes me guident vers l'ancienne pièce. Lorsque se dessine devant moi la fameuse tablette à empreintes, mes pulsations cardiaques s'arrêtent et ma bouche s'ouvre aussitôt.

Ce n'est pas possible, non !

— Je t'avais pourtant dit de m'attendre. Tu voulais te barrer où comme ça ?

Mon corps se fige. Mes yeux s'écarquillent. Mon cœur explose. Tous mes membres sont paralysés, m'empêchant de me retourner. Malgré la force que je déploie pour aller dans le sens inverse, cela ne l'empêche pas de me traîner avec facilité là où nous étions.

Le Royaume d'Aleyna T.1 [ EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant