Chapitre 11 : Il s'appelait Katsuki

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Il s'appelait Katsuki Bakugou et il était celui qui se rapprochait le plus d'un meilleur ami.

Difficile à croire pourtant. Il n'était pas bavard. Il criait et râlait plus qu'il ne discutait. Il n'était pas très apprécié par les autres élèves, ni même par la majorité des professeurs. Il était hautain, vulgaire, désagréable et tant d'autres encore. Pourtant, il n'était pas méchant.

Il n'a jamais raté un seul cours, même lorsqu'il était malade au point de s'endormir debout. Il avait les meilleurs résultats, une moyenne de dix-huit dans chaque matière et un dossier d'étude en béton. Il n'était dans aucun club, ni ne participait à aucun débat. Cela ne l'intéressait pas. Et il n'en avait pas besoin.

On s'est rencontré parce que j'étais dans sa classe. Et il a dénié de me regarder pour la première fois lorsque je suis perdu dans mes notes de physique. Dans sa hauteur, il a déclaré qu'il pouvait m'aider et qu'ainsi, je lui serait redevable. Comme il l'avait fait pour les autres. Il aimait s'imaginer indispensable. Il ne tenait pas en place. J'avais commencé par refuser. Mais ma moyenne baissait, il insistait encore et encore. Alors un jour, j'ai accepté son aide. Il m'aidait, et en échange, je faisais de même pour les moindre de ses petits soucis ridicules. Aussi étrange que cela puisse paraître, j'ai trouvé cela amusant.

Sûrement que lui aussi, car même une fois que mes cours de physique apparaissaient plus claires et plus facile, notre petit jeu ne s'est pas arrêté. Katsuki et moi discutions au lycée, puis on a commencé à traîner ensemble après les cours, par message.

Plusieurs fois, il m'a invité à des entraînements d'escalade. Il était fan d'escalade et voulait sans cesse prouver qu'il montait plus vite que les autres. À côté, je n'étais pas doué du tout, et Katsuki prenait un malin plaisir à s'en moquer.

Il était sportif. Le week-end, en dehors de ces cours de grimpe, il partait avec son père sur des sentiers de randonnée en montagne. Il pêchait également. Avec presque autant de patience qu'il n'en possédait pas en cours. Il savait conduire un petit bateau à moteur.

Il savait tout faire en réalité. Il n'avait pas besoin d'apprendre pour savoir. Il n'avait de nécessaire de se faire confiance. Et cela fonctionnait parfaitement. Construire un meuble ? Aucun problème. Une déficience technique dans un moteur ou n'importe quelle autre mécanique ? Il était sur le coup. Besoin d'en renseignement sur un cours ? Il avait la réponse. Besoin d'une écharpe ? Il savait tricoter. Cela énervait les autres pour la plupart, mais à titre personnel, cela m'impressionnait.

Rapidement, on est devenus amis. Dans le sens large du terme parce que pendant des mois, j'avais tout de même l'impression de le déranger en permanence. Mais on s'entendait bien. Le courant passait bien entre nous.

Je ne lui ai rien dit sur les lettres, ni les fantômes. Je lui cachais l'Errant insupportable que j'avais à ce moment. Il n'a jamais rien su à ce sujet. J'étais heureux avec Katsuki. Je ne voulais rien gâcher.

Un soir comme beaucoup d'autre avant celui-ci, il m'a reçu chez lui. Je l'avais sollicité pour un contrôle à venir. En réalité, cela ne me servait que d'excuse. Cela faisait quelques temps à présent qu'il me plaisait, et je voulais lui dire. J'étais bien moins sur la touche qu'à présent. Lorsque je me suis confessé, il m'a embrassé. J'étais encore plus heureux.

Pendant des mois, il m'a inclus dans ses sorties. Je suis monté dans les montagnes avec lui, j'ai attrapé ma première truite, je l'assistait dans ses courses à l'escalade (j'avais définitivement abandonné les essais). Il s'en foutait de savoir ce que les autres pensaient de nous. C'était rafraîchissant.

Notre relation a duré presque un an.

Katsuki était mon premier baiser. Ma première fois. Ma première expérience tout simplement. C'était particulier vu le personnage qu'il était mais j'ai apprécié chaque instant.

Je ne pensais pas à ce que me faisait mon père, je n'étais pas émancipé et ainsi, je courrais me réfugier chez Katsuki presque tout le temps.

Si ce n'était pas pour la pêche, Katsuki n'était pas patient. Il aurait couru chez moi pour lui casser la tronche s'il avait pu. Je l'en ai empêché. Parce que Katsuki allait toujours au bout de ses projets et si certains étaient intéressants, d'autres étaient plus effrayants. Il était du genre à s'énerver pour un rien, et à exploser dès que quelque chose n'entrait pas dans les valeurs qu'il défendait.

Il se lavait les dents avec tellement de hargne qu'au bout d'une semaine à peine, il devait changer de brosse. Il en avait toute une réserve, mais aucune carrie. Jamais, après tout, c'était Katsuki.

Il avait un groupe d'amis avec qui on faisait beaucoup de chose. C'était complétement différent des moments qu'on passait à deux, et j'avais l'impression de découvrir une autre facette de lui à chaque fois. Avec ce groupe, j'ai appris qu'il aimait les granités à l'orange et qu'il préférait les chiens aux chats. Sauf lorsque le chat était roux. Ceux-là, il les aimait bien. Ils le faisaient marrer. Il avait dit que malgré tout, il adopterait un chien. Une grande race comme un malinois ou un berger allemand.

Plus le temps passait, plus je tombais amoureux.

Je me souviendrai toujours de la dernière journée qu'on a passé ensemble. L'année scolaire venait à sa fin. Il ne restait qu'une ou deux semaines avant nos examens.

Il m'avait invité chez lui, c'était toujours lui qui m'invitait. On a passé la plupart du temps à réviser, puis à s'embrasser. Ses parents sont partis tout les deux pour la soirée. On en a profité.

Je n'ai jamais pensé que Katsuki puisse avoir des problèmes de santé. A ma connaissance, il n'en avait pas. Il bougeait beaucoup, très souvent, il faisait attention. Il était au top pour tout, il l'était aussi pour sa propre santé.

Le lendemain je me suis réveillé avant lui. Cela n'était jamais arrivé avant, parce qu'il était réglé comme une horloge et il n'était jamais en retard. Pour une fois, je l'ai regardé dormir.

En ce matin de juin, Katsuki ne s'est jamais réveillé. Pendant la nuit, son cœur s'est arrêté. Il n'y avait aucun motif qui justifiait une telle chose.

Une bête crise cardiaque.

Je n'ai jamais reçu de lettre avec son nom à l'encre noire. Je n'ai jamais parlé à son âme.

Ce jour-là, Katsuki Bakugou est mort. Il était ce qui se rapprochait le plus de mon meilleur ami. Il était tellement de choses, et il est parti.

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Ton nom noir sur blanc [TodoDeku]Where stories live. Discover now