Chapitre 14 : Nouvel espoir

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Nana Shimura était une femme décédée dans sa trentaine, dix-huit ans plus tôt, d'une manière accablement triste et dont les raisons demeuraient mystérieuses.

Sa mort avait été écrite dans les moindre détails, sans que jamais personne ne comprennent le pourquoi du comment. Chacun avait leur supposition sur un tel acte.

Aujourd'hui et par l'intermédiaire de Nemuri, j'appris plus de choses sur l'au-delà que si j'étais mort.

— La Mort possède une sorte de hiérarchie, explique Nana. La Mort elle-même, les Juges, les Faucheuses, les Guides et les Âmes. Lorsque une Âme meurt sous la faux d'une Faucheuse, elle est envoyée devant les Juges, qui décident de son sort. Parfois, les Âmes ne l'acceptent pas et errent sur terre. Les Guides sont là pour rétablir l'ordre et les envoyer devant les Juges. C'est une question d'équilibre.

Un nombre incalculable de question me viennent en tête. Comment la Mort peut-elle savoir quelles âmes vont refuser leur sort ? Qui envoie ces lettres ?

— De mon vivant, j'étais Guide. Comme toi, j'aidais les Âmes à trouver la paix.

Il y a un silence. Je ne sais pas si je dois dire quelque chose. J'observe Nemuri, qui ne dit plus rien non plus. Est-ce que Nana est toujours là ? L'Errante baisse finalement les yeux et soupire.

— Je lui ait parlé de ta situation et de ton plan commence Nemuri à voix basse. Nana était dans la même situation et elle en a trouvé une solution.

Une douce chaleur naît au creux de ma poitrine. Une chaleur agréable, qui ne brûle pas. Je lève les yeux, soudain plein d'espoir, vers Nemuri. Cet espoir disparaît aussitôt devant l'expression de son visage, voilé d'ombre. Lorsqu'elle reprend la parole, c'est pour répéter les mots de Nana :

— Un jour j'ai reçu une lettre avec le nom de mon fils inscrit dessus. Dès lors, j'ai cherché tous les moyens pour empêcher sa mort. Je refusais la perte de mon garçon. J'ai trouvé une solution.

— Laquelle ? demandai-je prudemment, la voix pleine d'inquiétude.

— Si la Mort était un équilibre, alors chaque âme avait une balance. À la seconde où mon fils est mort, je me suis tuée. Je suis trouvée avec lui devant les Juges et je les ai supplié d'échanger son âme avec la mienne. Ils ont accepté. Après tout, il faut croire que ma valeur égalait celle de mon fils... ce dernier est alors revenu à la vie et puisque mon sacrifice avait coûté la vie d'une Guide, j'ai été condamnée à devenir une Âme perdue.

Par réflexe, je jette un oeil aux dates gravé sur sa tombe. La date de sa disparition indique le onze janvier de mon année de naissance. Fronçant les sourcils, je comprends alors que j'étais né Guide pour la succéder. Il n'est pas impossible alors que la lettre d'Izuku ne soit que le rendu de la pièce de Nana et de ses actes. Je ferme le poing sur ma cuisse. La mâchoire serrée, je lui en veut. Si la Mort n'était qu'équilibre et balance, alors quelqu'un devait payer la responsabilité des conséquences à la place de Nana.

Ce n'est pas une solution.

La mort m'a pris Katsuki, elle veut me prendre Izuku. Et si la seule manière de l'empêcher et de me suicider, alors je préfère autant me résigner et la laisser faire.

L'errance éternelle ne m'attire pas du tout.

— Shoto ?

Je tourne la tête. Izuku est là. A quelques mètres de moi. Izuku et ses cheveux bouclés qui lui tombent sur le front. Izuku et ses beaux yeux verts. Je ne l'ai pas entendu arriver. J'ai conscience que Nemuri et Nana nous observent mais je ne vois plus que lui. Et si Nana peut réaliser qu'il est hors de question que je suive son plan, alors qu'elle ouvre bien les yeux.

— Tout va bien ? s'inquiet-t-il. Je t'ai vu parler.

Il s'avance lentement et s'assoie à côté de moi dans l'herbe humide. Il détaille la tombe de Nana en silence avant de demander en chuchotant :

— Tu la connaissais ?

Je secoue la tête.

— Plus ou moins... Elle...

J'inspire. Il faut que je me trouve une excuse pour sortir de là.

— Elle n'a pas de fleurs, je me suis dit qu'elle devait se sentir seule si personne ne vient...

Il sourit tristement.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? lui demandai-je.

— C'est un chemin plus rapide pour rentrer chez moi. C'est un peu morose mais comme ça, j'évite la route et l'heure de pointe. C'est moins risqué. Je me suis dis que ce serait bien de prendre l'habitude de l'utiliser.

Nous échangeons un regard sourd de sens. Nemuri a raison, je dois être honnête avec lui. Je dois le mettre au courant.

— Je...

— Tu...

Nous commençons notre phrase en même temps et les jours rosées, je l'invite à reprendre :

— Toi d'abord...

Ses joues aussi changent de couleur.

— J'allais te proposer de venir chez moi avant la soirée d'Ochako. Mon père est reparti et puis... J'aimerais aussi te parler.

Je hoche la tête lentement. Je ne trouverai sans doute pas de meilleure occasion pour mettre le sujet sur la table que celle qu'il vient de m'offrir.

— Tu ne viendra plus chez moi ? Maintenant que ton père est parti ?

Izuku secoue la tête et sourit. Il a pris l'habitude de venir dès l'arrivée de son père. Ce dernier travaille dans le commerce et voyage presque tout le temps. Lorsqu'il est présent, ce n'est que pour un week-end ou juste quelques jours seulement. Ce ne sont jamais des journées très agréables pour Izuku.

— Bien sûr que je reviendrai !

Dans un geste instinctif, il se saisit de ma main et la presse dans la sienne. Je lance un discret regard à Nemuri. Celle-ci salut Nana et la remercie pour son aide, avant de nous suivre à quelques mètres de distance. Nous marchons de cette manière jusqu'à l'immeuble de mon ami. Je l'ai laissé me guider, et j'ai bien remarqué que nous avons pris aucune route qui ne soit pas nécessaire d'être empruntée.

Au fond je me demande si Izuku n'aurait pas déjà deviné un morceau de l'histoire.

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Ton nom noir sur blanc [TodoDeku]Where stories live. Discover now