Chapitre 6 : Réconfort

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Garder mon calme est une de mes spécialités. Pendant des années j'ai appris à la maîtriser et à faire bonne figure avec des Errants. Pour que personne ne devine jamais quoi que ce soit.

Depuis le premier jour, à l'enterrement de Touya, jusqu'à aujourd'hui, cette parfaite maîtrise n'a été brisée que deux fois. Par ma sœur et Katsuki.

Garder mon masque neutre et inaffecté devant des inconnus, je m'en suis servi autant de fois avec des Errants qu'avec des vivants. Et encore une fois, en dehors de ma famille et de Katsuki, je tenais bien la route. C'était devenu facile à faire. Personne ne se posait des questions. C'est comme ça et puis c'est tout. Cela me convient, j'apprécie le calme, le silence, l'absence d'interrogation silencieuse des autre.

Pour la troisième fois, j'ai envie de lâcher ce masque et cette perfection.

Izuku a ma gauche, il mord dans un bonbon en gélatine. C'est lui qui les a apporté en arrivant ici. Une boîte entière, qu'il a ouvert et posé entre nous deux. Mon envie de l'imiter et de tout lui raconter se bouscule dans ma tête mais se perd en arrivant dans ma gorge. Comment lui expliquer sans passer pour plus qu'étrange que ce qu'il doit probablement penser ?

Je mords dans un bonbon. J'aurai dû réfléchir avant de lui envoyer ce message.

— Merci.

Je relève la tête, coupé dans mon élan par l'intervention de mon ami. Perdu dans mon stress, j'en ai perdu le fil.

— Pour ?

— M'avoir invité. Ton message est tombé au moment parfait.

Je fronce les sourcils. Ne m'avait-il pas dit qu'il était avec son père ? Ma tête doit être amusante à regarder parce que je le vois sourire légèrement.

— Ça m'a servi d'excuse à vrai dire, explique-t-il. Quand mon père revient à la maison, ce ne sont jamais de très bonnes soirées. Alors je me suis servi de ton message pour m'éclipser. Merci.

Je mets un peu de temps avant de réagir. Je n'étais pas au courant de cela, il ne l'avait évoqué avant. Ma main sur la sienne, je lui souris en retour. 

— Sache que tu peux venir ici n'importe quand, la porte te sera ouverte. 

Ses doigts se referment sur les miens. Je le vois hésiter avant de renoncer. C'est hypnotisant de le regarder faire. Je me sens prisonnier autant que libre de toutes mes chaînes. Je n'avais jamais tenu sa main et s'essayait de ne pas y penser pour ne pas dévier de toute raison. 

— Merci, murmure-t-il encore.

Et puis il toussote et détourne le regard. Il attrape un nouveau crocodile rouge et le mâchouille rapidement. A cet instant précis, j'ai l'impression que nos rôles se sont échangés. Moi qui cherchais à briser un moment de solitude, je me retrouve à parler avec lui, qui avait besoin d'une présence. Comme avec les Errants. Sauf que cette, j'apprécie la compagnie. Je souris légèrement avant de me redresser.

— Ça te dis de regarder un film ? demandai-je, sentant qu'il n'y avait plus rien a ajouter. On peut revoir All Might : L'affrontement final si tu veux.

Izuku hoche la tête avec un grand sourire et s'installe au fond de mon lit. De mon côté, j'attrape mon ordinateur portable avant de prendre place à ses côtés. Le temps que l'écran s'allume, Izuku se penche vers moi et passe du bout des doigts sur les autocollants bien accrochés à mon ordinateur.

— Sympa les grenades, dit-il avec un sourire dans la voix.

— Un ami les a collé pour moi.

— Un fan d'explosifs ?

— Plutôt une bombe à retardement lui-même.

Izuku me sourit encore et je lance enfin le film. Je sais qu'il a l'a déjà vu des centaines de fois, c'est l'un de ses préférés. Pourtant Izuku a les yeux remplis de bonheur et rien que pour cela, je n'aurai pas choisi d'autres films.

Il le suit comme si c'était la première fois, et je n'ose plus bouger. J'ai lâché sa main quand il s'est installé. Si la reprenais, dans ce contexte si différent de plus tôt, est-ce que cela serait trop déplacé ? Je m'enfonce dans le matelas, glissant vers lui et le creux formé sous son poids. On est déjà si proches.

•••

J'ai du m'endormir avant la fin du film, parce que je ne me souviens pas de comment je me suis retrouvé avec ma couette sous le menton, la pièce plongée dans le noir et Izuku profondément endormi à ma gauche. C'est une ambiance assez particulière, silencieuse sans être oppressant.

Je remarque sans peine la faible lueur grise dans un coin de la pièce.

Nemuri me regarde droit dans les yeux et mon instinct me hurle que ce n'est pas bon signe. La voir ainsi aussi bien installée, aussi confiante alors qu'elle est partie sans un mot plus tôt ne me dit absolument rien qui vaille. Je peux clairement lire dans ses pensées, celles qui me disent qu'elle a réfléchi à quelque chose et que ce quelque chose est mauvais.

De plus, son aura n'est pas sensée être aussi grise, pas aussi prononcée. J'en ai déjà vu des commes cela, une ou deux fois. En vérité, une ombre aussi grise, même sous les lumières et néons éteints, me trouble plus qu'elle ne m'effraie.

Izuku ne peut pas l'entendre. Malgré tout elle ouvre la bouche et chuchote tout bas. A moitié endormi, je dois tendre l'oreille au maximum pour l'entendre.

— Je te propose un marché. Je t'aide à conquérir ton chéri ici présent et en échange, toi, tu m'aides à revenir parmi les vivants.

•••••••••

Bonsoir ! Bonne fin de semaine !

Quoi de mieux pour la terminer que d'avoir un petit chapitre ?

J'amène un peu d'action, doucement mais sûrement :) Qu'en pensez-vous ?

Des bisous, Koala.

Ton nom noir sur blanc [TodoDeku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant