Le Cas Ivy (En Pause)

Gueule de bois

Il devait être neuf heures lorsqu'elle se leva et tomba sur Lestrade ronflant dans le canapé. Vu la quantité industrielle d'alcool qu'il avait ingurgité, elle ne fut pas vraiment étonnée. Elle se prépara un petit déjeuner et s'aperçut vite que ses deux colocataires n'étaient pas là.

Elle s'installa dans un fauteuil et commença à manger tout en regardant son téléphone. Lorsque le commissaire de police se réveilla, elle ne leva même pas les yeux de l'écran et lui tendit une tisane. Au bout de quelques minutes elle lança

"-Je suppose que vous ne savez pas où ils sont.

-De qui parlez vous?

-John et Sherlock, ils ne sont pas là. Ils ont dû partir il y a quelques heures. Sûrement en prenant le train, car, en ce moment les jours sont doux à Londres et ils ont pris de quoi se couvrir. John a par ailleurs prit son carnet de notes: ils sont allés résoudre une affaire mais impossible de trouver quoi que ce soit sur internet et vous devez avoir accès à la base de données de Scotland Yard, ça m'embêterait de devoir la pirater encore une fois.

-Vous avez piraté Scotland Yard?!"

Elle se mordit la lèvre et marmonna un "peut être" presque inaudible.
Il passa sa main sur son visage.

"-Et vous avez quel âge ?

-Vingt cinq ans. Oui, je sais, je parais plus jeune, on me le dit souvent." ajouta-t-elle devant la mine étonnée de l'inspecteur.

"-Peu importe. Vous n'avez même pas trente ans et vous avez réussi ce que des dizaines de criminels professionnels ont essayé de faire.

-Sans vouloir vous vexer, c'était plutôt simple...

-Mon dieu. Bref, je n'y ai pas accès de mon portable mais je peux appeler Jonh."

Ils ne répondaient pas.

"-Vous ne pensez pas qu'ils ont pu sortir, vous savez, partir en week-end...?

-J'en doute. John n'est pas un lève tôt et Sherlock pas vraiment romantique, il y a peu de chan-...

-Romantique? Pourquoi le serait il?"

Elle s'installa plus confortablement dans son fauteuil.

-Monsieur Lestrade, vous m'êtes très sympathique mais je dois avouer que votre sens de l'observation laisse à désirer." Elle le regarda dans les yeux et parla plus lentement. "Prenons quelque chose de simple... À votre avis, combien de chambres y a-t-il dans cet immeuble?

-Je ne sais pas...

-Deux. En sachant que j'en utilise une, que déduisez vous?

-Oh. Depuis combien de temps sont ils...?

-La... Hum... "Résurrection" de Sherlock je dirais. Donc quatre ans peut être. Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi est ce que John s'était séparé de Mary?

-Effectivement."

C'était vraiment évident. Tous leurs proches le savaient ou l'avaient deviné. L'homme prit sa tête dans ses mains.

"-Vous avez bu votre tisane?

-Oui.

-Bien. Molly a-t-elle dormi ici aussi?

-Non. Elle a des obligations maintenant." Dit il un petit sourire aux lèvres.

"-Ah oui bien sûr." Elle réfléchit un instant "Dites, vous ne devriez pas être au travail ?

-Nope, jour de congé."

Elle ne savait pas tenir une discussion et le portable de Lestrade se trouvait entre les deux personnages. Ils attendaient toujours que Sherlock ou John les rappellent. Elle retourna à ses recherches.

Il désigna le téléphone du menton et dit

"-On devrait peut être retenter."

Nouvel échec.

Mme Hudson rentra dans la pièce. Ivy lui proposa une tasse de thé, offre qu'elle déclina en voyant que tout allait bien.

Lestrade proposa d'attendre les deux hommes avec elle. La jeune femme lui répondit qu'elle n'était pas forcément de très bonne compagnie sur le long terme mais estima qu'il était en trop mauvaise état pour conduire.

Elle était incapable de rester dans la même position plus de quelques minutes et fini la tête en bas et les jambes le long du dossier du fauteuil, pas déconcentrée le moins du monde.

Un moment plus tard, elle soupira, posa son téléphone sur son torse et laissa sa tête tomber, ses cheveux se répandant sur le sol.
Elle regarda l'inspecteur qui s'acharnait à lire le journal malgré son mal de tête.

"-Pourquoi vous faites ça?

-Faire quoi?

-Boire comme ça. Ça vous met à l'envers."

-Vous avez déjà une petite idée, je me trompe?"

Elle ne répondit pas et le regarda se lever.

"-Allez y, passez moi au rayon X si ça vous amuses." Dit il en soupirant

Il se dirigea vers le frigo

"-Qu'est ce que vous faites ?

-Il faut soigner le mal par le mal."

Il revint une bouteille à la main.

"-Je vous écoute, quelles sont vos hypothèses sur le -Oh combien stupide- inspecteur Lestrade ?

-Hum... Vous avez été marié pendant plusieurs années et votre divorce est relativement récent. C'est par ailleurs difficile pour vous de savoir que personne ne vous attends chez vous, d'où votre insistance pour rester ici. Vous avez eu plusieurs aventures depuis votre séparation mais rien de sérieux. Vous sentez le parfum bon marché et vos vêtements sont mal coupés: vous ne roulez pas sur l'or. Vous tenez assez bien l'alcool et je vous soupçonne d'en consommer un peu trop régulièrement si je puis me permettre. Et, bien que vous ne soyez pas très observateur, je ne vous pense pas dénué d’intelligence.

-Hum..."

Il but une gorgée du liquide et lui tendit la bouteille. Elle se remit en position assise et la saisie.