❝Ouvrez des écoles et vous fermerez des prisons.❞ - V. Hugo (1802-1885)
A 150 kilomètres de toute civilisation, se trouve un prestigieux établissement. Enfin, il l'était, avant que la directrice décide d'y accueillir de nombreux jeunes bagnards, en...
Son frère fit volte-face et la fixa d'un air amusé.
« Si tu pressais un peu le pas, t'aurais peut-être plus chaud. »
Ava fronça les sourcils, pas convaincue.
« Allez ? On fait la course ! »
La brunette lui jeta un regard ahuri. Mais il avait quel âge, sérieusement ?
« La... course ? »
Le garçon lui jeta un sourire irrésistible, se retourna, et détala vers les profondeurs du bois. Ava soupira et se précipita à sa suite.
Elle le voyait encore, au loin. Sa silhouette élancée, sombre, s'enfonçait de plus en plus dans la forêt dégarnie par l'hiver. L'adolescente, à bout de souffle, ralentit et se mit à marcher. Sa gorge la brûlait et son nez, gelé, piquetait.
Son frère avait disparu. Ava s'assit sur une souche et refit ses lacets. Elle parcourut les alentours du regard. Impossible de se souvenir par où ils étaient arrivés. Il faut dire que la jeune fille n'avait un sens de l'orientation que très limité.
Et soudain, elle sentit quelque chose lui tomber sur la tête.
Sa première pensée fut pour Newton et sa pomme.
Sa seconde fut de lever la tête pour trouver l'origine du projectile, qui s'avérait être un copeau de bois.
Quelle ne fut pas sa surprise quand son regard se posa sur deux yeux bleus, perçants, qui la scrutaient attentivement, une lueur étrange dansant dans leurs pupilles.
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Katerina, perchée dans son arbre, savourait la brise légère qui glissait sur ses joues et faisait voler son indomptable chevelure noire. De sa branche, elle sentait les rayons du soleil, doux comme ceux qu'on peut espérer en hiver, caresser son visage. Elle savourait la quiétude de la forêt endormie par le froid.
De plus, Katerina avait trouvé une splendide bûchette. Grâce au couteau qu'elle avait discrètement emprunté, elle allait pouvoir tailler un totem. Bien qu'elle sût que ce genre de breloque ne servait à rien, elle aimait s'en entourer. Après tout, si son père les avait longtemps collectionnées, il devait y avoir une raison !
Passant ses doigts dans ses longs cheveux noirs elle sourit. Elle aimait beaucoup la manière dont elle avait semé ses accompagnateurs !
Ce weekend-là, la famille d'Allison était de visite. Jean-Mich, qui avait toujours eu du mal à les supporter, avait proposé une balade en forêt. Katerina avait souri. Quelle parfaite occasion pour prendre un peu l'air ! Jean-Mich ne pourrait pas la surveiller tout en essayant d'échapper aux étranges parents de sa femme. Et, en effet, personne ne l'avait vue s'enfoncer dans l'épaisse végétation hivernale des bois. Il faut dire que la brume l'y avait bien aidée.
Elle avait couru entre les arbres gelés, sans bruit, son souffle calé sur celui de la forêt.
Elle fixa le bout de bois.
Ce totem serait un loup.
Elle se mit rapidement au travail. Le loup prenait forme entre ses mains.
Soudain, un mouvement l'arrêta.
Un jeune homme déboula en courant, se retourna légèrement, et repartit de plus belle. Katerina attendit. Elle voulait savoir qui poursuivait le puissant jeune homme.
Quelques instants plus tard. Une jeune fille arriva. Elle s'arrêta à l'orée de la minuscule clairière qui entourait l'arbre de Katerina. Cette dernière sourit.
La demoiselle se mit à marcher, le souffle court. Elle semblait chercher quelqu'un.
Katerina, dans son arbre, fixait l'intruse, calmement, tout en recommençant à tailler son loup.
Cette dernière s'approcha de l'arbre et s'assit sur la souche. Elle refaisait ses lacets lorsqu'un copeau tomba dans ses cheveux. Elle sursauta, et, après un instant, leva la tête.
Elle se figea devant le regard calme et puissant de Katerina. Elle ressemblait, à cet instant, à un lapin prit dans les phares d'une voiture.
Elles continuèrent à se fixer quelques instants, Katerina, en haut, qui attendait une réaction de la part de la jeune fille, et Ava, en bas, qui se demandait comment réagir.
Katerina se mit à sourire.
Ava s'enfuit.
Et Katerina tailla.
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Ava s'arrêta, presque courbée en deux par l'effort, devant son frère. Ce dernier l'attendait, debout contre un chêne, les bras croisés. Un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres.
« Quelle sportive... »
Sa sœur lui jeta un regard mauvais.
« Merci de m'avoir attendue, ironisa-t-elle, La prochaine fois, on "passera des bons moments en famille" en ville, autour d'un bon chocolat chaud, d'accord ? »
Luis leva les yeux au ciel. Il annonça, d'un ton faussement autoritaire :
« On rentre, Ava, tu te feras un chocolat à la maison. »
La jeune fille lui emboita le pas en bougonnant, jouant à la perfection son rôle de petite sœur grincheuse. Mais son esprit était ailleurs. Préoccupé par la rencontre qu'elle avait faite. Encore une fois. Car cette fille, décidemment, ne lui inspirait pas confiance.
Un étrange pressentiment l'assaillit. Cette vie nouvelle, qui avait commencé quand elle avait retrouvé son frère, semblait trop belle pour être vraie. Quelque chose lui disait que cette douce quiétude ne durerait pas.
L'Institut Carlisle finirait pas les rattraper, tous.
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Bonjour à tous, voilà enfin le chapitre 25 !
J'espère qu'il vous a plu et je m'excuse encore une fois pour ma longue absence.
