Chapitre 20

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« Et maintenant, madame, que fait-on ? »

La directrice darda son regard impassible sur son employé, avant de lui répondre sèchement :

« Comment ça, que fait-on ? »

L'homme baissa les yeux sur le dossier posé devant lui et marmonna :

« Par rapport aux meurtres, je voulais dire...

- Et bien, Charles, lâcha-t-elle d'un ton nonchalant, Qu'en est-il ? »

L'homme soupira.

« Allons-nous agir auprès des familles des victimes ? »

Cette fois, la femme haussa même les épaules et déclara :

« On leur verse un petit lot de consolation, j'imagine... »

Puis elle s'empara d'un bouquin à moitié entamé et se replongea dans sa lecture. Le silence régnait sur la pièce. L'air était lourd, presque irrespirable. L'homme restait debout, hésitant, ne sachant quelle attitude adopter.

Edwina demeurait absorbée par sa lecture. C'était la première fois que Charles la voyait ainsi, pieds nus et vêtue d'un simple kimono. Bien que ce dernier la couvrît du cou aux chevilles, ses contours moulants dévoilaient une silhouette menue et des courbes féminines. Bien entendu, cette femme, sa supérieure, était bien plus âgée que lui. Mais aucun de ses employés ne résistaient au charme sensuel de Mme Carlisle - et Charles comprenait désormais pourquoi.

Les cheveux argentés de la femme étaient lâchés et retombaient souplement sur ses épaules, jusqu'au haut de sa poitrine. Sa peau diaphane et ses traits harmonieux étaient tels qu'il était impossible de lui donner un âge précis. D'après sa chevelure d'un blanc immaculé, sa manière de s'exprimer, son autorité et son style vestimentaire, on lui prêterait volontiers un âge avancé. Mais à y regarder de plus près, on remarquerait l'absence de rides et de traces de vieillesse sur son visage, la sveltesse de ses mouvements, la verticalité de son dos. Edwina Carlisle était une énigme à elle seule.

Ses sourcils étaient légèrement froncés, et ses lèvres pulpeuses esquissaient une moue naturelle. Ses pommettes étaient hautes et rondes, un peu rosées. Sa mâchoire était délicate, son nez, droit et fin, et ses yeux gris, frangés de longs cils clairs.

Edwina Carlisle, la reine de glace de l'Institut. Un courant d'air froid entra dans le bureau par la porte entrouverte, faisant grelotter Charles. La femme, elle, ne cilla pas. L'homme se fit la réflexion que le surnom de la directrice ne lui avait jamais autant correspondu qu'à ce moment précis.

L'employé se baissa alors, feignant de renouer son lacet. Il put alors apercevoir le haut de la couverture du livre. Des couleurs chaudes. Un visage. Il se pencha encore, pour tenter d'apercevoir le titre... Soudain, le livre fut reposé sur les genoux de sa propriétaire. Cette dernière se racla la gorge.

« Charles, que faites-vous ? »

L'homme se releva, penaud, et déglutit péniblement.

« J-je refaisais mon lacet ? »

Son excuse ressemblait plus à une question qu'à une déclaration. Il croisa le regard acier de sa supérieure et retint sa respiration, prêt à recevoir un sermon réprobateur. Cependant, Edwina se contenta de lever un sourcil, lui confirmant qu'elle ne croyait pas un mot de son excuse pitoyable.

« Vous aviez autre chose à me dire, Charles ? Ou aimeriez-vous que je vous fasse la lecture ? railla la directrice en désignant son livre d'un geste moqueur. »

Charles trouva la force d'esquisser un timide sourire et répondit, reprenant le dossier qu'il avait apporté avec lui :

« J-je me demandais si nous allions effectuer une sorte de... d'intervention auprès des élèves, après les vacances, afin de... prévenir d'éventuelles tentatives de meurtres ? »

A sa grande stupeur, Edwina éclata subitement de rire. Le jeune homme la suivit des yeux, quelque peu inquiet, alors qu'elle se levait et s'approchait de lui. La femme posa sa main sur son épaule, lui envoyant des frissons dans le dos.

« Mon cher Charles... »

Puis, elle arracha brusquement le dossier des mains de son employé. Soudain, sans le feuilleter, sans y jeter un seul regard, elle le balança dans le feu qui brûlait dans la cheminée. Les flammes lacérèrent en un instant toutes les recherches faites par les agents qui étaient intervenus sur les lieux des crimes de la semaine précédente. Tous les indices qui leur permettraient de faire avancer l'enquête. Les photos des victimes et des suspects. Partis en fumée. Littéralement.

« Nous n'avons pas besoin de tout cela, sourit la femme. »

Charles était ahuri. Elle était folle. Tout simplement folle.

« Qu'y a-t-il ? Pourquoi me regardez-vous avec cet air ébahi ? »

L'homme cligna des yeux, hébété, et désigna le feu d'un geste vague de la main. Edwina secoua la tête.

« Allons, Charles, ne vous inquiétez pas pour ces quelques papiers insignifiants... »

Puis, sur le ton de la confidence :

« De toute manière, les élèves seront calmés, après leurs vacances... Et puis, tout est là-dedans... (Elle montra sa tête d'un geste complice.) N'est-ce pas ? »

L'homme hocha lentement la tête, toujours sonné.

« Bien, reprit Edwina d'un ton enjoué, Comment prenez-vous votre thé, Charles ? Du sucre, du lait ? »


 

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Hello !

CHAPITRE 20, déjà !!! J'y crois pas, j'ai dû mal compter à un moment, douée comme je suis X_x

Bon, je dois vous avouer que ce court chapitre n'était pas prévu, à la base, mais j'ai craqué ! ^^

Il sert juste de passage entre le dernier chapitre (Katerina) et le prochain (Ava) qui devrait arriver bientôt... Tout dépend de mon inspiration cette semaine !

Bref, voili voilou, j'espère qu'il vous a plu quand même...

N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez d'EDWINA CARLISLE. 

(Perso, je l'aiiiime !!! xD)

A bientôt !

A bientôt !

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Bienvenue à l'Institut CarlisleWhere stories live. Discover now