Bienvenue à l'Institut Carlisle

Chapitre 3

8 :35. La jeune fille attacha sa trop longue chevelure en une queue de cheval sage. Ava affronta son reflet dans le miroir, les sourcils froncés, et grimaça.

Ses yeux encadrés de longs cils lui semblaient trop grands et elle trouvait ses sourcils trop épais. Ses lèvres roses trop remplies et sa peau trop claire. Elle détacha ses boucles brunes, les laissant cacher la majeure partie de son visage. C'était décidé, elle garderait sa coiffure habituelle.

Puis, elle se tourna vers sa valise. Il lui fallait trouver une tenue adéquate. Cet institut, à première vue, avait un aspect assez austère et sévère, et même si Ava n'y avait encore rencontré que Jasper, le gardien qui l'avait escortée jusqu'à sa chambre, elle préférait faire une bonne première impression. Elle opta donc pour une tenue simple, constituée d'un pantalon, d'une chemise et d'un gilet de couleurs sobres. Pas de maquillage. De toute manière, l'adolescente n'était pas de celles qui aiment attirer l'attention.

L'adolescente s'engagea dans le couloir. Se remémorant les indications que lui avait donné Jasper la veille, elle se dirigea vers ce qu'il avait appelé la « Salle d'examen ». Elle frappa à la porte – et ce geste lui rappela sa désastreuse arrivée – et attendit. Elle ne dut pas patienter bien longtemps – en comparaison avec le jour précédent – car une jeune femme vêtue de blanc lui ouvrit presque immédiatement et l'invita à entrer.

Il s'agissait d'une pièce immense et sombre. La faible lumière pénétrait à peine par la fente des rideaux tirés. Les yeux d'Ava commencèrent à s'habituer à l'obscurité et elle remarqua, derrière les rideaux, que les fenêtres étaient garnies de barreaux. Elle se tourna vers la femme qui l'avait fait entrer, afin d'obtenir une explication de sa part, mais celle-ci avait disparu. L'adolescente ne l'avait même pas vu sortir de la pièce.

Ava avança prudemment vers le milieu de la salle. Elle ne rencontra aucun obstacle. La pièce était-elle donc vide ? Ce serait la deuxième fois en moins de 24 heures qu'elle se retrouvait seule. L'adolescente était quasi-certaine que cela ne présageait rien de bon. 

Soudain, une main invisible agrippa son pied droit. Elle fit volte-face mais un coup violent au niveau de sa nuque la propulsa au sol. La jeune fille eut juste le temps de s'appuyer sur son avant bras pour se relever avant qu'un nouvel impact, au ventre cette fois, la fit se tordre de douleur. Un rire machiavélique retentit dans la salle, se répercutant en écho dans ses oreilles. Ava se redressa à nouveau.

Mais la main la cloua à nouveau au sol, empoignant ses boucles brunes. L'adolescente hurla de souffrance, tandis que l'être invisible lui griffait le dos. Un unique ongle transperçait la colonne vertébrale de la lycéenne, rencontrant d'anciennes blessures. La douleur était insoutenable. Ava se roulait sur le sol, le corps meurtri. Haletante, suffocant et toussant, regroupant toutes ses forces restantes, Ava tenta de ramper vers la porte, d'où s'échappait un rayon lumineux.

Arrivée au niveau de la porte, elle parvint tant bien que mal à atteindre la poignée. Au moment où elle voulut baisser cette dernière, la main se posa sur son épaule. Une voix de femme retentit :

«Arrêtez ! C'en est assez ! J'en ai vu suffisamment et... je pense que l'enfant a assez souffert. »

La jeune fille était parfaitement d'accord.

« Cessez tout cela immédiatement. »

La main se retira. La lumière s'alluma. Ava fondit en larmes. La voix reprit, caressante :

« Mais non, voyons ! Tu ne vas pas pleurer pour ça... La, la, la, tout va bien... »

Quelqu'un passa son bras autour de ses épaules meurtries. Ava ouvrit lentement les yeux et l'inconnue s'empressa de retirer son bras et de prendre une expression indéchiffrable. La brunette reconnut la femme à qui Lionel avait parlé le jour précédent. Elle portait, ce jour-là, un tailleur de coupe identique à celui de la veille, d'une teinte bordeaux qui faisait ressortir la blancheur éclatante de ses cheveux, retenus en chignon.