Chapitre 21

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Un coup de klaxon. La jeune fille sursauta et se jeta sur le trottoir, évitant de justesse une vieille Peugeot cabossée. Elle renifla et fut prise d'une quinte de toux. Ava pesta contre le rhume qui lui brûlait la gorge et releva le col de son manteau.

Elle marcha quelques minutes le long de la rue, traversa un carrefour et descendit un petit escalier de pierre qui la mena à l'entrée d'un parc. Un vieil homme au visage maigre et ridé, seul, se trouvait là, assis sur un tabouret bancal. Avec ses vêtements en loques, sales et usés, ses gants troués et ses chaussures pleines de trous, il était encore plus à plaindre qu'elle.

L'odeur des marrons chauds la fit saliver. Le ventre d'Ava gargouilla et elle mit la main à sa poche. Les mots sinistres de la commissaire de police revinrent soudain la hanter : « N'oublie pas : au moindre faux pas, direction la prison. Bonne rentrée à l'Institut Carlisle, Mademoiselle Della Rovere, et à bientôt... ».

Une vague de culpabilité la submergea, suivie de légers picotements au coin de ses yeux. La brunette était épuisée. Quelle journée...


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Après une courte conversation avec sa mère - qui fut bien moins bavarde et extravertie qu'à son habitude, sans pour autant témoigner d'hostilité à l'égard de sa fille – Ava monta dans sa chambre. Lorsqu'elle pénétra dans la pièce, il lui sembla que rien n'avait changé, depuis son départ. Cependant, alors que la jeune fille promenait son regard sur la salle, ses yeux s'immobilisèrent. Un des tiroirs de son bureau était grand ouvert.

Il s'agissait d'un compartiment contenant un éternel capharnaüm d'objets divers, tels que quelques stylos inutilisés, un vieux papier de bonbon, des post-it datant de quelques années, un rouleau de scotch poussiéreux... Et Ava ne se souvenait pas de l'avoir laissé ouvert ce jour-là. Elle était certaine de ne l'avoir pas parcouru depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant l'incident. Le cœur de la brunette se serra. Quelqu'un était-il rentré dans sa chambre en son absence ?

Maintenant qu'elle y songeait, elle aurait dû s'en douter. La police, et peut-être même ses propres parents avant eux, avaient dû fouiller la maison. Ce qui expliquerait le fait que le tiroir fût ouvert. Ava soupira, s'assit sur son lit et refoula un cri de surprise quand son regard se posa sur son armoire. Elle s'approcha de cette dernière, redoutant le pire, et se figea.

Un frisson lui parcourut l'échine. Sa vitrine d'exposition était vide. Seules les étiquettes qu'elle avait collées en dessous des pièces de sa collection étaient toujours présentes. D'une main tremblante, l'adolescente s'empara de l'une d'entre elle. Y était inscrit, dans son écriture ronde, « Desert Eagle .44 Magnum (Catégorie B) ». Ava serra les dents pour empêcher ses prunelles de s'embuer de larmes.

Elle leva la tête et eut un sourire amer. Sur le mur, à côté de la commode, se trouvaient quelques clichés de famille. Le portrait de son père était toujours là, défiguré, déchiré, mais on avait retiré le poignard qu'elle y avait planté, quelques années auparavant.

Ava se rendit dans la cuisine, où elle retrouva sa mère. Elle ne se sentait plus à sa place dans sa chambre.

« Maman ? »

La femme se retourna brusquement, les yeux grands ouverts.

« Qu'y a-t-il ? s'enquit-elle.

- Rien, je voulais juste te proposer mon aide... »

Elle eut un moment d'hésitation, avant de hocher la tête, presque imperceptiblement. Sa fille la rejoignit et s'empara d'un couteau, afin d'éplucher les pommes de terre qui se trouvaient sur le plan de travail. Sa mère le lui arracha immédiatement des mains, une expression d'horreur sur son visage, et lui tendit un éplucheur. Gênée, elle expliqua :

Bienvenue à l'Institut CarlisleWhere stories live. Discover now