Embrouilles

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Je regardais les deux hommes comme s'ils disaient qu'ils étaient enceintes ou qu'une seconde tête leur avait poussée. Mon père ?

Je n'avais jamais pensé au fait qu'un jour, j'entendrai parler de lui.

- Je n'ai pas de père, répondis-je ma voix parfaitement maitrisée.

Mon père ? Je ne voulais rien savoir de lui. Ma vie commençait enfin à prendre une tournure que j'appréciais, je ne voudrais certainement pas qu'un inconnu comme mon géniteur y débarque. Oh que non.

- Tout le monde a un père, ma chère, me dit Victor.

Je regardai mes ongles en tentant d'oublier ce qu'il venait de dire. J'étais née sans père il avait abandonné ma mère, m'a abandonne, NOUS a abandonné et après plus de vingt-cinq ans j'entendais parler de lui.

Je suis indulgente avec les gens, mais je ne le serai pas avec lui. Hors de question.

- Tout le monde a un géniteur. Je n'ai pas de père. Maintenant que tout est au limpide, je vais vous laisser.

- Vous ne pouvez pas, m'empêcha Alec en me levant.

- Mademoiselle, cette conversation est très importante, écoutez-nous, plaida Victor.

Devant leur mine sérieuse, je m'assis, déposai mon sac à main et attendis qu'ils parlent.

- Cela fait trois ans que nous sommes à votre recherche.

Je fis comme si cette information ne m'avait pas surprise et attendis qu'ils continuèrent.

- Du moins, nous. Votre père le faisait bien avant.

Heureusement qu'il ne m'a pas trouvé alors.

- Vous m'avez trouvé, que se passe-t-il ensuite ?

- Nous lui avons fait part de cette nouvelle.

- D'accord, murmurai-je attendant qu'ils développent.

- Il veut savoir si vous allez bien. Ce que vous entreprenez.

- Je vais bien. Le reste, il le saura en cherchant sur le Net, murmurai-je froidement.

- Il voudrait vous rencontrer.

- Je n'en ai pas envie.

- Il vous a pourtant cherché durant ces cinq dernières années.

- Il m'a aussi abandonné. Il lui a fallu vingt pour décider de me chercher, dans vingt ans, j'accepterai de le rencontrer, pas avant.

- Il est mourant, m'informa Alec.

Ah. Ok...

J'aurais dû être triste, pourtant rien.

- Je paierai pour ses funérailles s'il le faut.

- Je dois dire que monsieur n'a pas besoin de votre argent, sans vous vexer.

Et il n'avait jamais aidé ma mère ?

Je regardai ma montre, bien, encore dix minutes et je pourrai retourner au bureau.

- Je ne suis pas offensée. Que vouliez-vous me dire exactement sur lui , quel est son nom ?

Je n'avais jamais voulu savoir des choses sur lui depuis que j'avais compris que ma mère s'était toujours occupée de moi seule. De plus, la première fois que je m'étais rendu compte du travail que faisais ma mère, j'avais tout simplement effacé  l'idée que j'avais un père de mon esprit parce que, pour moi, aucun homme ne pouvait faire une telle chose à sa famille.

Piegés ✅Where stories live. Discover now