(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.

CHAPITRE 32 : La Couronne Avant Tout.

Je refermai la porte de la bibliothèque en m'efforçant de faire le moins de bruit possible. Je m'avançai timidement dans la pièce, les narines envahies par une délicate odeur de papier. Comme à chaque fois, je ne pus m'empêcher de poser un regard appréciateur sur les imposantes étagères qui m'entouraient de toutes parts, s'élevant jusqu'au plafond haut représentant un ciel étoilé.

À plusieurs mètres de moi, Kian DeCalonne était assis sur le rebord d'une large fenêtre, à travers laquelle filtraient les rayons dorés du soleil. Je m'arrêtai un moment pour l'observer. Ses yeux verts étaient perdus dans le vide, et sa jambe se balançait légèrement d'avant en arrière, trahissant sa nervosité. Ignorant mes battements de cœur effrénés, je me raclai la gorge.

Le prince tourna brusquement la tête vers moi. Son visage pâlit lorsqu'il m'aperçut, et je vis son corps se crisper ostensiblement.

— Kylie, souffla-t-il.

Je hochai la tête en retenant mon envie de me tortiller sur place. Je n'avais aucune idée de l'attitude que j'étais censée adopter, et le regard soudain agité de Kian me souffla que je n'étais pas la seule.

— Devonne m'a dit que tu voulais me voir, lançai-je d'un ton que j'espérais neutre.

Mon interlocuteur se leva lentement, les yeux fixés sur moi. Avant que je puisse réagir, Kian parcourut la distance qui nous séparait afin de m'attirer à lui. Tressaillant au début, je ne tardai pas à me blottir entre ses bras, papillonnant des paupières afin de retenir les larmes que je retenais depuis trop longtemps.

— Tu m'as manqué, avouai-je d'une toute petite voix.

Avec douceur, je me dégageai afin de regarder l'Apte bien en face. Ce dernier garda ses mains sur ma taille, m'observant silencieusement avec une tristesse sincère dans les yeux.

— Tu m'as manqué aussi, répondit-il. Je suis désolé pour la nuit du séisme, j'ai été stupide.

Je secouai vivement la tête, le regard brouillé par les larmes.

― Non, soupirai-je. J'aurais dû être honnête avec toi dès le début, en ce qui concerne le cauchemar. Nous aurions pu comprendre immédiatement que ce n'était qu'une vision imposée par Evan à travers notre lien d'Egarés.

— Tu ne savais pas que ce lien existait, murmura Kian. Ni qu'Evan s'en servirait pour te déstabiliser et nous diviser.

Il recula d'un pas avant de hausser les épaules.

— Le but d'Alec était d'affaiblir tes forces mentales en t'imposant souffrance sur souffrance, commenta-t-il, te poussant à te renfermer sur toi-même. C'est ce qui aurait pu l'aider à exploiter le lien pour te ramener de son côté, mais mon frère n'aurait jamais réussi à s'introduire dans ta tête après notre dispute si j'avais été moins faible...

Fronçant les sourcils, je m'apprêtai à protester. Mais Kian m'en empêcha en levant une main, le regard insistant :

— Supposons que le cauchemar ait réellement été prémonitoire, dit-il d'un ton sérieux. Je trouve ma réaction de la nuit passée des plus égoïstes. Contrairement à ce que tu crois, ma peur n'était pas celle de mourir, car nous partons tous un jour ou l'autre. En vérité, la seule crainte que j'avais était l'éventualité de quitter ce monde sans que mon nom ne reste gravé dans l'histoire de notre pays. La seule chose qui m'a permis de tenir durant toutes ces années était la possibilité que j'avais de devenir un jour un grand roi, dont on se souviendra à jamais. Mais voir cet espoir réduit à néant m'a fortement bouleversé, et je me dégoute pour cela.