Le Cabinet Du Roi ( Partie II )

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Élise m'observa encore un moment en silence, avant de hocher le menton et de reporter son attention sur Thobias. Je m'empressai de me diriger vers la sortie du cabinet, où Kian m'attendait, le regard soucieux.

— Est-ce que ça va ? demanda-t-il doucement.

— Je te retourne la question...

L'héritier de la couronne se contenta de hausser les épaules en esquissant un rictus amer. Puis il m'attrapa de nouveau la main et me guida vers une double porte peinte en blanc, située non loin du bureau que nous venions de quitter.

— Entre, ceci était le salon privé de ma mère, chuchota-t-il. Nous y serons tranquilles pour discuter...

Je ne me fis pas prier et fus agréablement surprise en découvrant une petite pièce très chaleureuse. Je balayai rapidement du regard le salon en cuir marron ainsi que les tables basses en verre sur lesquelles étaient posés une multitude de bibelots en or.

— Kian, murmurai-je en prenant place sur un canapé. Thobias ne souhaite pas former une armée d'Egarés, il souhaite que ce soit moi qui serve directement d'arme de destruction. D'après lui, mes pouvoirs sont assez puissants pour cela...

— Cela n'arrivera jamais, répliqua fermement mon interlocuteur en s'asseyant près de moi.

— Comment peux-tu en être aussi sûr ? soupirai-je en me tordant nerveusement les mains.

— C'est pourtant simple, personne n'accepterait jamais cette alternative. Le Capitaine Allen plus particulièrement. Supposons qu'une majorité des membres du conseil soit d'accord avec le plan du roi, l'armée d'Allen se retrouverait fort désavantagée. Que ce soit toi qui deviennes l'héroïne de toute une génération en faisant de notre pays l'unique nation ayant survécu le plus longtemps durant cette nouvelle ère mettrait l'orgueilleux père d'Avril dans une situation peu profitable. Car même s'il souhaite plus que tout la fin de la guerre et des pertes, il n'empêche que s'il était sûr de l'existence d'un moyen de gagner, son désir le plus cher serait d'être celui qui apporterait la victoire au royaume.

Je poussai alors un profond soupir en me prenant la tête entre les mains. Puis, je sentis la main de Kian se poser avec douceur sur mon genou.

— Kylie, murmura-t-il. Je ne voulais pas te le dire la première fois que l'on s'est parlé, parce que je n'étais pas sûre que tu sois véritablement digne de confiance. Mais il se trouve qu'il y a quelques mois, j'ai surpris une violente dispute entre Allen et Thobias.

Interloquée, je relevai brusquement la tête.

— J'ai découvert qu'en réalité, cela fait six mois que le Président Makarov envoie des lettres au roi en implorant un cessez-le-feu. Son pays est aux abois. La Fédération Libre est déjà à l'origine bien moins puissante que la nôtre, les Aptes y sont très peu nombreux, et il y a beaucoup plus d'Inaptes à la tête de postes importants. Leur armée est de plus en plus faible, quoique toujours aussi résistante, néanmoins ils ne demandent rien de plus que la paix. Mais mon père dissimule cela au conseil depuis longtemps. Et depuis qu'Allen l'a découvert, il souhaite ouvrir les négociations, ce que le roi refuse.

— Évidemment, commentai-je. Thobias refuse d'ouvrir des négociations qui lui fermeraient définitivement les portes des continents laissés à l'abandon. Je suppose que c'est plus simple pour lui de laisser l'armée ennemie s'affaiblir jusqu'à ce qu'il soit en mesure de porter le coup de grâce.

— Tu as tout compris, confirma Kian. Pour le moment, Allen compte garder le secret parce qu'il a probablement quelque chose à en tirer. Mais je n'ose imaginer ce qui arriverait si le reste du Conseil apprenait la vérité...

(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant