38 > On recolle pas les morceaux d'sa vie brisée avec un verre de Scotch.

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Dans la peau de Méhdna.

Ça faisait déjà trois jours que l'on était là et à part avoir fait les touristes on avait pas spécialement fait grand chose.. Il fallait que je m'active avant que Sabri ne veuille prolonger le séjour alors ce jour là on avait pris le taxi direction le centre de Beyrouth. On marchait en direction du bidonville où j'habitais avec mes parents, mais comment dire.. J'avais sincèrement été surprise quand j'ai remarqué qu'à la place c'était maintenant un hôtel. De l'autre coté de la rue se trouvait une dame, quelques peu âgée, assise au sol, le sourire scotché aux lèvres avec un air de nostalgie.

Machinalement je m'étais dirigée vers elle lui demander ce qu'il était arrivé aux gens quand elle me répondit le regard vide qu'ils avaient été brutalisé pour libérer la place, la plupart ayant été tué lorsque l'Etat avait décidé de tout démolir d'un coup alors que certains y étaient encore. Une vision d'horreur m'embruma la vue et m'avait donné une forte migraine.

Je partais en saluant la vieille dame et m'en alla avec Sabri qui venait d'allumer sa cigarette.

- J'veux rentrer, lançais-je
- Bah on chope un..
- Nan j'veux pas rentrer retourner à l'hôtel, j'veux rentrer retrouver mes parents, mon chez moi, tout, j'veux plus rester ici !
- Dès que ça va pas comme elle veut madame veut rentrer ?!
- Et ? C'est le principe de la satisfaction, quand ça te plaît pas tu pars !
- Arrête de faire l'enfant on est pas venu ici en vacances se pavaner dans les rues de Beyrouth, on fait ce qu'on a à faire et on s'arrache de là Méhdna.
- *souffle*
- Arrête de souffler !
- Mais si je veux souffler je souffle Sabri j'te le dit !

Pour le coup on était deux à être énervé. Il m'avait même pas répondu, un simple regard de travers avait suffit pour que je comprenne que j'avais été relou.. J'avais mes raisons, j'aimais pas être ici, je voulais pas, j'étais là à contre coeur, histoire de dire que j'avais remis les pieds dans ma ville natale avant de finir sous terre ! Je savais que j'étais chiante, depuis le deuxième jour je faisait que de me plaindre alors que tout était quasi-parfait, tous les prétextes étaient bon pour vouloir rentrer, et ça, ça l'énervait particulièrement.

À bord du taxi j'avais demandé à ce qu'il nous dépose à la plage, on était en fin d'après midi et j'avais envie de respirer l'air de la mer, les cheveux au vent.. J'avais compris que je l'avais vraiment énervé quand il était descendu de la voiture et qu'il avait commencé à avancer sans même m'attendre. Il s'était assis sur un muret, les pieds dans le vide, quelques mètres au dessus du sable. En prenant tout mon temps j'avais fini par le rejoindre, j'étais désormais assise à côté de lui, ma tête sur son épaule. Comme à chaque fois qu'il était énervé, une veine ressortait sur sa tempe et sa mâchoire était contractée, comme à chaque fois qu'il était énervé, il alluma une cigarette..

- Tu m'casses les couilles quand tu fais ta diva, lança-t-il en brisant le silence
- Je sais.. Pardon.
- C'est quand t'es nerveuse que t'es comme ça.. *sourire* Donc on va dire que j't'en veut pas. De quoi t'as peur ?
- Que ça aille toujours pas quand on rentre.. Qu'on ai toujours pas d'enfants, que tu..
- Que j'te quitte ? dit-il en me coupant
- *soupire* Que tu me quitte pour refaire ta vie, avoir des enfants..
- On s'est dit quoi à la mairie ? Pour le meilleur et ?
- Pour le pire..
- Un homme ça n'a qu'une parole retiens ça.
- ...
- *rires* Et comme j'ai pu te l'montrer plusieurs fois j'suis loin d'être une femme..
- *rires* Pervers !

On avait bien rigolé, on avait fait la paix comme on dit. On marchait le long de la route, main dans la main puis on a croisé une vieille dame assise au sol comme l'autre que l'on avait croisé plutôt dans la journée.. Sauf qu'elle avait une pancarte placée juste à côté d'elle où il était dit qu'elle lisait l'avenir dans le mare de café. L'ambiance bon enfant dans laquelle on était nous avait pousser à aller la voir. La largeur du trottoir nous avait permis de nous asseoir en face d'elle, le sourire aux lèvres, elle tendit une tasse de café en disant qu'il fallait que l'un de nous deux boive. Je m'étais sacrifiée et lui rendit la tasse après avoir bu le liquide noir, elle nous regarda horrifiée la main sur le coeur, elle était extrêmement pâle presque même tremblante..

- Euh.. Ça va aller ? lui demanda Sabri
- Quelqu'un vous veut du mal.. Beaucoup de mal.
- Qui ça ? demandais-je
- Faites attention.. Méfiez-vous..

Point de vu extérieur. > Que la famille.

Sabri lui tendait un billet de dix euros qu'elle peina à prendre. Il commençait à faire nuit et les deux amoureux décidèrent de rentrer à l'hôtel - qui n'était pas très loin - , à pied, complètement choqué. Ils ne parlaient pas, ils ne savaient pas quoi dire, ni quoi faire, toute cette histoire était censée être finie.. Ils rentrèrent dans leur chambre d'hôtel et Sabri s'asseya sur le lit king size en mettant sa tête entre ses mains.

- Il nous laissera jamais tranquille hein ? demanda Méhdna
- J'le laisserait pas faire, j'suis pas un fils de pute, on touche pas ma femme..
- J'vais me doucher, tu viens ?
- J'fume ma clope et j'te rejoins.

Il alla sur la terrasse, cigarette à la bouche et composa le numéro d'Emre, à peine son interlocuteur avait-il décroché qu'il lança :

- Bute moi cet enfoiré !
- Wow, wow, wow, t'inquiète pas gros.
- Emre j'ai ma femme qui va pas tarder à psychoter comme j'sais pas quoi à cause d'une voyante de coin de rue de merde, fume moi cet enfant d'putain t'attends quoi là bordel de ta race ?!
- *rires* Et dire que c'est une femme qui t'met dans tout tes états..
- *petit rire* Enculé tu crois que t'es né sous des coups d'battes ?
- *rires* Casse toi de là va.
- Nan sérieux gros active.
- T'inquiète la mif j'men occupe.

Sabri jeta son mégot et alla rejoindre sa femme sous la douche. Même si l'intention d'entremêler leur corps n'était pas présente au départ, en voyant le joli corps de Méhdna ruisseler d'eau, le bel homme ne résista pas bien longtemps à la tentation..

Aussi loin que nous emportera le vent.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant