14 > Versace, versace, versace, versace.

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Dans la peau de Méhdna.

J'étais prise par un grand courant de flemme, rien ne me donnait envie. Je savais pas réellement ce que je voulais sans trop abuser. Je pensais arrêter mes études et trouver un travail, vivre à mes dépends..

J'avais dépassé les vingt ans il fallait que je prenne les devants !

L'idée de retourner à la fac m'enchantait pas tant que ça.. Il me restait deux ans à tenir, seulement deux petites années.. Arrêter aussi près du but aurait été de la grosse bêtise, ça voudrait dire que j'aurais passé une année entière de ma vie à perdre mon temps. Il fallait que je prenne sur moi parce qu'il me fallait ce diplôme, au moins pour me donner l'impression d'avoir fait quelque chose de ma vie.

C'est vrai que j'aimais pas l'école, j'approuvais pas ses principes.

Rester assis à gratter des paragraphes une journée entière, et tout ça pour quoi ?

Pour apprendre vous allez me dire, certes, mais après ?

Juste pour avoir un diplôme, espérer faire le taf qu'on veut ou encore mieux : "percer", on a tous un tout petit espoir de finir célèbre même si on sait pertinemment que cette probabilité est plus que faible.

Mais est-ce que ça valait vraiment la peine de rester cloîtrée de 8h à 18h dans une salle ? Quand j'expliquais ça à mon père il me répondait toujours cette phrase : la souffrance avant l'aisance. Ce qu'ils savent pas c'est que nous les jeunes on en a marre de souffrir.

Ouais on en a marre de souffrir ouais, on souffre déjà d'être jeune, c'est pas assez ? Faut en plus qu'on se retrouve une trentaine dans une salle à écouter un mec ou une aussi paumé que nous nous apprendre la vie ? J'ai du mal à croire que ce soit bien utile.

Je pense qu'on apprends mieux sur le terrain comme on dit.

Tout ça c'est pas de l'avis de Sabri. Pour lui faut des diplômes, il en faut, il en faut, il en faut. MAIS, faut les sous aussi. Alors les malins feront les deux (il se qualifie donc de malin je tiens à souligner) et les autres feront un choix.

Par quel moyen faut faire les sous aussi ?

Tout est toujours question de choix en réalité.

Légal ou illégal ?

Bien ou mal ?

Réfléchir ou agir ?

• La pression, les parents, les cours, c'est à tout ça que cette jeunesse veut mettre fin. Si les plus fragiles ne sont pas tués par la société, ils se tuent eux-mêmes. Tout ça ne mène à rien. •

> Nous contre le monde.

Sabri venait souvent à la maison, c'était un peu comme le nouveau membre de la famille. Il avait arrêté les cours et travaillait dans l'entreprise de mon père. Concernant sa mère il disait qu'elle allait de mieux en mieux..

Je pense que c'est depuis qu'il travaille légalement.

La paye est pas la même c'est vrai mais la différence est pas énorme, c'est plus régulier, tu vies pas dans l'incertitude de te faire coffrer par la BAC dès que tu pointes ton nez dehors, rien que ça pour le moral c'était que du plus déjà et puis je préférais le savoir aux cotés de mon père qu'avec n'importe quel autre gars de son quartier, c'est là où il a grandi je le savais mais psychologiquement je pensais que s'il y restait il retomberait. Instinct féminin.

Il me parlait souvent de ses parents, je sentais vraiment le "viens ils veulent te voir" arriver. Ça.. Ça je voulais pas.

J'avais peur.

Peur d'être rejetée, qu'ils ne m'aiment pas, qu'ils ne m'apprécient pas.. Jamais j'avais eu peur comme ça honnêtement. Ça aurait trop beau, je l'aime il m'aime, mes parents l'aiment ses parents m'aiment.. Non y'a une faille quelque part. L'amour c'est jamais tout beau comme ça..

Jamais.

Je savais très bien qu'un jour où l'autre je devrais aller voir ses parents, il allait pas me laisser dans l'ombre pendant dix ans, mais moins on en parlait mieux c'était pour moi. J'ai peur des gens, j'ai toujours été comme ça, depuis petite c'est comme ça, c'est pour ça que je parle à personne. Sabri c'était le seul numéro de téléphone qui appartenait pas à ma famille. C'est la seule personne avec qui je parle aussi.. Le seul en tout parce que j'ai pas d'amis, les gens me trouvent bizarre et moi j'aime pas les gens donc comme ça c'était vite réglé il y avait pas besoin de tourner deux cent ans autour du pot.

C'est grave comme j'étais peu sociable, limite si on pouvait dire que j'étais antisociale. C'est pas nouveau, depuis l'orphelinat c'est comme ça.. J'ai pas changé depuis toutes ces années.. C'est un peu difficile à croire. Mais pourquoi changer ? Pourquoi vouloir plaire à la société ? J'aime pas cette société. Les gens sont méchants. Ils sont méchants et trouvent des prétextes pour justifier leur méchanceté.. Je me vois pas chercher parmi ces milliards de têtes une personne gentille, simple, avec un bon fond. J'ai déjà mon Sabri, je le garde, et je compte le garder longtemps soyez en sûre. C'est l'amour, c'est mon amour.

L'amour c'est des sentiments, forts, puissants, c'est la douceur, la tendresse, le désir, la passion, le romantisme, la sensualité, la surprise, c'est aussi le sexe. Ouais l'amour c'est le sexe aussi, tout est dans l'expression, "on fait l'amour" le mot est là, il est là et il veut tout dire. L'amour c'est des tonnes de sentiments mélangé, l'amour c'est fou. C'est pour ça qu'on dit que c'est l'amour fou. C'est fou parce qu'on en perd le contrôle, on s'aime de la tête aux pieds, du sexe au sang, de la vie à la mort, on s'aime vraiment, tout simplement.. L'amour c'est se faire accepter comme on est, grosse, maigre, bête, intello, belle, moche, difficile, simple.. L'amour c'est une science parfaite mais incomprise.

C'est fou mais c'est l'amour, c'est aussi un peu pour ça que c'est l'amour fou.

Aussi loin que nous emportera le vent.Where stories live. Discover now