34 > La peur est un fruit du démon.

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Dans la peau de Méhdna.

Un an plus tard.

On revenait spécialement des Seychelles, l'endroit que nous avons choisit pour notre lune de miel. On était très bronzé - pour ne pas dire cramé -, et surtout très fatigué..

Entre Sabri et moi tout allait pour le mieux pour l'instant, on avait juste quelques engueulades par-ci par-là comme chaque couples, rien de franchement très grave. Je pense que ça faisait quelques temps qu'on se voilait la face comme on dit. Le fait est que l'on avait un problème, d'une taille plus ou moins importante.. Cela faisait déjà un moment que l'on essayait d'avoir un enfant et que ça n'aboutissait à rien. On avait fait des tests et tout allait très bien chez lui comme chez moi, alors pourquoi nous n'arrivions pas à être parents ? J'avais besoin d'être mère, je voulais l'être et il le fallait.. La sensation d'avoir donné la vie, d'avoir laissé une trace sur cette terre, cette sensation d'avoir servi a quelque chose, d'avoir prouvé que j'existais.. Il fallait que je ressente ça, c'était la suite logique après le mariage..

Cette envie d'enfant allait finir par me rendre folle si on ne m'arrêtait pas.

Ma mère me réconfortait en me disant que j'avais tout pour être heureuse, qu'on ne pouvait pas tout avoir et qu'il suffisait d'être patiente.. Dieu seul savait que j'aurai pu donner la totalité de mes biens matériaux rien que pour avoir l'honneur de donner la vie.. Allais-je mourir sans laisser de traces ? Sans progéniture ? Sans aucun fruits de mes entrailles ? Allais-je quitter ce monde comme.. une voleuse ?

- Méhdna, pourquoi tu pleures ? me demanda Sabri.
- ...
- T'es pas heureuse avec moi ?
- Si.. répondis-je faiblement
- *en me prenant dans ses bras* On a tout notre temps pour être parents, y'a rien qui presse, moi j'suis pas pressé, toi t'es pressée ou tu t'mets la pression ?
- Sûrement.. Un peu des deux..
- Bah t'arrête de suite ok ? Ça prendra le temps qu'ça prendra et voilà khlass juste te mets pas dans des états comme ça. On a même pas trente balais c'est trop tôt en plus t'es ouf j'ai même pas profité dma femme elle veut déjà me caler des gosses, *rires* calme toi vraiment y'a largement le temps
- *bisou* Qu'est-ce c'que je ferais sans toi Sabri..

- *bisou* C'est bien c'que j'me demande des fois, hein, tu ferais quoi sans ce beau gosse de Sabri toi ? Moi sans moi j'sais pas trop.. J'serais peut être pas moi tu vois ?
-*rires* Pff mais t'es complètement atteint toi ma parole !

Il est nécessaire que j'évoque l'emprise qu'il avait sur moi ? Juste des mots, quelques mots et tout s'envole. Peine, haine, tristesse, malheur.. Plus rien. Des câlins, des bisous et des mots, juste quelques mots et tout allait bien. Il était.. Comme quelque chose dont je ne pouvais pas me passer. Un peu comme si j'étais, addict, accroc, dans un besoin perpétuel de lui.. Comme s'il était mon oxygène, mon être. En fait, c'était pas comme si, puisque c'était ce qu'il était.

J'étais juste amoureuse, même éperdument amoureuse. C'était un amour simple.. Un amour immense comme les buildings des États-Unis, tranquille comme le fleuve du Nil et doux comme la conception que nous avons des nuages. C'était ce dont j'avais toujours rêvé et voilà que j'avais été menée à le vivre..

N'est-ce donc pas grandiose ?

En sa compagnie tout me semblait grandiose, même manger des pâtes me paraissait grandiose, tout était grandiose. Il était grandiose. Et moi ? Etais-je grandiose moi aussi ? Est-ce que j'étais à la hauteur ?

- C'est mon bras que t'as mordu où je rêve ? demandais-je en rigolant
- *rires* Tu rêves
- *rires* Essuie !
- *rires* J'essuie rien du tout j'ai rien fait
- *rires* T'es vraiment un CO-CHON

Il avait décidé de m'embêter toute la journée, et pour vous dire c'était pas pour me déplaire. Ça me permettait de penser à autre chose. De toute façon, il l'avait dit, pas de pression parce qu'on est pas pressé. On aura des enfants en temps voulu, *souffle* patience. Quoi que, au fond de moi même je savais que j'étais pas si pressée que ça, j'avais - une fois de plus - peur.. Peur qu'il s'en aille avec une femme, une femme qui elle pourrait lui donner des enfants.. Mais quoi qu'il arrive, elle ne l'aimera jamais plus que moi.

FLASHBACK.

- Sabri ?
- Hm ?
- T'as su comment que tu m'aimais toi ?
- *baille* J'ai mis du temps à m'en rendre compte de ça.. C'était pas facile
- *rires* Mais toi c'est même pas une fierté que t'as c'est un blocus c'est grave
- Ouais nan mais dans le contexte c'était pas dans mon planning de tomber love entre mon marketing à gérer plus les cours plus aller voir ma mère plus respirer cinq minutes *rires* t'as tout retourné toi j'te jure
- Ton marketing illégal, s'il te plaît, ajoutais-je en rigolant
- J'détaillais et j'vendais d'la drogue pas vraiment par plaisir tu m'diras mais si j'avais pas succombé à ton charme crois moi j'y serai encore dans mon marketing illégal
- Excuse moi mais t'as bien failli y rester un bon nombre de fois quand même parce que y'a une certaine période où t'étais royalement insupportable et méchant jt'assure
- *rires* J'étais un sacré salaud c'est vrai
- Ah oui non mais déjà que monsieur faisait des galipettes un peu partout, moi j'devais le voir quand il voulait, s'il pouvait, j'devais pas poser de questions alors ça je m'en prenais plein la gueule parce que faut savoir tu m'parlais comme tu voulais aussi. J'te le dis aujourd'hui, le pire jour de ma vie c'est quand j'tai vu avec l'autre pétasse au Mcdo.. J'étais clairement au bout total de ma vie
- Tu m'en veux toujours ?
- *bisou* J'ten ai jamais longtemps voulu tu sais..

FIN DU FLASHBACK.

C'était sûrement le prix à payer pour avoir choisi d'aimer un espèce de thug, et maintenant c'était quoi le prix d'être marié avec un ex-fiancé de la Rue ?

« N'ayez pas peur, la peur est un mauvais fruit. Une fois consumé on en devient presque malade, presque fou. Plus nous avons peur, plus ils grandissent.. La peur est un fruit, c'est le fuit du démon. »

Aussi loin que nous emportera le vent.Where stories live. Discover now