10 > J'suis pas un thug.

14.2K 1.1K 103
                                    

Dans la peau de Sabri.

Par où commencer ? J'suis pas quelqu'un de simple à cerner, c'est même quand on pense me connaître qu'on me connaît le moins.

J'suis jeune, j'suis partiellement à la fac, mon père taf, ma mère est malade. C'est cliché mais le job de papa ramène pas assez pour tout payer alors j'fais comme je peux pour l'aider.. J'ai additionné pleins de jobs entre eux, ça aidait mais c'était trop de travail pour trop peu d'argent.

Et puis j'ai finit par connaître la Rue.

La Rue, une femme qui a fait partie de ma vie un bon moment et qui a bien su m'aider quand il le fallait. Avec elle j'ai connu le vice, les rapaces et les voraces mais surtout l'argent.

L'argent, l'argent, toujours l'argent. C'est simple hein, dans ce monde tout est toujours question de caillasse.

J'me fais des masses d'argent alors que j'en branle pas une comparé au daron. C'est quoi mon taffe ? Bah je vends des places au cimetière, des places en Enfer quoi. C'est pas que j'suis fier de faire de l'argent sale, j'suis pas Lacrim, j'suis pas un rappeur de tess, j'suis pas un thug, mais faut pas faire le difficile quand c'est le déficit, t'as besoin d'argent tu fais de l'argent c'est comme ça que ça marche. Dans ce milieu t'as pas beaucoup d'option, faut y rentrer réglo pour en ressortir vivant. Faut être con pour réussir à s'endetter, ça veut dire que tu t'es fait douiller.

Notre devise c'est et ça restera toujours "faut des sous mon gars alors fait les ces putains d'sous" donc on les fait, et on s'la ferme. Tu vends d'la drogue tu côtoies les putes, tu côtoies les putes tu vends d'la drogue, c'est un binôme ça se dissocie pas c'est comme la vie et la mort ça va ensemble, c'est dans le pack. Tout le monde pense que c'est simple mais nan.. Tu croises des gars tu sais même pas s'ils seront là demain, t'en croises d'autres et t'apprends qu'ils sont mort l'heure d'après, tu sers la main à des gars qui en réalité veulent ta peau, tu vois tes potes courir après l'argent et toi t'es là, tu constates. Tu regardes ce qui se passe et tu t'demandes c'que tu fou là, et à ce moment là tu te rappelles que ta mère risque de crever dans les minutes qui suivent si tu bouges pas ton terma alors t'encaisses et encore une fois tu t'la ferme. C'est quand t'es dans ton lit, claqué d'avoir vu des types relous capables de vendre une couille pour un 10g que tu te demandes dans quel monde on vit et c'est vraiment à cet instant précis que tu te dis que la Rue c'est paro.

Et là j'repense à Méhdna que j'laisse de coté depuis un moment et j'me sens vraiment con. Je laisse la meuf que j'aime de coté pour des salopes et quelques billets. Il a fallu qu'elle me capte avec Manel au Mcdo pour que j'me remette en question.. Quel genre de mec j'suis ? J'sais qu'elle ferait n'importe quoi pour que j'arrête de faire ce que j'fais là mais j'sais pas j'veux pas la mêler à ça. D'un coté j'veux la protéger, j'évite de me montrer avec parce que je sais que dès que ça va coincer pour moi c'est elle qui va trinquer. J'suis pas un thug moi, j'suis un mec du peuple c'est juste que j'me comporte comme un gros con. J'ai une meuf, j'aime ma meuf mais j'vais quand même voir ailleurs.. Me demandez pas pourquoi j'fais ça parce que j'saurais même pas quoi vous répondre. Rien qu'à les voir face à face on sait déjà que Manel c'est un coup d'un soir par rapport à Méhdna. J'suis un gars à perte c'est tout. Elle refuse de m'parler depuis ce jour là. J'vous avoue que ça fou un coup.. J'suis pas duper mais je.. Si j'suis duper et faut que j'lui parle c'est tout. J'peux pas la laisser croire que j'la trompe avec Manel. D'un coté c'est vrai mais.. Mais Manel elle m'sert pas à manger des McFlurry les gars.. J'vais pas perdre ma meuf pour une crasseuse que j'ai chiné la veille quand même ?

Là ça commence à être tendu parce que faire des excuses c'est pas mon délire. Je demande pas pardon aux gens. J'leur dois rien alors pourquoi aller s'excuser ? Mais là c'est ma.. Ma femme merde. Ouais, c'est ma femme et s'il faut j'retournerai la terre entière pour elle. J'vais pas la laisser filer à cause d'une tass.

Appel sortant > Médhlel.

*sonnerie*

• Vous êtes bien sur le répondeur du [...] veuillez laisser.. •

Une fois, deux fois, [...], sept fois, huit fois. Toujours rien, ça décrochait pas. Elle voyait mes messages mais elle répondait pas non plus.. J'allais pas rester comme ça comme un pleupleu alors j'ai décidé d'aller jusque chez elle. Rien à fouttre de ses parents j'leur expliquerai moi, si j'ai pas peur des miens c'est pas pour flipper sur les darons des autres hein. Même si j'avoue que son père il est impressionnant.. Lui c'est sur il va m'en décoller une. Dès que j'vais dire que j'sors avec sa fille il va m'refaire la bouche.

*souffle* C'est bon un jour où l'autre il le saura t'façon donc peu importe la date il va quand même m'péter les dents.

J'ai plus qu'à porter mes cojones.

Point de vu extérieur. > The wait is over.

Sabri se retint de fumer une bonne dizaine de fois, il jeta son chewing-gum au sol et se regarda dans le rétroviseur puis regarda sa montre en soupirant. Le match de football de son équipe préférée venait de commencer.
Sabri était beau, rasé de près, bien coiffé, il aurait pu faire tomber une centaine de femmes tel qu'il était. Il sortit de sa voiture et se dirigea vers l'immeuble de sa belle, il appuya sur le bouton qui correspondait à leur noms de famille et bégaya timidement face à sa future belle mère qui le laissa rentrer. Il traversa un long chemin avant d'arriver à l'entrée du bâtiment, il dû encore une fois parler à la mère de Méhdna qui lui indiquait le numéro de porte.

Meriem, la mère de Méhdna, se demandait qui pouvait bien être Sabri. Sa fille qui sortait rarement de sa chambre depuis peu n'en avait jamais parlé à sa mère. Elle alla de ce pas la voir dans sa chambre lui prévenir de la visite mais Méhdna sous la colère lui répondit "qu'il crève". Meriem, insatisfaite de la réponse de sa grande adolescente, s'empressa d'aller ouvrir, quand, du salon, son mari lui indiqua qu'on sonnait à la porte.
Kader, le père, regardait un match de football, un "classico" comme il disait, c'était celui que Sabri ratait pour venir jusqu'ici et impossible pour le père de famille de rater ne serait-ce qu'une seule demie seconde. Et ce jusqu'à ce qu'il entende une voix d'homme autre que la sienne s'adresser à sa femme, mais le but du joueur portugais finit par attirer toute son attention.

Meriem faisant pleinement confiance à Sabri qu'elle jugeait comme étant un bon garçon, le laissa monter dans la chambre de Méhdna.

Pas vilain le gendre, pensa-t-elle au fond d'elle même.

À suivre.

Aussi loin que nous emportera le vent.Where stories live. Discover now