Epilogue

368 25 14
                                    



''-C'est différent de ce que vous avez l'habitude de nous proposer.''


Avec un sourire en coin, Harry hoche la tête en portant sa flûte de champagne à ses lèvres, savoure le goût du liquide pétillant, la sensation des petites bulles qui s'éclatent sur ses papilles.


''-C'est tellement provoquant, évocateur. Tellement... Intime. Vous... Vous vous êtes littéralement mis à nu et c'est... Je n'ai pas de mots. Vraiment.''


Conforté dans son ego d'artiste, Harry prend le temps d'échanger quelques paroles avec la critique venue ce soir pour couvrir son exposition. La première depuis son accouchement.


Il lui aura fallu deux ans. Deux ans à valser entre son rôle de maman, celui de petit-ami, celui d'artiste. Deux ans à valser entre les couches, les pleurs, les tétées nocturnes, les corvées qu'il a fini par délégué à une femme de ménage qui vient chez eux trois fois par semaine. Deux ans que dès qu'il en a l'occasion, il part s'enfermer dans son atelier, qu'il pose sur toile tout ce qu'il vit, tout ce qu'il ressent depuis la naissance de ses enfants. Depuis ce jour, il n'a plus jamais eu une panne d'inspiration, est habité en permanence par l'envie, le besoin de créer, de retranscrire son bonheur dans ses peintures.


''-Qu'est ce qui vous a poussé à faire cet auto-portrait?

-Après mon accouchement, j'ai dû apprendre à me réapproprier mon corps, à accepter les changements qu'il a subi, et peindre ce tableau m'a aidé à le faire.''


Lui qui a toujours dit qu'il ne ferait jamais d'auto-portrait, qu'il trouvait ça narcissique, ne voit, ne ressent rien de tel en posant les yeux sur sa toile. En posant le regard sur l'image immortalisée de son corps post-accouchement, il se sent bien, confiant. Il se sent sûr de lui, de son corps. Il est nu, assis en tailleur sur son lit d'hôpital, tient ses bébés dans ses bras. Il a peint ce tableau d'après une photo que Louis avait pris de lui le lendemain de Noël, après que la peur, les doutes et les incertitudes aient laissé place à un bonheur simple et profond. Un bonheur qui n'a pas besoin de raison, d'explication. Ce tableau, c'est le premier qu'il a peint, un des seuls sur lequel il apparaît clairement.


''-Puisque vous abordez le sujet, j'imagine que le fait d'être parent a changé votre vision du monde, même en tant qu'artiste?

-Ça a tout changé.''


Tout en continuant leur conversation, Harry et la jeune femme dérivent, marchent d'un pas lent, se faufilent dans la foule. Ils passent devant d'autres toiles autour desquelles des dizaines de personnes stagnent, débattent du pourquoi, du comment.


''-Beaucoup d'artistes font un mystère de l'identité de leur famille, mais vous, vous avez décidé de les exposer à la vue de tous.''


Oui, ils sont tous là, placardés sur les murs de la Galerie. Toute sa vie est étalée, mise à nue, et il se sent bien en voyant ses toiles l'entourer, les personnes qui s'accumulent pour regarder son travail.


''-C'est comme... Comme si vous racontiez une histoire.''


Peins moi une belle histoire (LARRY STYLINSON MPREG) TERMINÉEKde žijí příběhy. Začni objevovat