Dilemme au Jollofland

By AMK_Rassoul

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[ŒUVRE PROTÉGÉE ] Une histoire au cœur de certaines réalités sénégalaises avec sa bonne petite dose de fictio... More

Préambule
Chapitre 1: L'instit !
Chapitre 2: Et tout débuta dans le ciel !
Chapitre 3: Quand la belle-famille s'en mêle !
Chapitre 4: Adji Binta FAYE dans ses œuvres !
Chapitre 6: Un homme tiraillé !
Chapitre 7: L'amour à l'épreuve !
Chapitre 8: La fin d'une vie & le début d'une autre !
Chapitre 9: Je plaide coupable, votre honneur !
Chapitre 10: Oui maman !
Chapitre 11: On a échangé mon mari !
Chapitre 12: Lou bess néex (le goût exquis de la nouveauté) !
Chapitre 13: Dos au mur !
Chapitre 14: La main dans le sachet !
Chapitre 15: De mal en pis !
Chapitre 16: Contre vents et marées !
Chapitre 17: Coalition sorcière !
Chapitre 18: Le coup de grâce !
Chapitre 19: La vie continue !
Chapitre 20: L'inconnu au charme fou !
Chapitre 21: Confie-moi ton cœur !
Chapitre 22: Le temps juge, la vérité se dévoile !
Chapitre 23 : Trouble-fête !
Chapitre 24: Raison & Sentiments !
Chapitre 25: Confidences !
Chapitre 26: Père et Fils !
Chapitre 27: Une question de Djongué: entre trucs et astuces !
Chapitre 28: Retour vers le passé !
Chapitre 29: Autour d'une Seconde Chance !
Chapitre 30: Miss Independent !
Chapitre 31: Rien de tel que la famille !
Chapitre 32: Palabres !
Chapitre 33: Tensions !
Chapitre 34: Ultimatum !
Chapitre 35: Un air de déjà vécu !
Chapitre 36: Mea-culpa !
Chapitre 37: Affrontements !
Chapitre 38: Reconquête !
Chapitre 39: Une prière exaucée !
Chapitre 40: Le bout du tunnel !
Nouvelle Chronique : De Victimes à Bourreaux !
Nouvelle Chronique : Entre le Sang et l'Enclume !

Chapitre 5: Pression & Dépression !

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By AMK_Rassoul

"On ne choisit pas de s'attacher à quelqu'un. Notre cœur le fait pour nous." Malek Bensafia

Fatima Zahra KASSÉ NDOUR

Le mariage dans la société africaine en général et sénégalaise en particulier est quelque chose de très complexe. Une femme en se mariant n'épouse pas seulement un homme mais elle épouse toute la famille de cet homme et ce, au sens large du terme. Si elle a la chance d'être aimée et acceptée par celle-ci, elle peut s'estimer heureuse, la tâche sera moins difficile. Cependant, si par malchance, elle est, comme moi, tombée sur une belle-famille peu commode, la paix dans le foyer peut alors difficilement s'acquérir.
Et malheureusement, le fait que je ne puisse pas avoir d'enfant (pour l'instant) n'était pas à mon avantage.

Je finissais de préparer nos affaires pour rentrer à l'issue de ce week-end éprouvant mais je ne voyais plus mon mari. Je décidais de descendre et dire au revoir par la même occasion. J'étais au bout des escaliers pour me diriger vers le salon du bas quand des mots attirèrent mon attention. Ma belle-mère parlait à mon mari.

Que Dieu me pardonne, je n'écoute pas aux portes d'habitude mais là il fallait que j'entende ce qui se disait car cela me concernait directement.

-Xalé bu djékë lë té yayam sëy kat lë, taak ko mu jural ay doom (C'est une très jolie jeune fille et sa maman est une bonne épouse, fais d'elle ta seconde femme et elle te fera des enfants) ! Disait maman Binta

-Yaay, je ne vais épouser personne moi. J'ai déjà une femme et je ne suis pas prêt d'en prendre une autre ! Lui Répliquait mon mari

-Cette chose stérile là ? C'est ça une femme ? Tu n'es plus tout jeune Pape Demba et il te faut des enfants ! Tu vas rester comme ça jusqu'à quand dis moi ? Demandait Yaay Binta avec colère

-Yaay, Zahra n'est pas stérile, nous avons consulté plusieurs médecins et elle n'a aucun problème pour concevoir ! Ya'Allah nak moy mayé doom té lu jott Yàlla deff ko (C'est Dieu qui donne les enfants et il le fait au moment voulu) ! Répondit mon mari avec calme

-Ndaw si déh seriñëm ayy na ndax li mom tayo ko. Yaw li lanla ? Melni sa ku djassir ki kép moy jigeen si mim réw baga koyi djëndé sa Nday (Ah elle est forte je la lui concède ! Elle a un très bon féticheur car tu ne peux pas être maître de ton comportement). On dirait qu'elle est la seule femme au monde et le pire dans tout ça, c'est que je ne lui trouve rien de spécial, absolument rien !

-Yaay, dans mon monde il n y a qu'elle, elle seule m'intéresse. À mes yeux tout est spécial chez elle. Son sourire, sa démarche, sa personnalité si particulière alternant glace et feu, sa piété, sa douceur légendaire, sa manière de m'apaiser quand je bouillonne de colère, sa force face à toutes épreuves, ses lèvres si pulpeuses... Déclarait Candy un peu la tête dans les nuages, semblant très loin ayant presque oublié qu'il était face à sa mère je suppose.

-Hey mbépé, bul yégali! Xol ko mumay saf ku woyadi nan lèvres. Budé yëfu Thiagga Ponty mom, ayy naci motax do djiss do dégg, wanté saffé wul ndax amussi bén doom (Hey la ferme, ne continue surtout pas en me parlant de lèvres ! Si ce sont des affaires de dépravée, j'imagine qu'elle est très forte car tu es sourd et muet mais cela n'a aucun résultat puisqu'elle n'arrive pas à tomber enceinte) ! Puisque tu ne veux pas te débarrasser de cette chose là qui te sers de femme, tu vas en épouser une autre, ça c'est moi qui te le dis ! Coupait la grande royale avec hargne.

-On va rentrer Yaay, continue de prier pour nous ça viendra in shaa Allah ! Concluait Candy, comme faisant fi des derniers propos de sa Yaay.

J'étais sidérée par ce que je venais d'entendre. Elle ne me lâchera donc jamais cette dame ? Ainsi, c'est ce qu'elle me préparait en douce, une coépouse ?
Pourquoi un tel acharnement sur ma pauvre petite personne ? Pourtant je n'ai jamais demandé un traitement de faveur ou bien à ce qu'elle me chouchoute. Tout ce à quoi j'aspirais, c'est qu'on me laisse juste vivre en paix avec mon mari ! Est-ce donc trop demandé ça à cette dame ?

Bon okay, me voilà donc prévenue ! Et telle que je connais la dame Adji Binta FAYE, je sais qu'elle ne lâchera pas l'affaire à moins d'avoir gain de cause.

Mon cœur battait à une vitesse folle. Mon calvaire ne faisait que de continuer !

Mon Dieu, accordez un peu de répit à votre pauvre serviteur pêcheur ! Priais-je intérieurement.

Je finis par me manifester, nous disions au revoir et prenions la route pour rentrer.

A partir de ce jour, ce fut comme si toutes les barrières dont je m'étais entourée jusqu'à présent tel un bouclier s'étaient fissurées. J'entrais carrément en phase de "dépression". J'ai honte de le dire mais je me suis mise à me laisser aller. Je commençais à me négliger et à négliger mon foyer. Je ne ressemblais plus à rien et je ne m'occupais plus ni de moi ni de mon mari, obsédée par mon seul désir d'enfant. Pour moi oui mais aussi pour que l'on me fiche un peu la paix.

Oui c'était devenu une obsession, je le reconnais aujourd'hui et rien que le stress qui m'accompagnait à ce moment là aurait pu tout bloquer carrément.

Je courais partout où on me recommandait un bon spécialiste ou un excellent tradi-praticien. Et toujours le même diagnostic, rien d'anormal et pourtant je ne tombais toujours pas enceinte.

J'avais fini par déserter ma maison et me réfugier chez mes parents comme à chaque fois que les choses me dépassent. J'ai prétexté être malade auprès de mon mari, ce qui en soi n'était pas faux, j'étais vraiment au plus mal. Heureusement que ceci était survenu durant les grandes vacances scolaires sinon je pense que je n'aurais pas non plus assuré auprès de mes élèves.

Mes parents étaient aux petits soins avec moi en tentant de me remonter le moral et de me rassurer mais également me sermonner très sévèrement. Il le fallait pour que je reprenne pied ! Je suis en effet le genre de personnes qu'il faut secouer un peu de temps à autre !

-Masta Yaay booyam ! Sèche tes larmes Néné Yaayam (mon bébé), un enfant c'est un don de Dieu et qu'IL accorde à qui Il veut. Ce n'est pas en réagissant comme tu le fais que ça va changer les choses, bien vrai que ce soit dur et je te parle par expérience ! Me réconfortait ma mère en me caressant légèrement les cheveux avec sa main d'une douceur inouïe. Elle était assise sur le canapé du salon et moi allongée en position fœtale la tête sur ses cuisses.

-Nous t'avons eu dés la première année de notre mariage et puis plus rien. Nous avions tout fait, nous étions allés partout, consultés des médecins, des guérisseurs traditionnels mais rien n'y fit. Alhamdoulilah, Dieu nous t'avait donné toi et nous lui en sommes reconnaissants. C'était décidé que ce serait notre part sur cette terre ! Confessait mon père.

Comme à chaque fois, ses paroles avaient le don de m'apaiser et de me revigorer.

-Fatima Zahra KASSÉ, yaré wuñula ludul sik gëm ! Ina Allaha maha Saabirin la Ya'Allah wax té mom dey nopina ! Ñata nitt Ño Sëy ba déé té amuñu si takader ? Ñi déé ci wëssin bayifi sén doom, ñénéne juur dom mu déé fa sassa, daga lén mëna wañi ? Ñoñé daga lénë gën wala daga défal Ya'Allah ñom luñu ko défalul ? Ñak doom duk yafuss té am ko yit duk njambar ! Ap jàm nak ak lu mënti xéw, dayi gëm Boromam, yakar ko, kañ ko, saabal ko té wolu ko ! Saa Borom nak yénë saay, buy défar day mélni kuy yaax, wanté du jum si dara, lumu deff rék day li gën. Li ñun ñép dila ñanal nak, yalna ñëw ak jàmm té doon li gën ci yaw!

-(Tu sais ma fille, Dieu en a fini avec ce qu'aura chaque créature sur cette vie, c'est le Mektoub (destin) et nul ne saurait échapper à son destin. Fatima Zahra, nous ne t'avons éduqué que dans la foi à ton Créateur qui a dit qu'IL est avec les endurants, Coran, sourate 2 : verset 153. Combien de personnes sur cette terre sont mortes sans avoir eu un seul enfant pour perpétuer leur nom et leur lignée ? Combien de femmes sont mortes en couches ? Combien ont perdu leurs bébés à seulement quelques heures ou quelques jours de leur naissance alors qu'ils avaient plein d'espoir ? Tu ne saurais les dénombrer ! Es-tu mieux que ces gens là ou as-tu fait pour ton Seigneur ce que eux ils n'avaient pas fait ? Non absolument pas ! Avoir un enfant n'est pas une prouesse et ne pas en avoir n'est pas non plus une bassesse. Dieu fait ce qu'IL veut et ses voies sont impénétrables ! Un croyant, quoi qu'il arrive, se doit de louer son Seigneur, de l'implorer et surtout de lui faire confiance. Le Créateur ne se trompe en rien et tout arrive pour une bonne raison. La prière reste la seule vraie arme du croyant, fais en ton compagnon de guerre et tu verras que tu seras forte et apaisée. J'implore mon Seigneur de t'accorder cette progéniture que tu souhaites tant mais surtout qu'elle arrive en paix et sois le meilleur pour toi et ton mari dans cette vie et dans l'autre !) Continuait mon père toujours aussi sage.

-Amin, dis-je en chœur avec maman. Tu sais ma chérie, ton père a parfaitement raison ! J'ai conscience que c'est bien dur ce que tu vis en ce moment mais Dieu éprouve ceux qu'IL aime. Supporte d'une belle endurance et IL te récompensera et tu en sortiras grandie. Aduna nak mbaxalum xér la, njëk soor, taxuta njëk yékk (Rien n'est encore joué dans ta jeune vie, tout est encore possible !) Ajoutait ma mère tout aussi sage.

Ces deux semaines chez mes parents m'avaient fait le plus grand bien. Mon mari avait fini par venir me chercher et lui aussi, mon fidèle allié, n'avait pas manqué de me sermonner une fois de retour chez nous.

Hé oui, j'en ai eu pour mon grade en sermons de part et d'autre mais ce fut pour la bonne cause !

-Fatima Zahra KASSÉ (avec son un air de grande gravité qu'il ne sort avec moi que quand je dérape) xana gëmëto Ya'Allah ? Ni gay doxalé fan yi dé day melni yagi koyi bëggë wédi té lolu dussa thiër (ne crois-tu plus en Dieu ? La manière dont tu te comportes ces derniers temps me le laisse penser et ce n'est pas digne de toi) ! C'est Allah qui donne des enfants à qui Il veut et quand IL le veut. A aucun moment nous n'avions signé un contrat avec LUI où IL nous disait qu'IL nous en donnerait. Tu auras beau pleurer sans cesse, gémir, te lamenter, te tordre de douleur et te laisser aller, cela n'y changera absolument rien, sinon de détruire ta santé. Ton destin est déjà écrit ! Personne ne peut forcer la main au Créateur, il fait ce qu'IL veut et au moment opportun. As-tu donc oublié l'histoire de Yaay Aïcha, Radhi Allahu Anha, Ummul Muninin (la mère des croyants) ? Celle-là même qui était mariée au meilleur homme que la terre ait jamais abrité, le Prophète Muhammad Saws... Il l'amait d'un amour infini et pourtant elle n'a porté aucun de ses enfants ! Donc reprend-toi Fatima Zahra et surtout repens-toi auprès de Dieu, prie et fais confiance à ton Seigneur, lu jot yombu (tout arrive à point à qui sait attendre)... Si nous avons cet enfant que nous désirons tant tous les deux, tant mieux et si nous ne l'avons pas non plus Alhamdulilah ala kuli hal, nous saurons que ce n'était pas notre part dans cette vie... Tu sais que je suis là pour toi et tu peux toujours compter sur moi ! Prêchait mon mari avec une grande sincérité dans une voix empreinte d'émotion !

Waw ! Que dire après ça ! J'avais juste honte de moi-même et de mon comportement de ces derniers temps.
Pour dire vrai, les propos de mes parents et ceux de mon mari me touchèrent au plus haut point. Ils me firent l'effet d'une douche froide en plein hiver. Je réalisais subitement que j'étais entrain de me perdre et que j'étais entrain de prendre une pente très dangereuse pour la croyante que je suis.

Je me repentis donc sincèrement auprès de mon Seigneur et me refugiais dans la prière.
Entendons nous bien, mon désir d'enfant n'avait pas disparu subitement comme par magie. Non loin s'en faut, il était toujours là comme qui dirait en latence mais je me résignais et laissais ainsi la volonté du Tout Puissant s'accomplir.

La vie avait ainsi repris son cours et avec Pape Demba, nous avions retrouvé cette complicité et cette joie de vivre qui nous caractérisaient.

Un jour, j'étais dans la cuisine entrain de préparer le diner quand il était revenu du boulot avec un grand sourire. Il me fit un bisou sonore sur la joue en m'enlaçant par derrière.

-Sama Tangal (Candy ma friandise) ! Souriais-je.

-Sama Biddéw (mon étoile) ! Répondit-il en resserrant son étreinte.

-Tu es heureux toi là dis donc ! Le taquinais-je.

-Oh que oui ! Je retrouve ma magnifique épouse, mon havre de paix après une dure journée de travail alors oui il y a de quoi l'être ! Me répondit-il charmeur.

-Tu es un beau parleur monsieur mon mari ! Lui répliquais-je en souriant.

-Ah ça je ne peux le nier, madame ma femme, je suis un avocat après tout n'est-ce pas ce que tu dis toujours ?

-Pour être avocat tu en es un et un très bon maître NDOUR lui ! dis-je d'un ton taquin

-Mais là je ne plaide que pour votre amour ma belle dame ! Me fit-il solennel en me faisant une révérence avec de grands gestes.

-Pour cela cher maître, ne plaidez plus, mon cœur vous est tout acquis ! Lui répondis-je, le suivant dans son délire.

-Vous m'en voyez ravi madame NDOUR ! ... Au fait sama Biddew j'ai une surprise pour toi ! Puisque tu as été très sage ces derniers temps, tu mérites une belle mbaxus (récompense) ! me disait-il avec une mimique super craquante.

J'éclatais alors d'un grand rire. Il est carrément fou cette homme mais je l'aime trop.

-Ah ouais ? Es-tu sûr que j'ai été aussi sage que ça ? En lui faisant un petit clin d'œil 😏

-Ah la petite coquine, tu me cherches c'est ça ? Demandait-il avec un de ces sourires qui me font perdre la tête.

-Peut être bien ! Riais-je. Alors c'est quoi cette surprise dis moi ?

Il sortit une enveloppe en la balançant de gauche à droite devant moi avec une moue intrigante.

-Si je te dis la ville la plus romantique du monde, tu penseras à quoi ? Me posa-t-il d'un air mystérieux.

-Je te dirais Ndar Guédj, Saint-Louis du Sénégal ! Répondis-je avec le plus grand sérieux !

Quoi ?
Ne me dites surtout pas que vous doutez de ma réponse quand même😏

Il était alors parti sur un grand éclat de rire.

-Tu as raison Saint-Louis est très romantique mais disons que je parle en dehors du Jollofland !

-Ah, il fallait préciser mon amour car tu sais que pour moi aucune ville n'égale Saint-Louis en romantisme et je le pense vraiment. Sûrement pour les moments inoubliables que j'y ai vécu avec toi. Bon Venise alors si c'est en dehors du pays ! Lui dis-je

-Ouais Venise aussi n'est pas mal mais peut mieux faire !... Allez fais un petit effort chérie, tu y es presque ! Continua-t-il en riant

-Ah je sais, c'est forcément Paris alors, même si je ne suis pas tout à fait d'accord !

-Bravo Sama Biddew... mais attends pourquoi tu n'es pas d'accord sur le fait que Paris soit la capitale du romantisme ! Posait-il inquisiteur

-Non laisse tomber ce n'est pas grave ! Alors il y a quoi avec Paris pour que tu m'en parles ?

-Devine qui a deux billets pour une semaine de rêve à Paris ? Devine ?

-Non ? C'est vrai ça Candy ? Lui posais-je toute excitée en battant presque des mains.

-Ah ouais ! Ton merveilleux mari a pensé qu'après tout ce que tu as traversé dernièrement, tu mérites un petit break ! Un dépaysement total te fera un bien fou ! Alors c'est qui, qui est fou de sa dame hein ? C'est kiki ? Posa-t-il espiègle et avec son sourire si craquant !

Ô God !
J'aime trop cet homme !

- That's my Man ! (ça c'est mon homme !) Tu es le meilleur Candy ! Flattais-je fièrement en lui touchant ses biceps !

Waw góor, day yookú góorë (Les encouragements galvanisent et stimulent un homme). Ce n'était pas le voyage en lui-même qui me faisait autant plaisir en ce moment précis mais bien l'intention qui le sous-tendait. J'étais plus que touchée par l'attention que me témoignait mon mari qui à travers ce voyage ne cherchait qu'à me détendre, à me faire oublier mes déboires, à me mettre bien tout simplement. Et cela, n'avait absolument pas de prix !

-Yeah, for sure ! That's your Man in action, alive and kicking ! (Sûr que c'est ton homme en pleine action) et au service de sa reine ! Me répondit-il fièrement en levant les deux mains poings fermés, bombant le torse et faisant quelques pas, jambes fléchies à la façon des lutteurs.

Nous nous regardions alors et éclations de rire en concert. J'ai le meilleur mari du monde, il est certes d'une folie grisante mais je ne l'en aime que plus.

-Wawaw ni rék dé ga mana mél Ndoura Wali Mbergan, baax sa yëf lë, borom mame you baax yi ! Élimanr NDOUR sa mame, Diéguane NDOUR sa mame, Woulimata NDOUR sa mame, Adja Marie NDOUR sa mame, El Hadji Maïssa NDOUR sa mame. Wawaw sama sérère bu ñawúl bi ! Yaw déy Ndoura Waly Mbergan, Gorr ga, garmi ga! Góoro góor wa mën, do ñom té duñu yaw ! Xana duma la nopp piir ? Maak yaw ba gédji gi dess walat kép, kumú néxúl ga maat sa bakan ! Li dé la wax man, hé ! (En faisant ses éloges, en magnifiant les prouesses de ses aïeux et en clamant sa bonté à lui). Je t'aime mon sérére à moi 🥰 Toi et moi ce sera jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un quart de litre dans l'océan. Celui qui y trouve à redire n'a qu'à se mordre le nez point ! Déclamais-je théâtralement à la manière des griots.

Il se mit à sourire de toutes ses dents en se la pétant un chouïa, surélevant ses épaules dans une démarche arrogante (di xogaliku ! Buko néexé nak bari titër NDOUR 😅). Il sortit alors son portefeuille et se mit à me distribuer des billets de banque tous neufs en récompense des éloges que je venais de faire de ses ancêtres. Je me suis prise, l'espace d'un instant, pour un Géwël Mbaay (griotte attitrée). Et vous pouvez me croire, être la griotte personnelle de son mari, c'est très doux comme sensation.

-Ce soir, tu me prouveras toute ta reconnaissance sama Biddewbouma yërëm nak (et n'aie surtout aucune pitié pour moi) ! Poursuivait-il coquin

Je lui demandais de s'approcher en lui faisant signe avec un doigt et je posais ses deux mains autour de ma taille où s'empilais une multitude de ceintures de perles de reins, sa petite faiblesse à monsieur mon mari. Un vrai sénégalais, pure souche lui, il a des goûts à l'ancienne !

-Tu vois ça ? Il y'en d'autres plus forox (intéressants) encore dans la chambre. En plus de ça, je te réserve plein d'autres surprises pour ce soir. Tay mom sama Tangal yay bañ, lo amul si mane si yaw lë (Tes désirs seront des ordres Candy. Tu n'auras qu'à ordonner et moi j'exécuterai en totale soumission !) Sussurais-je avec un clin d'œil des plus coquins.

Sa respiration s'était subitement accélérée et il commença à m'embrasser dans le cou. Je le repoussais alors tout gentiment.

-Pas maintenant Candy, ce sera beaucoup mieux après, je te le promets ! Vas te doucher avant Timis (prière de Maghreb), le diner est presque prêt !

-Dina fayou deh Fatima Zahra, tay douma la may dara (Je me vengerai ma Zahra, ce soir je ne te laisserai aucun répit) ! Me menaçait-il en se détachant à contrecœur de moi avant de prendre les escaliers en trainant un peu des pieds comme un gosse boudeur !
Un vrai gamin cet homme !

Un mois plus tard on s'envola donc pour Paris.
Et nous n'y étions pas que pour visiter la tour Eiffel, l'arc de triomphe, se balader romantiquement sur les champs Elysées, faire du shopping dans des boutiques hors de prix, faire le tour de la seine sur des bateaux-mouches et toutes les autres délices qu'offrait la capitale française. Bien sûr qu'il y avait de tout cela mais pas que.

Après avoir consulté quasiment tous les spécialistes renommés du Jollofland et après avoir bu pas mal de potions de nombres de guérisseurs (je parle bien de tradi-praticiens qui soignent à base de plantes et autres herbes), on s'était mis d'accord avec mon mari de consulter un spécialiste renommé en France, juste pour avoir un autre avis médical en dehors du pays pour conforter ceux reçus jusque-là. Ce n'était pas parce que nous n'avions pas confiance à nos excellents médecins nationaux mais c'était juste pour pouvoir mieux se rassurer. Un autre avis était toujours bon à prendre. Ce sera le dernier, on se l'était promis !

Donc ce fut sans pression qu'on était allé à ce rendez-vous à l'hôpital européen Georges Pompidou, troisième meilleur service gynécologique de la France. Et pour ne pas changer ce fut le même verdict.

-Monsieur-dame après vous avoir consulté et au vu des résultats des nombreuses analyses effectuées, j'en arrive à la même conclusion que mes confrères Sénégalais. Je ne vois également aucun problème vous empêchant de concevoir ni à l'un ni à l'autre. Tout est normal des deux côtés !
La plupart du temps le stress peut être la cause du blocage. Vous calculez vos cycles, faites une fixette sur vos périodes d'ovulation, vous mettant ainsi la pression pour avoir un bébé alors qu'il faut quelques fois y aller juste sans se prendre la tête, de manière trés spontanée.
Mon conseil, ce serait de continuer à vous entrainer sans aucun stress en vous faisant plaisir. Décrispez-vous, décontractez-vous en laissant les choses se faire naturellement et ça finira par arriver ! Nous disait le médecin.

Au sortir de cet hôpital avec Pape Demba, on s'était promis qu'on ne perdrait plus notre temps et nos sous à tenter de soigner une maladie imaginaire. On fait confiance à Allah et on laissera le destin se faire. Du coup nous avions passé une excellente semaine à Paris. Nous avions décidé de laisser nos soucis derrière nous et de profiter de ce séjour comme un jeune couple d'amoureux et nous ne nous étions pas gênés.

Tout ceci s'était donc passé l'année dernière.

De retour au Jollofland, nous avions continué notre petite vie tranquillement en toute insouciance, jusqu'à ce que la grande royale se mêla, encore une fois de plus, à la danse.

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AMK_Rassoul

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