Nolim IV : La Cité de cristal

By ChristopheNolim

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-- Quatrième livre dans la série Nolim -- Cent cinquante mille ans avant notre ère. Le tyran Ozymandias a dé... More

Introduction - NDA
Partie I : La Cité de cristal
1. Adad
2. Ozymandias
3. Alcmène
4. L'Oracle
5. Quelques grains de poussière
6. Il suffit d'attendre
7. Le jour du Déluge
8. Pas encore
9. La reine des glaces (interlude)
10. Qui es-tu ?
11. Aurélia
12. Flotter parmi les rêves
13. Le palais de glace
14. Un pas de plus
15. Ariane
16. Aléane
Partie II : La Chasse au Stathme
17. Crysée
18. Imperium Draconis
19. Le Stathme de Jupiter
20. Barfol
21. L'attente et la moustache
22. Le paradis perdu
23. Ignatius
24. La chute de l'empire
25. La grande oeuvre
26. Aos Sidh
27. Le champ quantique
28. L'Hyperboréen
29. Le fond de la mine
30. Le cristal noir
31. Oleg
32. Stella Ciner
33. Le Méditant
34. Le pouvoir
35. Je suis le passage
36. Mjöllnir
37. Sortir dans l'espace
38. Sauver quelqu'un
39. La course à Draconis
40. Séparer
41. Le Némée
42. La traversée
43. Une boîte de soupe
44. Draconis
45. Le Stathme de Jupiter
46. Un usage pour ton pouvoir
47. La cité de cristal
Partie III : Le Cercle des Convertis
48. Adrian
49. Marcion
50. Le pingouin
51. L'intrus
52. Les cow-boys
53. Alma
54. Tyrfing
55. Cet endroit est parfait
56. Astyane
57. Le directeur
58. Cards
60. Que veut-il ?
61. Le chasseur
62. Le puissant
63. Métaphysique du yaourt
64. L'ordre d'Eden
65. La fosse des cauchemars
66. L'anti-homme
67. Ohn Sidh
68. Christian
69. L'envers du décor
70. Le plat typique
71. Le choc des mondes
72. Un souvenir
73. Un dossier
74. Clac
75. Le désert de sel
76. L'enfer de glace
77. L'ascension
78. Zögarn
79. Faire partie de l'Histoire
80. L'invention des chips
81. La Source du Temps

59. Je cherche les champignons

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By ChristopheNolim


« ... par les sangs de Kaldar ! » explosa Siren.

Marcion avait un terrible mal de crâne. Il remonta son cou endolori, aspira une goutte de bave qui pendait entre ses lèvres, ouvrit les yeux et vit la portière conducteur claquer violemment, envoyant une onde de choc dans tout l'habitacle.

Le vampire fit un haussement d'épaules. Il envisageait sérieusement de se rendormir lorsque Siren ouvrit la portière passager, l'empoigna d'une main, le sortit de la voiture et le mit sur ses pieds. Elle avait l'air plutôt en forme pour quelqu'un qui n'avait pas dormi. Marcion, qui sentait les premières lueurs de l'aube flotter au-dessus d'eux, sortit une paire de lunettes de soleil et un tube de crème de solaire de la poche de sa veste.

Siren avait sorti la voiture de l'autoroute, suivi un chemin forestier et pilé entre deux chênes centenaires, non loin d'une cabane abandonnée aux dimensions d'un abri de chasseur. Une précaution sans doute inutile, s'ajoutant à une longue liste de vieux réflexes. Cela avait commencé par jeter son téléphone dans une poubelle et en sortir un autre, un vieil appareil à clavier de l'époque romaine.

« Il faut que je te parle. »

Son visage était encore caché derrière ses cheveux noirs, et Marcion se prit à penser que, peut-être, Siren n'avait pas de visage, qu'elle n'était qu'une illusion incomplète. Mais son regard furieux lui glaça aussitôt le sang.

« Je pensais que ce serait moi qui jurerais par Kaldar le premier, dit le vampire avec diplomatie, tu m'as battu.

— Je pense qu'il le mérite. On s'est fait avoir comme des bleus.

— Personnellement, je n'ai même pas suivi ce qu'il se passait.

— La SPEX a été dissoute par le Bureau Fédéral. Nous sommes des fugitifs.

— Ah. »

C'était un sentiment désagréable, certes, mais pas plus que lorsque son dentiste lui avait dit qu'au lieu d'une dent de sagesse, il en arracherait deux. Marcion avait déjà été un fugitif, il s'était même plutôt bien porté à cette époque, mieux que depuis que le Bureau l'avait attrapé et étiqueté comme consultant, à la manière d'un entomologiste stockant ses spécimens d'insectes.

« Et maintenant ?

— Dans son dernier message à la SPEX, Romanovna nous a informés qu'il y avait eu une taupe parmi nous. Quelqu'un qui travaillait pour les Convertis.

— As-tu des noms ? Des hypothèses ?

— Oh, oui, j'en ai une excellente. »

Siren jeta un bref coup d'œil en direction de l'autoroute ; des voitures invisibles rugissaient par intermittence derrière les arbres. Avec un soupir, elle dégaina son arme de service et la pointa en direction du vampire.

« Je viens à peine d'y penser. Il m'aura fallu une nuit pour connecter les fils. Tu es le chaînon manquant, Marcion. Il me fallait quelqu'un qui soit enfoncé jusqu'au cou dans l'enquête sur les Convertis. Ça ne peut pas être Denrey. La connaissant, Romanovna aurait procédé autrement. Il reste toi. Tu es idéal. Tu étais un vampire avant que ça devienne la mode. Tu regrettais ta vie dalnienne, mais d'après tes dernières évaluations psychologiques, tu as tourné la page. Sauf que la Terre ne t'a jamais plu. Tu veux changer ce monde. Les Convertis sont le meilleur moyen d'y parvenir. Est-ce que j'ai tort ?

— Grand Unum ! Tu te trompes sur toute la ligne. On voit tout de suite que tu n'as pas dormi.

— Pas un geste !

— S'il y avait une taupe dans le Bureau, tu sais qui serait la mieux placée ? Toi. Moi, je me contente d'écrire des rapports. C'est toi qui étais impliquée dans l'enquête. Je ne savais même pas qu'il y avait une enquête il y a deux semaines. Tu ne serais pas au Bureau si Denrey et Romanovna n'avaient pas décidé de te faire confiance, et je parie que tu avais un dossier de dix kilos, qu'ils ont brûlé dans leur cheminée à Noël dernier en chantant des cantiques.

— C'est absurde.

— Tout est important. Toute hypothèse est bonne à prendre. Ne serais-tu pas une taupe sous hypnose ? Ou sous influence psychique d'Alma Treskoff ?

— Silence ! »

Marcion leva les bras, car une arme chargée était tout de même pointée en direction de sa tête, entre ses deux yeux, à l'exact emplacement d'un bouton de moustique, et la personne avec le doigt sur la gâchette était une ex-agente de services secrets obscurs, à qui son ancien métier avait certainement appris à faire le ménage sans poser de questions.

« Tu sais quoi ? Dans l'un des manuscrits de la gnose, dont la seule copie officielle est conservée dans les archives du Vatican, ça parle de l'histoire d'une planète de vampires qui aurait trahi ton dieu Kaldar. Les vampires sont des traîtres. Ils ont le cœur teinté de noir, la couleur de leur sang selon les textes occultes des alchimistes, qui recommandent de le mélanger à de la sauge pour en atténuer les effets démoniaques, ou du souffre pour les amplifier... »

Ils avaient échangé les rôles ; d'ordinaire, c'était à Marcion de parler pour camoufler son stress. Mais Siren n'avait pas dormi et se sentait prise au piège. Son intellect avait été défait par une puissance étrangère ; elle ne pouvait pas l'accepter.

« On ne va pas rester ici toute la journée, proposa Marcion. Allons-y, je prends le volant. »

Une branche derrière lui craqua, ce qui fit virevolter le regard brillant de Siren sous sa frange noire. Elle s'attendait vraiment à ce que les Convertis débarquent d'une minute à l'autre, toute une meute de vampires enragés venus boire son sang.

« On n'échappe jamais à sa nature, murmura-t-elle.

— Il n'y a pas de nature. C'est à peu près la seule chose que j'ai retenue du kaldarisme. Il n'y a pas d'essence. Et tant mieux, sinon ma nature serait d'écrire des rapports ennuyeux à mourir.

— Ne... bouge... pas...

— Euh... Siren ?

— Silence !

— Tu peux la lâcher, maintenant.

— Pas avant que tu m'avoues la vérité ! »

Marcion se gratta la tête d'un air gêné ; il détourna le regard.

« La vérité... comment dire... c'est que tu as une carotte dans les mains. »

Elle aurait pu essayer d'appuyer sur la détente plusieurs fois avant que la couleur orange ne lui saute aux yeux. À cet instant, Siren prit un air ahuri, perdit connaissance, et tomba en arrière dans les bras d'Adrian von Zögarn.

L'alchimiste la traîna jusqu'à la voiture et la porta sur la banquette arrière en chantonnant une balade qui parlait de Socrate, de banquet, de philosophie, de poésie expérimentale et de physique quantique. Il s'épousseta les mains sur son pantalon de flanelle fripé et rajusta le col de sa chemise.

« Ne partez pas, monsieur Marcion ! J'ai une question de la plus haute importance à vous poser. »

Son regard se posa sur le vampire ; il fronça des sourcils, avança vers Marcion d'un pas important et le dépassa, tel ces hommes distraits mais pressés qui traversent la gare pour acheter leur journal et manquent leur train.

« ...mais avant cela, regardez-moi ça ! Je n'ai jamais vu un tel champignon. »

Il se saisit d'une canne en bois vernis, portant quelques entailles, dont le pommeau d'obsidienne représentait un énorme escargot de Bourgogne, l'une des créatures les plus étranges du règne animal selon Adrian, juste après l'ornithorynque et l'axolotl. Du bout de la canne, il tâta le chapeau noirâtre de ce qui devait être un bolet commun.

« Ce n'est pas du tout la saison. Il se passe des choses étranges, mon ami.

— Monsieur von Zögarn...

— Ne dites rien ! Parlez plus bas. Ce champignon nous écoute.

— Je...

— Ah, fausse alerte, ce n'est qu'un boletus machinchus. On s'en fiche. Venez, Martien. Vous aviez quelque chose de très important à me dire, je crois. Est-ce que vous avez à manger ? »

Adrian posa sa canne contre la portière ouverte et se mit à fouiller dans la boîte à gants. Il découvrit un vieux paquet de bonbons entamés, abandonné par le précédent propriétaire de la voiture. Un cloporte courageux avait essayé de croquer dans un bonbon d'un rose psychédélique et s'était asphyxié avec ses nanoparticules et autres sucres invertis.

« Non, se souvint-il, c'est moi qui avais quelque chose à dire ! Ha ! L'insoutenable légèreté de la mémoire. Monsieur Martien, c'est au sujet de votre chapeau. Il a élu domicile sur mon auguste crâne, ce qui me permet de camoufler mes déboires capillaires. Puis-je le garder ?

— Si... si vous voulez.

— Je vous sens hésitant ! Je comprends que vous ayez des sentiments pour ce chapeau. Après tout, le chapeau n'est-il pas le meilleur ami de l'homme ? Il vous protège de la pluie, des piqûres d'insecte ; il est la touche la plus personnelle de votre style. Et, tenez-le pour dit, quand toutes les cravates auront disparu, quand les moustaches se seront fanées, il restera des chapeaux. Le chapeau, monsieur Martien, est l'avenir de l'humanité.

— Je, euh, certainement.

— Je suis désolé. Je n'aurais jamais dû vous séparer de votre chapeau. J'ai cru... ! Ah, j'ai cru retrouver mes trois cent ans. Mais il faut se faire à l'évidence. Ce chapeau était déjà pris. Il était déjà vôtre. Et moi, je ne le mérite pas. Adieu ! Adieu, ô couvre-chef ! »

Il leva la main pour le retirer, rencontra ses cheveux grisonnants et constata que le chapeau l'avait déjà quitté au cours de son périple, sans doute pour vivre sa propre vie de bohème. Adrian émit un « ahem » gêné et, avec l'audace d'un homme politique interrogé sur ses comptes offshore, changea de sujet.

« Mais ça alors, quelle surprise ! Que faites-vous ici, monsieur Martien ?

— Et vous ?

— Moi ? Comme vous pouvez les constater, je cherche les champignons. »

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