Dr Louxi KAR
18, Filles du Calvaire
Paris 75015
Paris, le 27/03/2018
Cher confrère,
Je vous adresse Mademoiselle TOMMY Riley, âgée de 24 ans qui souffre d'un syndrome dépressif depuis plusieurs années avec deux TS médicamenteuses, scarifications. Elle est suivie par une psychologue depuis le mois de septembre 2017. Une prise en charge nous semble indispensable compte tenu des TS.
Bien confraternellement,
Dr L. KAR
04 décembre 2019.
- Bien Mademoiselle Tommy, la séance touche à sa fin pour aujourd'hui. La psychologue se leva du fauteuil, pour récupérer son agenda posé sur son bureau et interrogea la jeune femme en face d'elle ; quand êtes-vous disponible pour votre prochain rendez-vous ?
- En fait, commença-t-elle hésitante, n'osant pas regarder son interlocutrice dans les yeux, je pense que ce sera ma dernière fois, finit-elle par avouer.
- Ah, et pourquoi cela ? Le travail que vous avez entamé me parais loin d'être terminé !
- Je me sens beaucoup mieux depuis quelques mois, et je suis prête à passer à autre chose. Je veux oublier ! Se confia-t-elle.
- Négliger votre passé n'aidera pas à comprendre vos blessures, ni à les soigner mademoiselle ! Signala alors la professionnelle en regardant sa patiente.
Il y eu un moment de silence. Madame Curma referma son carnet attendant un retour de la jeune Riley. Elle n'était pas surprise qu'elle mette fin à la psychothérapie.
En dix ans de carrière, elle avait vu de nombreuses personnes défilées dans son cabinet et souvent la réaction était la même. Dès que le patient faisait enfin face à ses traumatismes, la meilleure réponse était la fuite plutôt que d'aller au bout du processus. Parfois, elle arrivait à négocier avec la part d'égo et protecteur de chaque individu pour qu'ils aillent jusqu'au rétablissement. Alors, armés de courage et de larmes, ils affrontaient leurs souvenirs douloureux pour comprendre et panser les plaies. Mais dans la majorité des cas, insister ne servait à rien.
- Écoutez, je n'ai plus envie de revenir et je maintiens ma décision ! N'essayez pas de me faire changer d'avis ! Déclara la jeune femme de plus en plus tendue.
- Très bien, cela reste votre décision ! Reconnu la psychologue. Si je peux me permettre, j'ai remarqué que vous vous investissiez de moins en moins, depuis quatre ou cinq séances [...].
Elle s'arrêta un instant pour observer sa réaction. Riley paraissait en effet surprise. Un peu comme une enfant prise en flagrant délit. Dans son for intérieur, elle reconnaissait qu'elle cherchait à s'échapper de cette fameuse psychothérapie. L'idée d'affronter ses démons intérieurs la tétanisait.
- [...] depuis que nous avons abordé le sujet de vos relations sexuelles avec vos partenaires. Sachez qu'ici je ne suis pas là pour vous juger ; mais vous aidez à comprendre vos actes. J'espère que lorsque vous serez prête, vous reviendrez et continuerez ce travail. Ce n'est pas facile de se replonger dans ce genre de souvenirs, ceux qui nous font mal, j'entends bien, mais il le faut pour se comprendre soi et avancer !
- Pas du tout, protesta Riley indignée, je n'ai aucun problème à parler de mes relations sexuelles. Je ne vois pas, ce qu'il y a de passionnant à raconter à ce propos. Oui, mon ex m'a quitté, oui j'ai couché à droite et à gauche pour avoir un semblant d'affection, pour me sentir désirer par un homme et surtout, c'était une drogue pour oublier ! Répondit-elle sur la défensive. Je ne veux plus reparler de tous ces hommes, je désire les effacer de ma mémoire et surtout mon ex, finit-elle attristée.
- Vous êtes certaine de souhaiter arrêter votre thérapie ? Ici, c'est votre espace, pour vous et par vous ! Tenta de nouveau la psychologue.
- Je dois y aller, au revoir madame Curma et... Merci pour tout ! Sourit faussement Riley.
- Bonne continuation mademoiselle, vous avez mon numéro, dès que vous en ressentez le besoin, appelez-moi, proposa-t-elle en dernier recours.
Dans un long soupire, Riley récupéra son sac, s'acquitta de sa séance d'un billet de cinquante euros et sortit du cabinet.
Elle marcha quelques mètres avant de s'effondrer en pleure en pleine rue. Malgré la joie ambiante extérieure qui régnait en cette période de l'année, les sentiments négatifs prirent le dessus.
Elle marcha rapidement jusqu'au parc. Les larmes aux yeux, elle trouva un coin où se poser. et s'adossa contre un gros arbre. Il faisait un froid sec, ce jour-là et les températures inférieures à zéro dissuadèrent un grand nombre de s'aventurer trop longtemps à l'extérieur. Pour Riley c'était parfait. Elle posa sa tête sur ses genoux et se laissa vraiment aller aux larmes.
- Suis qu'une pute ! Disait-elle sans arrêt en sanglotant. Une pute, une pute, veux mourir, pleurait-elle désespérée.
Riley avait gros sur le cœur. Un sentiment de médiocrité l'envahit.
Elle repensait à Louis, puis au jour où le combo alcool et sexe devinrent sa drogue. Ce n'est pas qu'elle aimait coucher avec n'importe qui. Non, son problème était plus profond. Dès qu'elle voyait un gars plus de trois fois, elle s'attachait à lui. Elle développait des sentiments alors que lui en face voulait juste un plan cul régulier. Ainsi, elle changeait de partenaire. Puis quand son partenaire la traitait comme un vulgaire objet, elle se sentait tellement souillée qu'elle s'en allait, sans jamais donner de nouvelles. Ensuite elle enchaînait les mecs, elle se sentait mal. Quelques coups de reins, en échange d'une pseudo affection et chaleur humaine. Plus rien n'allait.
Même si à présent, elle avait réussi à se sortir de ce cercle vicieux, en restant chez elle et ne sortant que pour le strict minimum. Le problème de l'alcool lui, n'était qu'à moitié réglé.
Riley se détestait, elle haïssait celle qu'elle était actuellement et voulait qu'elle disparaisse. En finir avec sa vie. Et pourquoi pas ?
Le froid glacial commençait à bruler le bout de ses doigts et de ses oreilles. Cependant, la mélancolie et la déprime actuelle, dans lesquelles elle se noyait, lui brulèrent davantage son cœur en morceaux. Elle allongea ses jambes sur le sol et reposa sa tête sur le tronc d'arbre gelé.
Elle ferma les yeux et souhaita qu'une chose : en les ouvrant qu'elle serait au paradis.
▪︎▪︎
Riley avait mal, très mal. Maintenant, elle culpabilisait d'avoir mis un terme à sa thérapie, car en fait, cela était évident, elle en avait encore besoin.
Malheureusement, elle ne se sentait pas prête. C'était trop douloureux, il lui fallait anesthésier cette souffrance. Elle voulait effacer tous ces ombres du passé humiliantes et immondes de sa personne.
Toutefois, faire le choix de ne pas soigner une blessure, surtout si la plaie est encore vive, est-il recommandé ? N'est-ce pas une façon de laisser la porte ouverte à une nouvelle infection ?
"Le jour où tu détestes être toi, le jour où tu veux disparaître pour toujours
Construisons une porte dans ton cœur
Si tu ouvres cette porte et entre à l'intérieur, cet endroit sera là pour toi
Tu as le droit d'y croire, le Magic Shop te réconfortera¹."
Souhaitant se montrer forte, elle se mit à chantonner les paroles de Magic Shop. Elle se rappela alors la proposition de son amie. Elle avait fait la demande pour un P.V.T., lequel fut accepté, mais elle n'avait toujours pas pris de décision si oui ou non elle partirait pour la Corée du Sud.
Riley se recroquevilla et se vida de tout son être. Un torrent de larmes plus tard, vidée de son énergie elle se trouvait plus légère, bien qu'elle n'aimât pas ce goût d'amertume dans ses pensées. Elle se leva prête à rentrer et essuya les traces d'eau sur son visage.
- À partir d'aujourd'hui, j'arrête de pleurer pour toi Louis et je me reconstruis. Je suis une femme forte, non ? Je peux vivre sans toi !
Elle composa un message à sa meilleure amie et lui envoya ceci :
« Je te suis en Corée du Sud. »
Partir, pour revenir plus fort.
Prends soin de toi Riley.
Tu mérites de vivre.
¹Magic Shop de BTS, traduit de l'anglais au français par BTSARMYFRANCE
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