PDV Charles :
Je rentre dans l'appartement et m'adosse contre la porte. Tout ça va se rajouter à tout le reste.
Putain.
Quels connards ! Réellement.
Quels connards !
Je serre le point : quelle équipe de merde ! Ils comptent aller où comme ça ??! Ils l'ont détruit ... tout simplement ... ils l'ont brisé.
Alors qu'il allait mieux, putain de merde ! Il se remettait bien ... ils lui font vraiment la misère ! Pourtant ... tout marchait bien avant ! Depuis qu'il est avec eux dans la filière junior, il n'avait jamais eu de problème quelconque, il gagnait et il était détendu ! C'est depuis mars qu'il est avec eux et ... -
Je m'arrête dans ma réflexion et je reviens dans le salon à grands pas. Je fixe Max d'un regard noir ... lui ... c'est lui qui constitue une partie du problème ! J'en deviens fou !
« TOI !! » je lui lance en me collant à lui.
« Quoi ?! » me répond-t-il étonné.
« Espèce de BRISEUR DE CARRIÈRE ! CONNARD ! » je lui vocifère.
« Pardon ?! Retire ce que t'as dit TOUT DE SUITE ! Je ne suis PAS un connard ! » rétorque-t-il en fronçant les sourcils.
« Tu ne l'as pas aidé dans l'équipe, j'en suis certain. Avec ta foutue prétention d'un Calimero, avec ta voiture totalement faite pour toi ! T'AS PAS HONTE DE CE QUE TU LUI AS FAIT ? À lui, mais aussi à Daniil en 2016 ? »
« Je crois qu'on va remettre les pendules à l'heure ... » commence le Néerlandais tremblant de colère, alors que les autres nous font tous les deux reculer : « De une, tu n'étais PAS dans l'équipe. De deux, OSE DIRE QUE TU N'EN AS PAS BRISÉ ! Tu es un putain d'hypocrite, celui qu'on appelle le "golden boy" !! Une des règles d'or du sport est d'être égoïste pour sa propre carrière, tu la connais aussi bien que moi, cette foutue règle dévastatrice: performer au maximum pour être meilleur que les autres, malgré les liens !! Toi aussi pour arriver ici, tu as dû te mettre au top niveau, tu t'es démarqué et c'est pour ÇA que tu as gagné ta place !! Alors, N'OSE PAS ME DIRE QUE JE SUIS UN BRISEUR DE CARRIÈRE !! ... Et je n'ai ABSOLUMENT PAS laissé tomber Pierre dans l'équipe, au contraire, on restait soudés entre nous - la preuve depuis l'Autriche, et d'ailleurs vous nous avez stalké - mais je ne pouvais pas arrêter de faire le taf, sinon on aurait tous les deux perdus ! ... Quant à Daniil, je n'ai pas choisi de prendre sa place en milieu d'année, c'est RED BULL qui prend les décisions pour tout ! Seulement l'équipe et personne d'autre ... CE N'EST PAS MOI QUI AIT DÉCIDÉ, BORDEL ! »
« Admet au moins que tu influences. » je réplique, énervé.
« Toi aussi, t'es qu'un connard !! TU NE VEUX PAS ARRÊTER DE ME FAIRE PORTER UNE PARTIE DU CHAPEAU INTENTIONNELLEMENT ?! Tu crois pas que je me sens assez mal, là ... »
« STOP ! ÇA SUFFIT MAINTENANT ! » la voix d'Anthoine nous interrompt alors : « ARRÊTEZ VOS ÂNERIES ! TOUS LES 2 ! Vous croyez vraiment que c'est le moment ?! »
« Anthoine a raison, cessez ces conneries ! Et si vous ne pouvez pas vous blairer et vous comporter en adulte là, maintenant, tout de suite, allez vous calmer quelque part ! » ajoute sérieusement Daniel.
Max frappe du pied et se dirige vivement vers le balcon. Il claque violemment la porte-fenêtre derrière lui et s'assoit sur le sol, tourné vers la mer. Je l'entends hurler, sûrement un juron dans sa langue natale et puis, le silence reprend ses droits. Anthoine se tourne vers moi :
« Je suppose qu'il ne va pas revenir tout de suite, n'est-ce pas ? »
Je hoche la tête positivement, il le connaît tellement bien, et je croise les bras ... je ne peux pas y croire ... je ne réalise pas ... et dire qu'on était sensé se battre au sommet ... qu'est-ce que toutes ses pensées ont tellement changé depuis décembre ...
« Je pense que tu dois des excuses à Max ... ce n'était pas sympa de l'attaquer comme ça et à chaud en plus ... c'est totalement contre-productif ... » reprend calmement Dan, et je baisse les yeux.
Il est vrai que la réaction a été un peu disproportionnée ... j'irai le voir lorsque je serai sûr qu'il n'aura plus envie de me jeter dans le vide ... finalement, Max et moi nous connaissons par le biais de notre rivalité, c'est-à-dire mal avec des préavis et suppositions ... ce qui mène à des stupidités ...
Maintenant, il faut en discuter ... et attendre le retour de mon meilleur ami.
14h40 :
PDV Pierre :
Je marche à ne plus en pouvoir sur la Route de la Corniche : être en pleine chaleur est quelque chose dont je me soucie à peine ! J'alterne entre m'arrêter 10 minutes/repartir et m'arrêter 10 minutes/repartir, etc.
J'arrive à Agay, une commune de Saint-Raph, et je regarde la distance parcourue : je viens de me faire 10,5 km à pied pendant au moins 2 bonnes heures et demie de marche ... les sentiments, comme quoi ...
Je m'arrête juste pour m'acheter une grande bouteille d'eau bien glacée, mais j'évite de la boire d'une traite. Je n'ai absolument rien pris en partant, sûrement une erreur : je n'ai pas mangé du tout, et en même temps, je n'ai pas faim. Il faut croire que la question est réglée ...
Je suis tout retourné.
Mélangé entre la rage et la tristesse.
J'ai pleuré, mais mes larmes étaient trop chaudes : les gouttes de sueur se confondent avec celles tombant de mes yeux, et ne réussissent pas à me rafraîchir et me calmer.
J'ai crié jusqu'à ne plus avoir de voix lors de mes arrêts sur les plages de rochers, où seulement quelques personnes habiles décident de s'aventurer. Les pierres ont retenu l'écho cassé de ma voix instable.
Et puis, est venue la consternation avec moi : jusque-là, je n'avais jamais douté de mon pilotage, et des mes habilités au volant ... est-ce que j'ai tort de me faire confiance ... ?
Non !! Je me suis battu pour arriver en F1, j'ai montré ce que je vaux, ce n'est pas pour douter de mes capacités et de mon possible talent.
Oui peut-être, mais certaines personnes y accèdent sans cela, n'est-ce pas ?
J'ai envie vainement de me refuser cette pensée. J'ai vraiment de la chance d'être dans ce cercle de pilotes si fermé ...
... mais en même temps, ce qui se passe m'a tellement fatigué ...
I'm tired of being what you want me to be,
Feeling so faithless, lost under the surface.
I don't know what you're expecting of me
Put under the pressure of walking in your shoes.
Je suis crevé d'être celui qu'ils veulent que je sois, l'autre Pierre que je ne reconnais pas, celui qui ressemble au pilotage de la vedette. Celui qui accepte tout et qui ne dit rien. Je me sens tellement incroyant, perdu sous la surface que je ne vois plus depuis des mois. Je ne savais jamais exactement ce qu'ils voulaient de moi, et ils me mettaient alors une pression de dingue.
(Caught in the undertow, just caught in the undertow.)
Every step that I take is another mistake to you.
(Caught in the undertow, just caught in the undertow.)
Je m'allonge sur le sable chaud d'une plage d'Agay, juste pour me reposer, je veux seulement me reposer quelques instants. Une demi-heure plus tard, on me demande de dégager : je me suis installé sans le savoir sur un bout de la plage privatisé par un resto. Je me relève, je soupire : le seul lieu accueillant doit être le massif de l'Estérel.
I become so numb, I can't feel you there,
Become so tired, so much more aware
By becoming this all I want to do
Is be more like me and be less like you.
Je marche encore jusqu'à monter la pente de la montagne : je cherche le plus haut pour tout admirer.
Can't you see that you're smothering me ?
Holding too tightly, afraid to lose control
'Cause everything that you thought I would be
Has fallen apart right in front of you.
Je me sens étouffé, comme en apnée : j'ai besoin d'air, j'ai besoin de respirer. Tout ce qu'ils ont pensé de moi pour leur projet a été détruit juste devant eux : ils m'ont serré trop beaucoup trop fort, mais cela m'a rendu fou.
Si je n'avais pas tous ces problèmes personnels aussi, ça m'aurait facilité la vie ! Mais non, évidemment, il faut qu'il y en ait ... sinon, ce n'est pas drôle visiblement.
(Caught in the undertow, just caught in the undertow.)
Every step that I take is another mistake to you.
(Caught in the undertow, just caught in the undertow.)
And every second I waste is more that I can take !
Je me dépêche : j'ai envie de contempler le paysage, j'en ressens une nécessité profonde. Je marche depuis beaucoup trop longtemps, je manque de souffle, j'halète et j'en ai conscience. Mais je crois que seul mon subconscient sait vraiment ce que je fait. Est-ce une manière de ne pas tomber dans le déni ?
I become so numb, I can't feel you there,
Become so tired, so much more aware
By becoming this all I want to do
Is be more like me and be less like you.
And I know, I may end up failing too.
But I know, you were just like me with someone disappointed in you.
Je me suis déjà écroulé une fois : l'accident à Silverstone était l'ultimatum qui a tout dévoilé. Mais c'était surtout physiquement. Aujourd'hui, c'est l'ultimatum mental que je perds complètement. Est-ce que je vais de nouveau sombrer ?
I become so numb, I can't feel you there,
Become so tired, so much more aware
By becoming this all I want to do
Is be more like me and be less like you.
Est-ce que je dois vraiment me laisser tomber ? Ce serait en même temps leur donner raison. Je veux simplement me retrouver moi-même.
I've become so numb, I can't feel you there.
(I'm tired of being what you want me to be.)
I've become so numb, I can't feel you there.
(I'm tired of being what you want me to be.)
Le sommet, ça y est. Enfin, de là où je voulais m'arrêter, pas de cette partie du massif. Je m'assois vivement sur un rocher, mes jambes ne me tiennent plus ... ou plutôt, je n'arrive plus à les faire tenir.
Je rallume alors mon téléphone pour voir l'heure. Aussitôt, des millions de notifications font vibrer mon portable : des messages, des appels manqués de mes ami(e)s, mes proches, mes frères, mes parents, etc. Mais aussi des notifications d'information ... que j'aurai aimé ne pas voir :
Exclusif !!! : Le nouveau coéquipier de Max VERSTAPPEN chez Red Bull Racing se prénommera Alexander ALBON à la reprise de la saison de Formule 1 à Spa-Francorchamps !
Suite à ses performances décevantes, Pierre GASLY retourne chez Torro Rosso - nos infos.
Acte II de la rétrogradation chez Red Bull Racing : après Daniil KVYAT au profit de Max VERSTAPPEN en 2016, le même scénario se répète aujourd'hui pour le Français Pierre GASLY, qui échange sa place avec le Thaïlandais Alexander ALBON, malgré les promesses de son ancienne équipe en Hongrie
Affaire Red Bull/Pierre GASLY : à qui la faute ?
Et encore pleins d'articles comme ça ...
Ils ne savent pas de quoi ils parlent !
Je préfère rééteindre mon téléphone par dégoût de ce que je lis.
Tout en contemplant cette perfection de la mer et du calme autour de moi, mes larmes coulent et tout ce que je veux exprimer depuis ce matin se lâche complètement.
21h58 :
PDV Esteban :
On attend, mais toujours pas de retour. Aucun signe de vie depuis pratiquement douze heures.
On lui a passé des appels de temps en temps, aucune réponse. Max a même proposé de le géolocaliser en début d'aprèm, ce à quoi Daniel a répondu :
« Et pourquoi pas lui mettre une puce la prochaine fois qu'il part pendant qu'on y est ?! Sérieusement Max, ça ne se fait pas ! En plus, on n'est pas des hackers pros, il ne doit pas avoir activé sa géolocalisation ! »
Et à chaque fois qu'on entendait des pas dans le couloir de l'étage, Charles se précipitait pour ouvrir la porte ... et tombait le plus souvent sur des voisins qui le regardaient bizarrement.
Comme quoi, l'ambiance est tendue ...
Et l'heure passe encore.
22h15.
22h45.
23h.
23h15 ...
Je me lève alors :
« Les gars, je vais le chercher. »
« Et pourquoi toi ?! » me lance amèrement Max.
« Parce que j'ai peut-être une idée d'où il est là maintenant. Je viens d'y penser ... »
Silence.
« Vas-y. Et tiens nous au courant ! » s'exclame Daniel.
« M-m-m ... mais ... » bégaie alors Max.
« Max, on tente, d'accord ? Je crois que tu n'as pas de meilleure idée pour l'instant ! » lui dit Daniel en le reprenant.
J'ai à peine saisi les clés de ma voiture que je suis sorti de l'appartement. Je roule jusqu'à Agay en espérant le trouver. Je longe les bords de mer jusqu'à apercevoir cette silhouette familière, debout sur le sable fin, face à la mer. Je m'arrête, sors et m'approche tranquillement sans le coller.
« Je sais que c'est toi, Esteban. » dit-il sans se retourner.
« Pierre ... je suis vraiment désolé pour toi, c'est vraiment terrible et ... »
« C'est injuste ! C'est tellement injuste ! Alors qu'il a seulement une demi-saison d'expérience, il me remplace ! J'ai une saison et 7 GP dans les jambes avant le début de la saison et je me fais dégager ! »
« Pierre, je sais ... » j'essaie de lui dire.
Un silence s'installe, quand soudain, il retourne sa tête vers moi. Il me fixe avec un mauvais regard.
« Mais toi, ça devrait te faire plaisir, non ? » me lance-t-il.
« Qu-... quoi ? »
« Tu trouvais que je ne méritais pas ma place chez eux !! Eh ben voilà, ÇA Y EST, je suis dégagé ! Tu dois être content ! De quoi fêter ça, non ? » me coupe-t-il très énervé.
« Pierre ... ce jour-là, je n'aurai jamais dû dire ça ... je ne le pense pas - ou plus - maintenant ... »
« Mais Tu l'as dis quand même, c'est con hein ? Cesse ton hypocrisie et VA-T-EN ! Qu'est-ce que j'en ai marre, merde ! » me hurle-t-il.
Je me sens mal. Max avait raison : quelqu'un d'autre aurait dû y aller ... Je reprends ma respiration et je lui dis calmement :
« Tu peux venir quand tu veux ... je t'attends dans la voiture. »
Avant de revenir sur mes pas. Je préviens les autres que nous rentrerons à une heure indéterminée.
PDV omniscient :
Au bout de trois-quarts d'heure, la portière du siège passager s'ouvre et Pierre s'y installe aux côtés d'Esteban. Le trajet de retour est silencieux, et d'un côté, Pierre remercie Esteban pour ça : il a été cash avec lui, il le sait, mais au moins, il respecte son silence.
Lorsqu'Anthoine referme la porte de l'appartement derrière eux à leur retour, Charles se jette dans les bras de son Français, rapidement suivi par Max et Anthoine. Personne ne parle. Tout le monde est silencieux. Rien que ça fait du bien au Rouennais. Après être restés quelques minutes statiques, chacun retourne dans sa chambre.
Et en quelques sortes, après avoir reçu du réconfort moral de la part de son meilleur ami, Pierre s'endort dans son lit.
Dans les bras de Charles.
~~~
Aargh, j'aurai pu publié HIER si je n'avais pas eu des problèmes de connexion ... mais je n'ai toujours pas réussi à mettre la musique après une vingtaine d'essais 🤬.
Bon, attendez 3 secondes, je reprends mon calme ... *inspire* *expire*
Ouf ...
Pardon, revenons à nos moutons 😅
La mauvaise nouvelle est arrivée, j'imagine que vous vous en doutiez (ou pas ? ...), mais voilà ... je n'aime vraiment pas la mentalité de RB envers le 2nd pilote (je l'ai déjà dit ? ... tiens c'est bizarre 👀), et ça s'est confirmé avec la série Netflix ... Alex commence à avoir quelques effets d'ailleurs ...
Est-ce que c'était une bonne idée incruster une musique en fond de chapitre ? C'est la première fois, et je trouvais que la chanson correspondait parfaitement à la situation.
J'espère que vous avez aimé ce chapitre ! N'hésitez pas à donner vos avis et pronos pour la suite !!
Ah oui, et au fait ... MERCI MAX !! Pour nous avoir stoppé l'hégémonie Mercedes !!! Pas que je suis contre eux mais c'est ... ennuyant à force 🥺.
Dimanche, GP d'Espagne ... puis une pause d'une semaine ... à voir !
En tout cas, à bientôt pour le prochain chapitre !!! 😉☺️