Tout n'est pas perdu...[Formule 1]

Chapitre 23 : Retour dans le paddock

Jeudi 29 août 2019, 12h54, Circuit de Spa-Francorchamps en Belgique :

PDV Pierre :

Charles me serre une dernière fois la main de manière discrète avant de se diriger vers l'hospitalité Ferrari. Ce matin a été chargé en terme de médias, heureusement qu'on a pu se serrer un peu les coudes !

Quand on est arrivé dans le paddock vers 9h, on a failli louper la réunion des pilotes, pour enchaîner en plus avec la conférence de presse derrière (on était côte à côte avec Charles heureusement !) et après des entretiens individuels mais on était très souvent pas loin l'un de l'autre. Surtout qu'en plus, mes parents arrivent demain pour assister au Grand-Prix. Je suis content de les voir car ils ont l'occasion de venir, mais en même temps c'est un peu mal tombé ... mais bon, comment pouvaient-ils savoir tout ce qui allait se passer avec la rétrogradation ?

Ou plutôt devrais-je dire ...

« échange » ? Puisque Red Bull a décidé de ne pas assumer ...

J'en garde un goût amer.

Je soupire : ma journée médiatique est loin d'être terminée. Surtout que je suis mis au centre de l'attention.

Tout ce que je déteste ...

Les interviews de ce matin ont déjà été pénibles ! C'était à prévoir, mais tout le monde m'a demandé de parler de l'échange, sans aucune exception. Il faut dire que ma frustration se voit, se ressent depuis mon arrivée dans le paddock. Les journalistes ont tous formulé différemment, mais j'ai toujours conclut que « ma réponse sera sur la piste » pour montrer en quoi ils ont fait une erreur, en quoi mes détracteurs se trompent sur moi.

Depuis mes débuts en karting, j'ai essuyé de nombreux coups et cela m'a rendu plus fort. Certes ils font mal sur le moment, mais tout ce que j'ai traversé m'a fait grandir et permis de mieux réussir. Ils verront bien.

Mais maintenant, à mon plus grand bonheur, je dois rejoindre toute la famille Red Bull-Torro Rosso pour un barbecue ...

Génial ...

L'ambiance va être aussi bizarre et malaisante que possible, il va y avoir une tension, c'est une certitude. Et cela se confirme par le comportement de Max qui, quand j'arrive à l'endroit du déjeuner, vient passer son bras sur mes épaules et me fait marcher près de lui tout en lançant des regards noirs aux autres.

J'ai un pincement au cœur en me rappelant que Max et moi ne sommes plus coéquipiers désormais. L'expérience fut courte.

« Max ... »

« Tu m'as manqué, Pierre. Vraiment. » commence ce dernier alors qu'il m'entraîne vers le coin des boissons, où il y a en grande partie des canettes de Red Bull (forcément).

« Toi aussi, tu sais ... mais ce n'est pas la peine de faire cette tête-là ... »

« Bien sûr que si ! Ils t'ont traité de manière injuste et remplacé comme un malpropre, je ne vais pas en plus leur faire le plaisir d'en sourire. En plus, on m'a demandé de dire de la merde en conférence de presse, de dire que peu importe qui était à mes côtés ... et gnagnagna, ça me rend fou ! » reprend-il en me passant un verre que j'accepte volontiers.

« Je n'ai pas dit qu'il fallait en sourire ... juste garder la tête haute et ne pas se laisser abattre ... » je m'exclame, mais je dois avouer que je ne sais pas exactement comment reconstruire ma confiance en soi : « ... même si c'est plus facile à dire qu'à faire ... Tu as parlé à Alex au moins ? »

« Non ! Je n'ai pas besoin de lui parler, il faut bien qu'il découvre l'équipe de lui-même ! Et puis, même s'il est sympa, on ne se connaît pas vraiment. Hier, il est venu me voir pour me demander le fonctionnement du travail ... franchement, il n'est pas sérieux ! »