«Attends!»
«Quoi?»
«On va vraiment dans un club? Je croyais qu'on allait prendre un verre?
«C'est ce qu'on va faire. Tu croyais que quoi? On allait dans un bar? »
«C'est là qu'ils servent de l'alcool, non?»
«Oui, mais pour avoir vraiment du fun, tu vas en boîte. Tout le monde le sait.»
Il passa une main derrière son cou.
«Eh merde. Dis-moi pas que t'es jamais allé!»
«Je ne dirais rien alors.»
J'éclatais de rire, sans jamais me retenir - comment aurais-je pu? Lui. Sûrement plus âgé que moi, n'est jamais allé dans un club? J'aurais dû deviner.
«Ris pas! C'est déjà assez embarrassant comme ça!»
«J'ris plus, j'ris plus, promis. Aller viens, tu vas voir, c'est assez cool comme endroit. »
Il me suivit tranquillement, sans doute aucunement pressé de se rendre là où je l'emmenai.
J'ai bon rire de lui, je sais que c'est pas toujours joyeux de se rendre dans un nouvel endroit avec quelqu'un que tu ne connais pas tant que ça – je ne suis qu'une 'cliente', pour lui. Je sais aussi qu'il va me remercier après ce soir. Même s'il rentre bourré et que sa femme à la maison n'apprécie pas trop.
Première étape, rentrer dans le club.
À l'entrée, il y a le videur, Adam, que je connais bien. Il a l'âge de mon frère, et c'est pas rare que je les vois tout les deux ensemble. Alors, je suis familière avec lui et il ne m'oblige pas à faire la queue comme tout le monde. Donc, je me présente directement devant la porte, passant devant tout le monde.
Adam, dès qu'il me reconnaît, me fait un grand sourire et me prend dans ses bras. Avant de me laisser continuer ma route, il me pose quelques questions sur Jordan, s'informant sur son état.
Je lui répond en rétrécissants les détails, puis il me souhaite une bonne soirée, me glissant un passe V.I.P. dans la poche de ma veste en même temps.
Peut-être me laisse-t-il rentré dans un club avant que j'ai réellement l'âge (puisque je n'ai pas 21 ans, mais bien 19), mais il fait quand même attention à moi et ne me laisse pas entouré d'alcoolo sur le parterre. Il m'envoie plutôt avec les riches pervers de la mezzanine, là où les maîtresses de riches hommes d'affaires se trémousses un peu partout, surveillée de près par les hommes, collées les unes contres les autres, se frottants lascivement.
Tous les hommes restent assis et assistent au spectacle. Parfois quelque uns d'entre eux se joignent à leur compagne, mais jamais ils ne s'approchent des autres. C'est comme une règle d'or, que tout le monde respecte. Ici, les filles s'embrassent à pleine langue, ça ne dérange personne. Mais dès qu'un homme entre dans le jeu, il vaut mieux pour lui qu'il ne soit avec celle qui soit arrivée encore sobre à son bras.
J'entraîne donc mon cher docteur à ma suite, gravissant les escaliers quatre à quatre, puis le dirigeant directement au bar, jouant des coudes pour pouvoir m'y appuyer quelques secondes, le temps que prendra le bartender avant de venir me rejoindre pour prendre ma commande.
Ici, les employés ne me sont pas trop inconnus, puisque la plupart sont amis avec mon frère. Dès qu'ils me voient, ils me font passé en priorité, ordre de mon cher frangin, qui, après milles et une engueulades, a décidé que, s'il ne pouvait m'empêcher de me saouler, il m'obligerait à le faire à ses contraintes. Alors, si jamais je prends un peu trop d'alcool, ses amis se relaient pour me ramener à la maison. Ils vérifient aussi avec qui je suis, alors je prends toujours le temps de leur dire avec qui je suis arrivée et avec qui je compte rentrer. Si c'est le mauvais garçon qui est à mon bras, ils se font tous une joie de venir le remettre à sa place.
Je pointe donc du doigt Justin – vraiment, je déteste utilisé son prénom; ça le rend presqu'humain – annonçant clairement qu'il sera mon... « cavalier » de la soirée et qu'il est autorisé à ma ramener ce soir.
Je commande ensuite quatre shots de Tequilla, que j'emporte avec moi jusqu'à la table où Justin – vraiment!? - est installé. Je lui en tend deux des quatre.
« C'est quoi? »
« De la mort aux rats. Attend t'es sérieux? Qu'est-ce que tu crois que c'est, de l'alcool, voyons! »
« Je sais bien, je demandais quelle sorte. »
« Tequilla. »
« Ah. Jamais goûté. »
« Jamais!? Qu'est-ce que tu prends, habituellement, dans ton bar? »
« Gin. »
« Wow. La même chose que papa, je suppose. »
« C'est la seule chose qui traîne à la maison. Je me suis habitué avec ce que j'ai pu. »
« J'imagine. À ta santé! » m'exclamai-je en levant me premier bien haut.
« À la tienne! » me répliqua-t-il, faisant de même.
« Et à ta première vrai beuverie. »
Puis nous buvons d'un coup nos verres, le mien disparaissant tout de même plus vite que le siens.
« Alors? »
Il ne prit pas la peine de me répondre, engloutis plutôt son deuxième avant même que j'ai le temps de dire « ouf ».
« Il va m'en falloir d'autres, je crois bien. »
Je fis ce qu'il y avait de mieux à faire; je me levais et disparu jusqu'au bar.
*.*.*.*.*.*.*.*
Je crois bien que ça fait une bonne heure que nous sommes à la table. Une douzaine de shots traînent sur la table, certain renversé par notre état d'ivrognerie, d'autres encore à moitié plein. Le pire, c'est qu'on ne les remarque même pas.
Depuis près d'une heure, j'ai rit à m'en pisser dessus. Jamais je n'aurais cru avoir en Justin le meilleur compagnie de saoulerie au monde. Tout ce qu'il raconte n'a aucun sens et plus il parle, plus il se perd, plus c'est drôle. Il est libre, raconte ce qui lui traverse l'esprit au moment même que ça lui traverse.
Et Dieu que j'en ais appris sur lui en une heure.
J'ai appris que ses parents sont en fait séparés et qu'il a habité pendant presque toute son adolescence avec sa mère. Il voyait régulièrement son père, puisque ses parents avaient toujours le même cercle d'amis, mais ne s'était jamais rapproché beaucoup de lui.
Lui et sa mère n'ont jamais eu beaucoup de revenus, bien que sont père soit plein aux as. Pourtant, sa mère l'a éduqué comme le vrai gentleman qu'il devait être et il lui en était plus que reconnaissant. C'est lorsqu'il est entré à l'université – soit il y a un an et demi – qu'il a commencé à habiter avec son père. C'était plus facile pour eux, puisque de façon surprenante, Justin voulait devenir médecin comme son paternel, et c'était supposé les rapprocher. Bien sur, il y avait une restriction à tout ça; il devait marié la fille de celui qui était supposément le sauveur de la famille. Sa mère n'était au courant de rien et Justin n'avait pas eu le cœur de le lui dire, alors, il avait fermé sa gueule et avait accepté le marché de son père, pour sa mère qui n'attendait que de le voir recevoir son diplôme.
Il n'habitait plus avec son père depuis quelques mois – depuis son engagement avec Marie-Hélène, en fait. Je n'avais pu me retenir de demandé et il m'avait annoncé n'avoir jamais eu de rapports sexuelles avec sa futur femme, la laissant dans son fantasme de se réserver pour le mariage. Il m'avait dit que ça ne le dérageait que lorsqu'il aurait bien voulu aller plus loin qu'un simple baiser (qui ne se résumait qu'à quatre lèvres – jamais de langue).
Je suis restée choquée pendant au moins une bonne minute avant de reprendre contenance. C'est la première fois que j'entends un gars ne pas rouspéter face à l'abstinence que lui impose sa femme. Même moi je me plains lorsque le gars ne fait rien pour m'embrasser ou emmener les choses un peu plus loin.
Et c'est à ce moment que je me suis fait la réflexion que, dans le fond, soit il n'a pas une libido très demandée...
Soit il était vierge.
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Chapitre un peu plus long qu'à l'habitude.
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