Gueule d'ange [PREQUEL DVOS]...

By JHaltRoen

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Au moment de notre naissance, les étoiles se concertent et tracent la voie que nous serons amenés à suivre. Q... More

Avant-Propos
Prologue
.
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 7
Chapitre 8 - Partie I
Chapitre 8 - Partie II
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
.
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
.
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Epilogue
Remerciements

Chapitre 6

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By JHaltRoen


— F L A S H B A C K —


À l'heure précise où le soleil ocre de la fin d'après-midi caressait la cime des gratte-ciels de la ville, ses rayons venaient heurter la surface de East River et offraient, aux yeux les plus aguerris, un spectacle des plus éblouissants. Le pont de Brooklyn, comme sous le feu de puissants projecteurs, se dressait au premier plan d'un ciel délicatement rosé. Les pierres vieillies du monument laissaient alors entrevoir leurs mystérieux sillons creusés par le temps, qui, endurcis par les assauts de l'histoire, supportaient vaillamment le poids du ballet quotidien de promeneurs et de véhicules qui quittaient Brooklyn pour Manhattan — et inversement. Ce fut à ce moment-là de la journée, lorsque le pont englouti par son halo glorieux se dressait fièrement face à la ville, que deux amis foulèrent son plateau, au milieu de tant d'autres corps déambulant au-dessus de l'eau.

— Au fait, tu pourras me faire passer tes notes du cours de finance ? J'ai absolument rien compris à ce que le vieux schnock racontait tout à l'heure.

— Si tu veux. Mais pour être totalement honnête avec toi, j'ai pas suivi grand-chose non plus...

Ayden hocha la tête, dubitatif face à la réponse de son amie, puis se contenta de balancer le cahier corné qu'il tenait dans sa main gauche, d'avant en arrière. De son côté, Angélique serra un peu plus ses livres contre sa poitrine, tout en se concentrant sur le vent humide qui caressait son visage à mesure qu'ils avançaient sur le pont.

Après leur cours de finance, pendant lequel ils avaient dû lutter corps et âme pour ne pas s'endormir à cause de la voix soporifique du dit « vieux schnock », Angélique et Ayden avaient décidé de se balader dans Manhattan avant de regagner Brooklyn, en fin d'après-midi. Après plusieurs heures de randonnée urbaine, la fatigue de la journée commençait à se faire sentir et pendant quelques brèves secondes, alors qu'ils venaient de franchir la moitié de East River, ils se demandèrent s'il n'aurait pas mieux valu prendre le métro. Ayden poussa un long soupir et changea son cahier de main, pendant que Angélique soulageait un de ses bras endoloris en le laissant aller à sa guise le long de son corps. Le jeune homme reprit alors, sur un ton las :

— Franchement, je comprends pas l'utilité de ces cours.

— Pourquoi tu as choisi ceux-là, alors ?

— Parce que tu les avais choisis. Du coup, j'en ai déduit que c'était important. Je me suis planté.

Angélique jeta un regard en biais à son ami en le questionnant :

— Comment ça, tu t'es planté ?

— ...J'ai vraiment une tête à devenir trader ? Ou chef d'entreprise ? Ou comptable, tiens !

Le sourire éclatant d'Ayden illumina un peu plus son visage et Angélique retint un petit rire moqueur.

— Non, tu as une tête à problèmes.

— Et tu crois qu'un problème peut devenir comptable ?

Elle se tourna vers lui et le détailla de la tête aux pieds.

— Remarque, vu ta dégaine, c'est sûr que ça changerait de l'image moche et coincée qu'on en a.

Il laissa échapper un petit rire jovial et Angie rehaussa ses livres, les joues légèrement rosies à la fois par le vent et par les derniers mots qu'elle venait de prononcer.

— Non. Les études, c'est vraiment pas fait pour moi. J'en suis sûr, maintenant.

— Et... qu'est-ce que Loïs dit de tout ça ?

À l'énonciation de ce prénom, le jeune homme glissa une main sur sa nuque en grimaçant.

— Eh bien... On peut pas dire qu'elle soit particulièrement d'accord avec ça non plus. À vrai dire, il n'y a pas beaucoup de choses sur lesquelles nous sommes d'accord, elle et moi.

— Les aléas de la vie de couple, ça passera.

— Tu crois ?

Angélique dissimula un léger rictus et reprit, sans laisser paraître quoi que ce soit :

— En attendant, si elle te pousse à revenir en cours plus souvent, comme aujourd'hui, c'est plutôt une bonne chose. Ça ne peut pas te faire de mal.

— C'est pas elle qui m'a poussé à venir en cours aujourd'hui.

— Ah bon ? Qui alors ?

Ayden ne répondit pas à cette question. Il se contenta de sourire avec malice, les yeux rivés sur l'extrémité du pont dont ils se rapprochaient un peu plus à chacun de leur pas. Il ramena ensuite son cahier abîmé contre sa poitrine et se pencha du côté d'Angélique en murmurant :

— De toute façon, j'ai pas besoin de faire des études. J'ai déjà un boulot et il me va très bien.

— Gigolo dans un strip club ?

Ayden haussa les épaules avant de répondre, avec désinvolture :

— C'est pas une si mauvaise idée, ça, tu sais ? Avec mon physique de comptable, ça pourrait le faire...

Angélique étira ses lèvres en un petit sourire gêné qui n'échappa pas au regard de son ami.

— Non, en fait, je m'occupe de revendre deux ou trois petites choses pour mon dealer. Ça me permet d'avoir ma came gratuitement et de me faire un peu d'argent en plus.

Soudain, Angélique explosa de rire et Ayden s'immobilisa, le sourcil relevé.

— Pourquoi tu ris ?

La jeune femme fit encore quelques pas et s'arrêta un peu plus loin, laissant quelques passants se faufiler entre son interlocuteur et elle. Elle effaça les prémices d'une larme au coin de son œil et reprit, d'une voix vibrante d'euphorie.

— Tu m'as fait peur. Pendant une fraction de seconde, j'ai vraiment cru que tu étais sérieux !

— ...Eh ben, euh.

Un ange passa, engloutit par les allées et venues des promeneurs entre les deux amis. Le visage d'Angie se décomposa à mesure que le jeune homme balayait le sol du regard.

— T'es pas sérieux.

— Ben, pour être totalement honnête...

— Ayden !

Le changement de ton d'Angélique avait attiré l'attention de quelques passants, qui tournèrent aussitôt la tête vers les deux jeunes gens.

— Mais quoi ? C'est un moyen comme un autre de gagner de l'argent. Et puis, t'as rien à craindre, je vais pas te demander d'en faire autant. Toi, tu es faite pour les livres, de toute façon.

— C'est de la folie !

— Pas plus que payer six mille dollars d'études pour se retrouver au chômage derrière, ma belle.

— N'importe quoi.

L'inquiétude qui se lisait maintenant sur le visage d'Angie piqua l'attention du jeune homme. Elle reprit sa route, tête basse, et il s'empressa de faire quelques pas jusqu'à se planter face à elle. Cette dernière, qui avait gardé les yeux rivés sur le sol, manqua de le percuter de plein fouet et poussa un profond soupire de lassitude quand elle se retrouva confrontée à son buste.

— Tu boudes.

— Je boude pas.

— Si, tu boudes.

— Ayden, bouge de là.

— Tu t'inquiètes pour moi ?

— Ça fait trois ans et deux mois et demi que vous êtes une source intarissable d'inquiétudes, toi et ta tête à problèmes. Alors non, pas plus que d'habitude.

Ayden poussa un profond soupir et se replaça aux côtés d'Angie avant de reprendre son chemin auprès d'elle.

— Tu sais, c'est rien de bien nouveau pour moi. Quand j'étais gosse, je m'étais retrouvé à faire la mule pour un des gangs de Dallas. J'avais quoi, huit ans ? Et je devais transporter de la dope dans ma boîte à sandwich. Il y en avait tellement que j'avais même plus de place pour ranger mon goûter !

— Tu te fous de moi ?!

Angélique avait nettement haussé le ton, sans vraiment s'en rendre compte. Au même instant, Ayden éclata de rire.

— Oui, là.. Oui. J'avoue. Oh, allez, Angie !

Après avoir retroussé furtivement son nez — habitude qui signifiait qu'elle était fâchée —, la jeune femme accéléra le pas pour regagner l'autre rive. Ayden se précipita derrière elle et se saisit de son bras avant de la ramener vers lui.

— Sans rire, maintenant. J'ai rien à craindre. Je suis un survivant, de toute manière. Et puis, au pire des cas, s'il arrivait quelque chose, j'ai toujours de quoi me défendre sur moi...

Il jeta un regard autour de lui pour vérifier l'éventuelle présence d'agent de police, puis dégaina le manche d'un couteau à cran d'arrêt de la poche de son blouson de cuir. Lorsqu'elle aperçut ce que son ami tenait entre ses doigts, Angie bondit sur lui en lui intimant de dissimuler son arme.

— Mais ça va pas ?! Tu es fou de me montrer ça comme ça ! Et puis d'abord, d'où tu sors ce truc ?!

— Cadeau de moi à moi pour mon quinzième anniversaire. Il vient de l'armurerie la plus cotée du Texas. Quoi ? Il est pas beau ?

— Je ne suis pas sûre que « beau » soit le terme le plus approprié pour décrire ce genre d'objet, tu vois.

Il haussa les épaules et replaça le couteau dans son blouson. Éprouvée par toutes ces révélations, Angélique passa une main sur son front et manqua de faire tomber ses livres sur le sol.

— Franchement, Ayden, tu me fatigues. Loïs est au courant de tes affaires ?

— Ouais.

— Et ?

— Et à vous deux, je peux te dire que vous surpassez ma mère et Marguerite réunies...

— Ah oui ? Eh bien, c'est peut-être parce que nous, on... !

— Oui ?

— On... Oh, rien... Tu m'énerves, tiens.

Ayden releva un sourcil et laissa échapper un petit gloussement.

— On, quoi ? Allez, dis-le que j'ai raison ! Tu t'inquiètes vraiment pour moi !

Angie poussa un profond soupir de lassitude et détourna la tête, à la fois pour ne pas avoir à répondre aux assauts de fierté d'Ayden, mais aussi pour lui dissimuler ses joues, rougies par une vérité qu'elle s'efforçait de garder enfouie depuis plusieurs semaines. Depuis cette fameuse soirée que son ami avait partagée avec Loïs et qui avait donné naissance à leur couple. Certaines émotions sont plus difficiles à faire taire que d'autre. Surtout quand on ne soupçonnait pas leur existence. Oui, Angélique s'inquiétait, même plus que de raison. Elle savait très bien que ce genre de tourment n'était pas le fruit de ses sentiments amicaux, mais Ayden était avec Loïs. Et c'est bien cette idée-là qui lui fit détourner la tête face au vent qui balayait le pont, ce jour-là.

Elle n'eut pas vraiment le temps de se plonger davantage dans ses pensées douloureuses. Le jeune homme avait passé son bras autour de ses épaules et l'avait ramenée contre lui pour lui offrir une étreinte des plus amicales. Il déposa ensuite un rapide baiser sur sa joue — sans même voir que ce geste ne fit qu'empirer la couleur du visage de son amie — et lui glissa, un sourire malicieux aux lèvres :

— Je ferais attention, c'est promis.

Elle hocha la tête et prit une profonde inspiration. S'il y avait bien quelque chose qu'Angélique avait retenu en trois ans et deux mois et demi, c'était bien l'inutilité que présentait un débat sur les décisions d'Ayden. En effet, l'expression « têtu comme une mule » n'était qu'un doux euphémisme de la nature profonde du jeune homme. De toute manière, elle aurait beau eu passé de longues heures à lui démontrer par A + B que son idée était la pire qu'il soit, il n'en aurait jamais démordu. Angie décida donc de ne pas s'attarder sur le sujet et entreprit de ravaler ses tourments.

— Si tu le dis...

Ayden acquiesça d'un signe de la tête, puis se redressa tout en laissant glisser sa main sur le dos de son amie. Ce geste déclencha une série de frissons plus ou moins inconnus sur le corps de la jeune femme et cette dernière s'efforça alors de ne montrer aucune réaction. Elle garda les yeux rivés sur la berge de Brooklyn, qu'ils venaient juste d'atteindre, tout en essayant de se persuader que le désagréable pressentiment qui se venait de se réveiller au creux de son ventre n'était pas fondé. Malgré cela, cette tentative fut vaine lorsque son ami prononça ces dernières paroles, d'une voix empreinte d'une indolence infernale :

— Mais oui. Et puis, je te le répète, je ne risque rien de toute façon. Fais-moi confiance, Angie.

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