La jeune elfe, complètement déboussolée, s'est rassise près de la cacscade et s'est plongée dans ses pensées.
Elle n'a pas compris cette situation pour le moins inattendue. Elle a causé cette situation, mais malgré que ce soit de sa faute, c'est son maître qui fut le plus touché, lui qui demanda le plus à se faire pardonner.
C'est très compliquée pour elle, autant le fait d'avoir causé du tort à cet elfe, lui faire se sentir fautif, que pour elle, qui a du mal à s'habituer à l'environnement dans lequel elle vit.
Ce respect commun, qu'importe l'âge, le rang ou le niveau d'expérience, la laisse songeuse. Jamais elle n'a vu ça. C'est peut être ça, la philosophie des elfes. C'est vrai que Mardil est très respectueux, que ce soit entre eux ou envers la nature qui les entoure.
Elle doit pouvoir elle aussi être dans un même état d'esprit, et réussir à aimer les gens tels qu'ils sont, ou du moins les respecter, sans jugement trop hâtif, mais avec raison et réflexion.
Mais comment atteindre ce niveau lorsque l'on vous a appris à grand renfort de peur à ne respecter que vous, et encore, à détester tout autre forme de vie différente de la vôtre et à détruire tous ceux qui vous croisent ?
Elle n'en sait rien, c'est pour cela qu'elle a besoin des autres pour lui apprendre. Sans eux, elle doute d'y arriver. Elle a peur de rester telle qu'elle est, mais surtout d'être ainsi rejetée, car différente. C'est sa peur la plus profonde, peut être même la première avant celle de ne jamais pouvoir être libre, totalement libre, tant mentalement que physiquement.
Alors qu'elle réfléchit à la manière de commencer sans son maître, pour prouver à tous qu'elle souhaite changer, que c'est désormais sa raison de vivre, elle entend quelqu'un approcher. Elle tourne la tête vers la source de bruit des pas et est surprise de voir arriver le médecin.
Il s'approche d'elle et s'assoie à côté d'elle, sans un mot.
-J'ai croisé Mardil, explique t il en regardant lui aussi devant lui la cascade. Comme j'ai remarqué que tu n'étais pas revenue, je suis venu.
-Je croyais que seul lui avait connaissance de cet endroit ?
-Lui et moi, rectifie t il. Mardil n'a aucun secret pour moi. Nous sommes de très vieux amis tous les deux. Il ne peut espérer me cacher quelque chose, alors même son endroit secret, je le connaît, sourit il légèrement. Maintenant dis moi, qu'est ce qui te tracasse autant ?
-Comment... Commence t elle avant d'être interrompue.
-Être un Elfe Spirituel est très pratique. Grâce au flux de l'énergie que nous voyons circuler chez les gens nous pouvons savoir beaucoup de choses en fonction de la rapidité de ce flux. J'ai donc pu voir à ton rythme un peu plus élevé que la normale, que quelque chose se tramait dans ta tête.
-Et bien, Mardil et moi...
-Non, l'arrête t il à nouveau. Je ne veux pas savoir ce qu'il s'est passé entre vous deux, cela ne concerne que vous, le maître et l'élève. Quoi que ce soit, j'ai juste besoin de savoir que ce sera vite réglé, et je sais que ce sera le cas.
-Comment pouvez vous en être si sûr ?
-Mardil et toi avez une relation un peu... Hors norme, je devrai dire. Mardil à l'air de beaucoup tenir à toi.
-Quoi ?!
-Même si ça n'en a pas l'air, quelqu'un comme moi qui le connaît depuis bien longtemps peut facilement le deviner, sourit il encore.
-Hum...
-Il t'en parlera sûrement lui même lorsqu'il jugera le moment venu, alors ne m'en demande pas plus, car je ne dirai plus rien. Maintenant, reprend il en voyant qu'elle avait compris, dis moi à quoi tu penses. Peut être puis-je t'aider.
La jeune femme le regarde longuement dans le blanc des yeux, cherchant à déceler une quelconque intention mauvaise. Mais elle n'en voit aucune. Et puisqu'il était médecin, il était sûrement tenu du secret médical. Et même si ce n'est pas le cas, elle était sûre qu'encore une fois, par respect, il n'en parlerai à personne sans son accord.
-Dans le peu de temps que je vous ai observé, j'ai pu remarqué une certaine philosophie qui m'est un peu... Étrangère et compliqué à comprendre, commence t elle en fixant le sol. Ce respect que vous témoignez, que ce soit aux vôtres ou tout ce qui vous entoure, m'est inconnu. Et à vrai dire, je ne sais comment appréhender cet état d'esprit.
-Hum... Réfléchit Lastalaica. Si tu ne le sais pas déjà, alors sache que tout passe dans la communion avec la nature. Une fois que ton esprit ne fera qu'un avec celui de la forêt, tu comprendra. Mais pour ceci, et bien d'autres choses en fait, comme calmer ton esprit, on commence par méditer.
Lastalaica se lève et tend la main à la jeune fille qui le suit après un haussement de sourcils.
Il l'emmène au centre de la cascade, et ils montent sur les deux pierres plates face à face qui débordaient de l'eau paisible. Il s'assoie en tailleurs, mets ses deux mains sur ses genoux et ferme les yeux.
Elle l'imite, dubitative.
Elle sursaute légèrement lorsque sa voix interrompt le doux silence autour d'eux.
-Concentres toute ton attention sur la nature. Essaie d'entendre tous les bruits qu'elle peut émettre. Essaie d'imaginer la vie, l'énergie, circuler tout autour de toi, dans le sol, les arbres, les plantes, les animaux, et même la quantité infime qui vole au gré du vent. Lorsque tu auras réussi cet exercice qui paraît très simple mais qui est en réalité très difficile et exigeant, tu ne penseras à rien d'autre, et ton esprit sera aussi calme que l'eau de ce lac malgré la cascade juste à côté.
Elle ne répond pas, déjà absorbée par cette sensation unique. Entendre la douce mélodie des oiseaux, accompagnée par la douce brise du vent qui siffle tendrement, le caplotis de la cascade, c'est juste merveilleux. Cette sensation d'être sereine emplie vite tout son être, à tel point qu'elle n'entend même pas Lastalaica lui parler ni même partir pour la laisser seule.
Il ne peut rien faire de plus. C'est à elle de trouver sa communion avec ce qui l'entoure. À elle de découvrir le moyen d'atteindre la Symbiose Naturelle.
Les petits elfes prennent quelques années à trouver cette Symbiose, mais quelque chose en elle lui dit qu'elle y parviendra très vite.
Il a observé son énergie, et elle s'est très vite retrouvée à un rythme normal, ce qui est étonnant. Pour qu'un elfe trouve si vite le calme en compagnie de son élément, il doit avoir une certaine connexion avec lui, lié à la puissance. Plus un elfe est puissant, plus la connexion l'est et le lien de la symbiose s'acquiert vite.
Cette jeune fille promet d'être une elfe très puissante.
C'est donc avec un sourire heureux qu'il la laisse à sa méditation.
Pendant ce temps la chasseuse prend le temps d'écouter. D'abord, l'eau, puis l'air et les animaux. Pour enfin essayer de tous les entendre simultanément. Cet exercice est un peu plus complexe, mais elle parvient à tous les percevoir, comme une deuxième nature.
Comme si son corps avait gardé le souvenir d'une telle sensation, comme si elle l'avait déjà vécue, déjà appréhendée et acquise.
Plus le temps passe, plus elle a l'impression d'être familière avec leurs coutumes, leur philosophie et leur manière de vivre, même si le respect commun reste encore difficile à entrevoir.
Une fois cette étape atteinte, elle décide de se laisser bercer par la mélodie de la nature. Pour l'instant, elle ne cherche pas à aller plus loin. Tout ce qu'elle voulait, c'était calmer son esprit, lui faire oublier l'espace d'un instant toutes ces questions qui le tourmente.
Après avoir laissé de côté tout ce qu'elle voulait, elle entrouvre doucement les yeux et est étonnée de voir le soleil couchant.
Elle se relève très vite, et court vers la demeure du médecin.
Elle traverse la forêt en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et alors qu'elle est à deux cents mètres de la maison, elle entend déjà des voix s'élever, tendues.
-Où est elle ! Résonne la voix enragée de Michael. Mardil... Grogne t il, espèce d'inconscient doublé d'imbécile ! Tu l'a laissée là bas, toute seule, en plein milieu d'une forêt qu'elle ne connaît pas !
-Excuse moi... Murmure le concerné, se sentant coupable.
La jeune chasseuse accélère la foulée au maximum, afin d'arriver avant que la situation ne dégénère, et elle arrive pile lorsque la voix du médecin retentit
-Calmez vous... Je suis sûre qu'elle va bien.
Elle déboule sur le seuil de la demeure, le souffle court, devant un Alpha en colère tenant un Mardil malheureux par le col.
Lorsque son souffle saccadé parvient aux oreilles des hommes dans la pièce, tous les regards se tournent vers elle.
-Je suis désolé... S'excuse t elle, honteuse d'être à l'origine de tant d'inquiétude. J'ai pas vu le temps passer. Lorsque j'ai rouvert les yeux, il commençait déjà à faire nuit.
Michael lâche doucement l'elfe en s'excusant de son geste impardonnable et déplacé, mais celui ci ne réagit presque pas, chuchotant juste un léger "c'est pas grave".
Lastalaica s'avance vers la jeune femme et la questionne.
-Tu veux dire que tu as médité toute l'après midi ?
-Faut croire que oui... Rie t elle nerveusement. Je pensais pas l'avoir fait autant en fait.
-Et tu as couru jusqu'ici n'est ce pas ?
-Oui.
-Tu te sens bien ?
-Oui... Répond elle, mal à l'aise. Mais pourquoi autant de question ?
-Tu veux bien lever les bras s'il te plaît ?
Elle s'exécute, interrogative.
Lastalaica se met à tâter ses côtes de gestes professionnels.
C'est alors qu'elle comprend enfin. Elle ne devrait pas pouvoir bouger aussi bien avec ses blessures, ce que fait remarquer Lastalaica.
-Je me disais bien. Vu la gravité de tes blessures, tu ne pouvais sciemment te déplacer si aisément. Mais désormais je comprend mieux. Tes blessures sont guéries. Comme si elles n'avaient jamais existées.
Tous les loups et les deux elfes la regardent étrangement.
-J'ai rien fait ! S'exclame t elle.
-Je m'en doute bien. Mais cette guérison Ultra rapide est étrange. Du moins, tant que tu as la Bride, dit il en prenant son poignet et inspectant le petit bijoux qui y était accroché.
-Pourquoi cela ?
-La Bride est censée empêcher tes pouvoirs d'agir, donc l'énergie qui coule en toi de s'épuiser trop facilement ou de réagir en cas d'émotions intenses.
-Alors il y a vraiment un problème ? S'inquiète t elle.
-Oui. Pour guérir de telles blessures aussi vite, il aurait fallu une grosse quantité d'énergie, que tu aurais bien évidement puisé dans ton corps. Mais j'ai beau vérifier encore et encore, ton taux est normal. Aucune baisse. La Bride a bien fait son travail.
-Bon ça suffit, l'interrompt Michael en prenant son âme sœur dans ses bras, l'enlevant au regard inquisiteur du médecin. Elle va bien, c'est tout ce qui importe. Et si vous tenez tant que ça à savoir d'où ça vient, continue t il avant que l'elfe ne réponde, alors cherchez seul, et pas maintenant.
L'elfe regarde le loup dominant dans les yeux, puis finit par tourner les talons en gromellant. Lorsque Mardil sort de la demeure, la jeune elfe se dépêtre des bras de son âme sœur et court à sa suite, sous les yeux ahuris de celui ci.
Elle sort de la maison et attrape le bras de l'homme qu'elle poursuit.
Celui se retourne vers elle, le regard toujours vide.
-Je veux que vous... Enfin, se reprend elle devant son froncement de sourcils, que tu sois mon maître. Peut m'importe ton niveau ou ta formation, tout ce que je sais, c'est que c'est toi que je veux et personne d'autre. Je sais que tu seras à la hauteur et je n'ai aucun doute que tu le feras de ton mieux en faisant honneur à la Déesse Artemis.
À son grand étonnement, l'homme la prend dans ses bras et la serre comme si sa vie en dépendait. Il répond, apparament soulagé.
-Merci... J'ai eu tellement peur de t'avoir perdue...
-Je ne t'en en ai jamais tenu rigueur, explique t elle. Je n'avais même pas compris pourquoi tu t'es rejeté la faute ainsi.
-Tant mieux.
-Et sinon, on continue quand ?
-Si tu es d'accord, demain.
-Mais, ça veut dire qu'on ne va pas voir tes souverains dans les prochains temps alors ? Parce que mes blessures sont guéries.
-Ça ne fait rien. Je leur avait dis que je ne venais avec toi que dans une semaine minimum, guérie ou pas, même si je pensais pas que tu serais si vite remise sur pied. Nous profiterons de ces derniers jours pour te rendre présentable et un peu plus instruie.
Elle hoche de la tête et ils se quittent sur une légère accolade.
Cette journée a été bien longue...
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Et voilà mes louveteaux !
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