Sue Me - T1

By rayenntimeo

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- SPIN-OFF DE WHERE ARE THE AVOCADOS - À vingt-huit ans, il est impossible d'être Juge à la Cour Suprême. Mai... More

1. Who does the malin falls in the ravin
2. Mettre les méchants en prison
3. E-mail
4. You fucking doughnut
5. Iris
6. Contacts
7. Pas d'chat, pas d'chocolat
8. Le meurtre parfait
9. Paysonnage
10. Tu le mérites
11. Travail
12. Blablabla
13. Contrôle parental
14. Réfléchis
15. Pertes
16. Noah Bieber
17.1. Des millions
17.2. Des millions
18. Père
19. Fucking Merlin
20.1. IKEA
20.2. IKEA
21. Monter ou démonter
22. Cette femme
23. Ego
24. Coup de feu
25. État d'alerte
26. Impatient
27. Bleu
28. Pourquoi
29. Seul
30. Adolescents
31. Avec elle
32. Un nom
33. Sécurité
34. Marcel
35. Endormie
36. Normal
37. Deux contre un
38. Fucked up
39. Fucked her
40. Fucked us
41.1. Pause
41.2. Pause
42. Mags
43. Un mot
44. Ne me cherche pas
45. Ne me force pas
46. Ne me trouve pas
47. Ne me provoque pas
48. Tue-moi
49. Balle
50. Pars
51. Trois
52. Deux
53. Un
54. Zéro
55. Coma
57. Mon chou
58. Mon petit-ami est cassé
59. Amnésie
60. Drogué
61. Dickhead
62. Regrets
63. First date
Épilogue
yesyesyesyes

56. S'il te plaît

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By rayenntimeo

MARGAUX

Il ne bouge pas.

Il n'ouvre pas ses beaux yeux vairons.

Il ne me sourit pas.

Il ne me dit pas que tout ira bien.

Il ne me taquine pas.

Il ne m'appelle pas « mon chou ».

Il est seulement là, dans ce lit d'hôpital, le visage blanc, les lèvres un peu bleutées, le corps inerte, la respiration régulière sous le masque d'oxygène, l'épaule et la poitrine bandées, des fils collés à chaque centimètre de son corps et reliés à des machines qui émettent les seuls sons rassurants dans la pièce.
Parce que tant que ces machines font du bruit, je sais qu'il s'en sortira. C'est ma seule garantie.

C'est la première fois qu'ils me laissent entrer depuis des jours. Sa mère a beau être adorable, elle est aussi très protectrice.

J'avance sur la pointe des pieds, la lèvre inférieure tremblante.

La chambre est froide.
Ça me donne l'impression insupportable d'être dans une morgue. Ça me fait peur. Ça me brise.
Mes yeux débordent de larmes lorsque je remarque aussi l'entaille rouge vif qui traverse son sourcil.

C'est à cause de moi.

Je m'agenouille près du lit en réfrénant mes sanglots comme je le peux. Je prends sa grande main raide et glacée dans les miennes, la serre désespérément.

— Je m'ex-cuse, balbutié-je, n'y voyant pas clair derrière mes lunettes embuées.

Je les enlève avec exaspération et appuie ma joue contre sa peau froide pour la réchauffer.

— J'aurais dû te f-faire confiance... Je ne s-savais p-pas que tu avais d-déjà parlé à Donovan. Je voulais juste te prot-

Ma voix se brise et mon cœur se serre avec violence dans ma poitrine, tellement que j'ai l'impression de suffoquer. Et sa main n'a aucune réaction dans la mienne. Aucune.

Alors je pleure comme je n'ai jamais pleuré auparavant.

À m'en déchirer la gorge et le cœur.

Parce que, cette fois-ci, je sais que j'aurais causé la perte de mon couple de mes propres mains. Le premier couple de ma vie où je me suis sentie aimée et acceptée pour qui j'étais vraiment, gâché par un seul appel anonyme à la station de police. Mon amant, mon meilleur ami et parfois mon ennemi, l'homme le plus courageux et loyal que je connaisse aurait pu mourir par ma faute, et rien en ce moment ne me prouve qu'il se remettra de ce coma.
Absolument rien.

— Tu ne peux pas me quitter maintenant, si ? chuchoté-je à travers mes sanglots. J'ai b-besoin de toi. Pardonne-moi.

J'embrasse sa paume, le creux de son large poignet.

Pardonne-moi.

Je reste à son chevet même si mes genoux me font souffrir. C'est seulement lorsqu'une infirmière m'oblige à sortir pour lui faire des examens quotidiens que je me résigne à le quitter. Je m'accroche à tout ce qui est solide et qui se trouve sur mon chemin pour garder l'équilibre sur mes jambes engourdies.

Dans la salle d'attente, son père bondit sur ses jambes en me voyant revenir, de l'espoir plein les yeux. Mon cœur se serre en notant une nouvelle fois leur ressemblance flagrante, et lorsque je secoue la tête en déglutissant difficilement, son visage se décompose à nouveau et il se rassoit en appuyant ses coudes sur ses genoux et en se prenant la tête entre les mains. Jade pose une main sur l'épaule de son père avant de m'offrir un sourire tremblant malgré ses yeux rouges et sa mine défaite.

Je serre les bras autour de moi-même en me sentant soudain seule au monde.

Ça fait des années que je vis seule en Alabama sans jamais avoir vraiment eu besoin de personne, ni avoir eu le mal du pays, même après m'être mariée. Mais soudainement, je me rends compte que ç'a changé.

J'ai le mal du pays.

J'ai le mal de lui.

— Putain, je ne comprends pas. C'était un appel anonyme en plus.

Je sursaute en entendant la voix de Donovan.

Lorsque je me tourne dans sa direction, il ne porte pas son éternel uniforme de policier, mais un t-shirt blanc et un jean simple qui lui donne un air beaucoup plus décontracté alors que c'est actuellement l'apocalypse. Et il est accompagné par Lauren, je crois, un autre des amis de Noah.

— C'était moi, m'entends-je murmurer d'une voix faible.

— Quoi ?

Lauren et lui s'arrêtent devant moi avec des yeux grands comme des soucoupes.

— Je voulais seulement le protéger, poursuivis-je en renonçant à pleurer, levant les yeux vers le plafond pour contenir l'eau dans mes yeux. Je ne savais pas qu'il t'en avait parlé.

— Et moi, je ne savais rien du tout, rétorque Lauren sur un ton amer.

Il passe une main frustrée dans ses cheveux châtains alors que Donovan craque ses phalanges foncées en secouant la tête avec dépit.

— Il ne dit jamais rien à personne, souffle-t-il sur un ton lourd de sens.

— Il garde toujours tout dans sa tête, renchérit Lauren en enfonçant ses poings serrés dans ses poches. Sa petite tête de couille.

« Tant que je ne le dis pas à voix haute, ce n'est pas réel. »

Je comprends, maintenant.
Peut-être un peu trop tard.

J'aurais dû faire attention à lui au lieu de me montrer comme un obstacle. J'aurais dû savoir. J'aurais dû l'écouter.
J'aurais dû lui faire confiance.

Lorsque Elisabeth découvre que j'étais l'auteure de l'appel, elle me bannit quasiment de leur famille.

Je suis alors obligée de gratter mes moments avec lui lorsqu'ils ne sont pas là.

Ce jour-là, j'apporte avec moi de la mousse à raser, un rasoir et des lingettes pour bébé achetés à la va-vite. Je sais qu'il n'aime pas sa barbe trop longue et là, la elle est beaucoup trop longue. Assise sur un coin du lit, je le rase avec minutie en faisant bien attention pour ne pas le couper.

— Je sais que tu ne l'aimes pas longue.

J'essuie une trace de mousse sur son menton.

— Ça ne sera pas aussi précis que quand toi, tu le fais, mais au moins j'essaie, non ?

Ses paupières frémissent, mais rien de plus. Mon cœur bat la chamade. Je continue.

Après avoir passé la lame aiguisée du rasoir sur toute sa mâchoire, je lui lave le visage avec les lingettes et désinfecte la petite coupure sur son arcade sourcilière. En retenant mon souffle, je tire mon baume à lèvres de mon sac à main et lui en applique un peu sur ses lèvres sèches après les avoir humectées avec un peu d'eau de ma bouteille. Je note le bandage frais qui entoure son torse large en rangeant à nouveau tout ce que j'ai apporté dans le sac.

Je le dépose à côté du lit, par terre.

Puis, en faisant bien attention, je m'allonge à côté de lui, contre son bras, du côté droit où il n'est pas blessé.

Les yeux fermés, je colle ma joue contre son biceps en enroulant mes bras autour du sien. Je colle contre lui chaque centimètre de mon corps que je peux coller en essayant désespérément de réchauffer son corps froid.

— Tu manques aux chats, tu sais. Severus jouait avec ta chaussette hier.

Le cœur lourd, j'embrasse sa peau.

— Tu me manques aussi. Te « manquer » n'est pas assez fort pour décrire ce que je ressens.

Je sais que je parle seule et que j'ai l'air cinglée, mais je m'en fiche en ce moment. J'ai entendu dire que plus tu parles aux gens dans le coma, plus leur cerveau est stimulé et plus ils auront envie de se réveiller. Alors je fais ce que je peux.

Ça fait dix jours qu'il est dans cet état.

— Si tu ne t'en sors pas... si tu ne t'en sors pas, je serai obligée de me laisser mourir avec toi. C'est toi « la bonne bite », tu te souviens ? On n'a eu le temps de rien faire encore.

J'inspire son odeur en serrant les paupières pour ne pas pleurer.

— Je sais que tu as peut-être envie de partir pour rencontrer ta fille et Iris là-haut si jamais ça existe pour de vrai, le paradis. Mais qu'est-ce que ton chou va faire tout seul, ici ? chuchoté-je en passant une jambe par-dessus les siennes. Tu ne peux pas me laisser toute seule, Noah.

J'emmêle mes doigts aux siens, même si j'ai l'impression que ma main disparaît dans la sienne tellement elle est grande.

— J'ai besoin de toi. Même si je déteste ton « mon chou ». Je suis prête à accepter ce putain de surnom si tu te réveilles. Je t'aime plus que je n'ai jamais aimé personne sur cette foutue planète, OK ? Réveille-toi, Noah.

Son manque de réaction me détruit.

Je finis par céder à mes larmes.

— S'il te plaît.

🖤💔

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