TW : Brève mention de scarification.
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PDV omniscient :
Max conduisait depuis maintenant une demi-heure, Pierre à ses côtés. Il laissait du temps à son ami pour qu'il se reprenne tranquillement, mais avait été effaré lorsque ce dernier avait enlevé son manteau pour faire découvrir un top manches longues en dessous.
Ce qu'ils ne savaient pas, c'est qu'une Mercedes-Benz grise foncée les suivaient 200 mètres derrière eux, dans laquelle se trouvaient Charles et Esteban. Le plus jeune, impatient, pressait son aîné qui ne se rapprochait pas pour éviter de se faire remarquer.
À un moment, Max tourna à gauche sur un chemin de terre abrité par une forêt. Alors que la voiture s'engouffrait dans la pénombre du passage, Esteban continua sa route pour s'arrêter sur un autre chemin une centaine de mètres plus loin.
Charles et ce dernier sortirent alors et se dirigèrent à pied vers l'endroit où les pilotes Red Bull étaient passés.
Pendant ce temps, Max garait sa voiture pratiquement à la moitié du chemin.
PDV Pierre :
« On y est, tu peux sortir ! » me dit Max.
Je m'exécute et je me retrouve au beau milieu d'arbres, qui semblent nous protéger par leur hauteur et leurs branchages. Le vent frais me fouette doucement le visage, mais cela me fait du bien. La température aujourd'hui est caniculaire, mais je ne peux pas me mettre en T-Shirt.
Pas en ce moment...
Du coin de l'œil, je vois Max qui sort du coffre une petite trousse noire, qu'il met dans un sac, avec des bouteilles d'eau.
Je soupire : je n'aime pas me retrouver au centre de l'attention comme ça, je ne veux pas qu'on s'inquiète pour moi, il a des choses plus importantes que ça...
Pourquoi est-ce que je l'ai suivi ?
C'est bien la question que je me pose. La main du plus jeune qui se pose sur mon épaule me tire de mes pensées : il me fait signe de le suivre.
Après une dizaine de minutes de marche, nous nous arrêtons au milieu d'un grand espace, et je commence à regarder autour de moi :
Je reste bouche bée : le paysage est magnifique ! Seuls les chants des oiseaux, les animaux de la forêt et les bourrasques du vent sont audibles. L'espace est baigné du soleil de 17h, ses rayons viennent réchauffer mes mains et mon visage. Pas un bruit de voiture ou de son urbain : les arbres forment une barrière à toute vie citadine ! La nature reprend ses droits.
« Max ! » Je me retourne vers lui, et je m'exclame : « Mais cet endroit est ...! »
« Magnifique ? » me coupe-t-il, un petit sourire se dessine maintenant sur son visage, avant d'ajouter : « Oui, ça l'est ! » en posant son sac.
Une question me vient alors à l'esprit :
« Comment as-tu trouvé ce lieu ? »
Max se tend soudainement, comme s'il repensait à des détails douloureux. Il me regarde d'un air sombre et déclare :
« Il y a 3/4 ans, au même Grand Prix, mon père et moi avions eu une dispute assez violente. J'en avais tellement marre que je suis parti. Fou de rage et désemparé, j'ai pris la voiture et j'ai roulé comme un dingue ! Le problème, c'est que j'avais oublié qu'il me restait peu d'essence, et je suis tombé en panne à l'entrée du chemin qu'on a pris. J'ai appelé un dépanneur qui m'a dit qu'il ne pourrait venir que dans une heure et demie, et comme je ne voulais pas prévenir mon père, j'ai décidé de l'attendre. Puis j'ai été curieux et j'ai marché sur le chemin. Ça m'a aidé à me calmer, et je suis arrivé là où nous sommes. J'ai tout de suite apprécié l'atmosphère qui s'en dégageait. Depuis, à chaque fois qu'on est en Autriche pour la F1, je viens me détendre ici. »
Je hoche tranquillement la tête : je connais bien Jos VERSTAPPEN, je sais comment il peut être envers son fils.
Il lui met une pression énorme sur ses épaules, sous le seul prétexte de devenir le meilleur de la compétition.
Max se sentait mal, il avait du mal à se gérer à l'époque. Il faisait de nombreuses crises d'angoisses. Son père lui a dit de faire ce qu'il voulait pour les contenir, peu importe la manière, tant qu'il y avait de bons résultats.
Alors Max s'était fait du mal, et il aurait pu y passer.
Une fois, lors de mes premiers Grands Prix en 2017, je l'avais découvert et je l'ai arrêté avant qu'il ne se fasse une autre marque. À partir de là, je l'ai soutenu, devant comme derrière le dos de son père. Je n'étais pas le seul, certains membres de Red Bull et Daniel [RICCIARDO] nous aidaient.
Au bout d'un moment, Max ne faisait plus de crises, et il a arrêté de se scarifier. Il a mis les choses au clair avec son père à Singapour l'année dernière, et lui a clairement fait comprendre qu'il n'avait pas à interférer dans sa carrière et sa vie. Depuis, il lui arrive de ravoir 2/3 crises, mais il se contrôle bien. Et je suis toujours là pour lui, s'il a besoin.
C'est à ce moment-là qu'une idée me passe par la tête :
« Tu fais tout ça parce que je t'ai aidé lorsque ça n'allait pas avec lui ? »
« Oui, c'est à moi de te rendre la pareille ! » s'exclame le plus jeune, déterminé.
Je secoue la tête : « Max, écoute, ce n'est pas très grave, je... »
PDV Max :
« Il n'y a pas de "ce n'est pas grave" qui tiennent ! C'est pour ton bien ! Tu m'as aidé, alors maintenant, je t'aide ! C'est ça, l'amitié, un échange de bons procédés ! » je le coupe furtivement, j'en pense chaque mot.
Il me lance un regard triste, et il me murmure un merci désespéré. Ça me rend malade de le voir comme ça. Mais je ne vais pas attendre plus longtemps.
« Ok, pendant que je te fais un nouveau pansement, parce que, visiblement, il n'est plus efficace, tu me racontes TOUT de A à Z ! » je m'arrête, il semble un peu perplexe, puis je rajoute gentiment : « Enlèves ton haut, s'il te plaît... »
Il me regarde bizarrement , comme si je venais de lui annoncer que j'avais fait l'amour avec une chèvre (je rassure, ça ne m'est jamais arrivé et je n'ai pas l'intention d'essayer un jour !) !
Je m'apprête à répliquer, mais je comprends sa retenue : il ne veut pas que je le vois comme ça. J'aurais réagi de la même manière. Je lui parle calmement :
« Écoute, je te comprends Pierre, mais je veux juste t'aider, et tu sais très bien que je ne te jugerai pas. »
Il soupire et, à contre-coeur, prend les bords de son top pour l'enlever.
PDV Esteban :
Charles et moi courrons dans la forêt, en suivant le chemin. Nous sommes déjà passés devant la Honda bleu marine de Max, et nous suivons maintenant les traces de pas laissées dans la terre molle. Au bout d'un moment, nous arrivons à la limite entre la forêt et un grand espace vert.
« Là-bas ! » s'exclame le Monégasque.
Je me tourne dans la même direction que lui, et je vois les deux pilotes Red Bull debout, quasiment au milieu de l'espace.
« Il faut pas qu'ils nous voient ! » je lui réplique.
Tout en restant dans l'enceinte des arbres, nous nous accroupissons sur le sol et nous nous cachons derrière la végétation. De loin, il est possible de distinguer qui est qui, mais nous ne pouvons pas entendre ce qu'ils se disent. Je me retourne vers Charles :
« Peut-être qu'on peut réussir à les entendre si... »
« Attends, mais qu'est-ce qu'il fait ?! » me coupe soudainement Charles.
Devant nous, Pierre enlève son T-Shirt. Ce que je peux voir me fige sur place.
Non !
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Suite dans le prochain chapitre. Que vont-ils voir ?