je sais. je vous traumatise avec ce titre.
🌝
La semaine qui suit ma victoire au tribunal s'agit d'un putain d'enfer.
— Maître Carpenter, comment vous êtes vous senti ?
— Monsieur, d'où avez vous tiré toutes ces informations ?
— Qu'allez-vous faire maintenant que Carl Archer, votre employeur, est en prison ?
— Noah ! Je t'aime, Noah !
— Nous vous voulons pour une entrevue télévisée qui diffusera cette fin de semaine. Serez-vous là ?
— Qui était la femme avec vous au tribunal ?
— Je veux un autographe !
— Ne bougez plus pour la photo... ouais... c'est parfait... eh, mais non ! Où allez-vous ?
Mon sac de travail soulevé au niveau de ma tête cache mon visage aux photographes et je contourne les journalistes qui se sont agglomérés autour du cabinet juridique qui appartenait anciennement à Archer qui s'est fait arrêter. Lauren et moi nous faufilons à travers la masse de gens avec difficulté, essayant d'éviter le contact non seulement avec les reporters et les présentateurs de chaînes de nouvelles, mais aussi les gens ordinaires qui ont clairement une obsession avec mes cheveux et qui cherchent à les toucher.
— Il sont si uniques !
— Ouais, ta gueule, rétorque farouchement Lauren et assassinant une fille du regard.
Elle se recroqueville sur elle-même et je ricane en repoussant un micro tendu vers moi au milieu de la cohue.
— Elle va pleurer, tu sais ! hurlé-je par-dessus leurs discours interminables.
— Je m'en branle ! À moins qu'elle veuille me branler ! Là, par contre, on serait en business.
Je ricane en cheminant tant bien que mal jusqu'à ma voiture garée le long du trottoir de l'autre côté de la rue. Il se glisse du côté passager près de moi et je claque la portière en soufflant. Je balance mon sac sur la banquette arrière et il boucle sa ceinture avant de lâcher un énorme soupir.
— Alors c'est comme ça que Justin Bieber se sent ?
Je lui tends la main.
— Je me présente : Noah Bieber.
Il me regarde de travers.
— Beurk, putain.
Nous rions moqueuesement pendant que je sors de mon espace de stationnement et que je m'engage dans la circulation.
— C'est l'enfer, avoué-je en appuyant sur le frein. J'aimais bien ma vie anonyme.
— Dis-toi que tu n'auras pas trop de difficulté à te trouver un autre boulot. Tu me réfères, hein ?
— Bien sûr. Mais honnêtement, flemme de travailler pour quelqu'un.
— Idem.
— Et tous ces gens qui ont perdu leur travail, murmuré-je en me frottant pensivement le menton.
On est tous officiellement au chômage à partir de la semaine prochaine. Nous avons une limite très précise de huit jours pour boucler toutes les affaires et les dossiers que nous avons à faire au sein de Archer Inc. avant de vider nos bureaux pour que le bâtiment soit vendu aux enchères.
Il y aura un autre propriétaire. Un avocat, un homme d'affaires ordinaire, un petit con qui sort de nulle part, on ne sait pas ce sera qui.
Archer Inc. sera rayé de la carte dans quarante-huit heures et une autre compagnie prendra sa place.
L'idée d'ouvrir mon propre cabinet m'effleure brièvement l'esprit, mais il faut avoir un bon fond d'argent pour payer des salaires, faire de la publicité et entretenir un établissement de renom. Dans mon compte d'épargne, je n'ai qu'un pauvre 87 250$ que j'ai réussi à amasser au fil des années en m'obligeant à mettre une partie de mon salaire mensuel de côté. Ce n'est pas suffisant pour gérer une entreprise. Ce n'est pas suffisant pour que l'investissement de départ permette une ouverture sur le marché réussie.
Je vais devoir chercher un emploi normal pour l'instant. Dans quelques années, peut-être que je pourrai me permettre un tel investissement.
— On va manger chez mes parents, décidé-je en prenant le chemin de la maison familiale. On est des chômeurs, on est pauvres, alors on renoue avec la famille.
— Tu sais que j'ai exactement dix dollars dans mon compte ?
— Même pas assez pour t'acheter un McDo. Tu es nul, putain.
À la maison, papa me demande un compte rendu détaillé de la dernière semaine, à Lauren et moi.
Il semble réellement s'intéresser à ma vie pour une fois.
Autour d'un repas délicieux cuisiné par maman arrosé de vin, Lauren lui parle de cette journée au tribunal, de tout ce que nous avons fait en une journée pour rassembler suffisamment de preuves solides pour faire basculer l'empire de Griffith. Je lui parle brièvement de Margaux et de toutes les informations qu'elle a pu nous fournir, de son aide précieuse au palais de justice. De la manière dont les trois ont été traînés par leurs chemises devant tout le monde par les policiers.
Du soulagement intense lorsque j'ai réalisé que j'avais gagné.
Puis du petit trac qui m'a gagné lorsque j'ai réalisé que je n'avais vraiment plus de boulot.
Il demande des informations sur l'état de l'ancienne entreprise d'Archer.
Lauren lui révèle qu'il y aura une vente aux enchères dans deux jours.
Maman s'amuse de voir que je suis devenu une légende urbaine. Je lui assure que ce n'est vraiment, mais vraiment pas amusant.
Nous finissons la soirée sur une note plus joviale lorsque Luka revient d'un entraînement sportif et que nous nous rassemblons autour de la table-basse avec un jeu de cartes.
Vers vingt-deux heures parce que je deviens un putain de grand-père et que nous sommes vendredi, je décide de rentrer à l'appart' pour prendre une bonne douche et pour me taper un bon seize heures de sommeil continu.
En fait, si je pouvais réussir à dormir vingt-quatre heures sans interruption, ce serait la chose la plus fantastique de tout le putain d'univers.
Je doute aussi que je puisse me réveiller après.
C'est alors que vers vingt-trois heures, je me glisse sous les couvertures de mon lit en surfant un peu sur mon téléphone. Dans la pénombre de ma chambre, je parcoure messages, mes e-mails et classe mes appels manqués en ordre de priorités.
Je note innocemment que je n'ai aucun e-mail de la part d'une certaine journaliste.
Aucun message.
Aucun appel.
Aucun signe de vie depuis une semaine.
Je ne sais pas pourquoi ça m'intrigue, pourquoi ça me dérange. C'est une bonne chose qu'elle disparaisse enfin de ma vie, j'en conviens. Plus de problèmes de réputation ; celle-ci atteint des sommets jamais connus jusqu'à présent.
Mais elle m'a énormément aidé.
Même si elle m'a cassé les couilles. Elle m'a aidé.
Je me retrouve à lui composer un message bref parce que ça me démange.
Hey,
Il va vraiment falloir qu'on arrête de se contacter au milieu de la nuit, mais je voulais te remercier pour ce que tu as fait. Tu casses les couilles, mais sans toi, ça n'aurait pas marché.
Bonne nuit, Mags.
J'appuie sur « envoyer » en me grattant le menton avant de passer à autre chose. Je décide de répondre à un message d'Iris qui veut prendre de mes nouvelles.
Ici Noah Bieber. Je vais bien, tranquillement au chômage. La célébrité tue, en passant.
Elle voit mon message et tape :
Ahahaha ! Est-ce qu'on te demande des autographes ?
Moi : Ouais. C'est franchement chiant.
Iris : Est-ce que moi, je peux avoir un autographe ? Sur la fesse.
Son message m'arrache un sourire.
En bâillant, je m'apprête à lui répondre lorsque je reçois la réponse de Margaux.
Salut,
De rien, j'ai un sens de la justice aussi et c'est plus important que tout. Sinon, je peux reprendre mon boulot initial : le cassage de tes jolies couilles.
Bonne nuit, le chômeur.
Je retiens un grognement de contrariété en répondant.
Moi : Alors tu assumes que j'ai de jolis testicules ?
Leroy : On ne va pas faire semblant que je ne t'ai pas déjà sucé, Carpenter.
J'esquisse un demi-sourire pendant que des flashs de notre nuit unique traversent mon esprit pervers.
Moi : Ouais, j'avoue aussi que faire semblant que je n'ai pas déjà touché tes seins n'est pas non plus objectif.
Leroy : Je savais que tu étais brillant. Maintenant, ta gueule et dors.
Je quitte notre conversation en secouant la tête avec consternation.
Elle est littéralement l'humain le plus chiant de la planète. Après Zoé qui bat des records.
Je reviens alors sur mes messages avec Iris.
Moi : Je peux te faire deux autographes, un sur chaque fesse.
Iris : Mmh... tout de suite ?
Moi : Tout de suite si tu veux, chérie.
Exactement vingt minutes plus tard, Margaux n'est qu'un souvenir flou lorsque Iris débarque chez moi et que nous faisons ce que nous savons le mieux faire lorsque nous sommes ensemble : baiser.
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