De : mleroy@gmail.com.
À : noahcarpenter@gmail.com
Objet : Tests.
[ Bonjour monsieur Carpenter,
Je vous informe que j'ai effectué des tests de dépistage de mon côté et que ceux-ci s'avèrent négatifs. Vous pouvez donc vous assurer que vous n'êtes pas atteint de chlamydia.
Mes plus sincères salutations,
Margaux Leroy. ]
Qu'est-ce que c'est que ces conneries ?
Pourquoi est-ce qu'elle me vouvoie ?
Et puis sinon, je dormirai moins con ce soir.
Elle s'appelle Margaux.
Margaux Leroy.
Un nom qui claque quand même.
Autrement, je vous annonce que mon séjour forcé avec ma main droite semble bel et bien terminé. C'est bien, parce que je commençais à avoir des ampoules.
Là, ma tasse de café est à mi-chemin entre ma bouche et je suis en train de lire et de relire son e-mail avec un air perplexe et débile sur le visage. En tous cas, c'est ce que je crois avoir l'air à cause de la manière dont Lauren me regarde, appuyé contre le cadre de ma porte de bureau.
— Ça va, mec ? On dirait que t'as vu un fantôme.
— Non, pas de fantôme. Et pas de chlamydia, surtout.
Cette fois-ci, je décide de répondre au e-mail.
De : noahcarpenter@gmail.com
À : mleroy@gmail.com.
Objet : Re : Tests.
[ Bonjour madame Leroy,
Merci, vous me sauvez une semaine supplémentaire d'attente de résultats.
Cessez donc cette fâcheuse habitude de coucher avec des inconnus sans protection. Ça n'apporte que les problèmes.
Cordialement,
Noah Carpenter. ]
— Quoi, elle t'a envoyé un autre mail ?
— Ouais. Je suis clean. Ce soir, je baise, Lauren.
Mon ami ricane alors que je grommelle en appuyant sur envoyer. Il passe une main dans ses cheveux blonds en reluquant du coin de l'œil le cul de la procureure que je veux baiser depuis la nuit des temps.
— Ne regarde pas trop, petit con, grogné-je en fermant un onglet pour en ouvrir un autre pour ouvrir un document qui m'a été envoyé par l'un de mes clients par e-mail.
— Elle n'est pas vraiment à toi, à ce que je sache.
Mais alors que j'allais vraiment recommencer à travailler cette fois, un nouveau courriel s'ajoute à ma boîte de messagerie.
De : mleroy@gmail.com
À : noahcarpenter@gmail.com.
Objet : Re : Re : Tests.
[ Rebonjour monsieur Carpenter,
Vous savez, personne n'est jamais entièrement responsable de ce genre d'erreur. Si la femme oublie, l'homme se doit de s'en rappeler. Dans ce cas, vous étiez assez irresponsable pour nous entraîner tous les deux dans cette fâcheuse situation.
Tâchez de vous souvenir de vous accoupler avec protection également, monsieur le séducteur ambulant.
Car une descendance de votre part pourrait être désastreuse pour l'humanité.
Mes plus sincères salutations,
Margaux Leroy. ]
Et puis putain, je ne me laisserai pas faire.
De : noahcarpenter@gmail.com.
À : mleroy@gmail.com.
Objet : Re : Re : Re : Tests.
[ Également rebonjour madame Leroy,
Le séducteur ambulant n'a forcé personne à écarter les cuisses ni à jouir très exactement quatre fois ni à soupirer ni à crier.
Puis, vous étiez prête à me faire une descendance il y a deux semaines. Car figurez-vous que l'acte d'amour en soi sert avant tout à procréer. Si si, c'est vrai.
N'allez pas trop loin dans votre repartie. Ça fera partie des preuves que l'on retiendra contre vous.
Cordialement,
Noah Carpenter. ]
Était-ce trop méchant ?
Non, je ne pense pas.
Et maintenant, mon moral est gâché pour la journée.
Je déteste tous les gens qui viennent à bout de ma bonne humeur.
Je la déteste elle et sa petite bouche insolente. Sa petite bouche insolente qui m'a sucé jusqu'à me drainer de mon sperme jusqu'à la dernière goutte. Sa petite bouche insolente qui semblait innocente jusqu'à ce qu'elle se pose sur la mienne.
Je déteste vraiment sa bouche.
Enfin... là, c'est son clavier qui est insolent.
Alors je déteste aussi son clavier.
Je la déteste elle et la chlamydia qu'elle a failli me refiler.
Je la déteste elle et son petit cul bandant qui hante mes nuits solitaires.
Elle ne répond pas de la journée et je me déconnecte complètement du wifi sur mon ordinateur pour ne rien recevoir aussi. Je me plonge à fond dans mes dossiers, boucle celui de Maxime, reprends celui du meurtre au premier degré où je dois défendre l'accusé qui, selon les preuves que j'ai récoltées, est innocent.
Je ne défends jamais un dossier qui est voué à l'échec. Je ne perds jamais.
Je sors du bureau vers minuit. Habituellement, je sors vers dix-neuf heures au maximum et je continue le boulot tranquille dans mon espace personnel à l'appartement, mais aujourd'hui, je savais que je n'allais pas continuer à travailler arrivé chez moi. Je conduis en me frottant les yeux de fatigue, envoie un texto rapide à Lauren pour lui dire que je ne baiserai finalement pas ce soir.
— Zoé ? appelé-je en passant la porte.
Son sac à main et ses chaussures ont disparu du vestibule.
Il est minuit, quand même.
Je l'appelle et ça sonne à l'infini.
Elle ne décroche pas.
Comme je ne suis pas du genre à abandonner facilement, je la rappelle une seconde fois. Cette fois-ci, elle décroche sur un ton exaspéré :
— Ouais ?
— Tu es où ?
— Avec des amis. Je rentre dans une heure tout au plus.
Je fronce les sourcils parce que c'est beaucoup trop silencieux, chez elle. Je me demande soudain si « des amis » ne serait pas en réalité un ami. Un ami qui n'en n'est certainement pas un.
— N'oublie pas que je suis un couche-tard et que je peux localiser ton téléphone, hein.
Je sonne comme un psychopathe, mais je m'en fiche.
Un petit silence suit ma menace.
— Ne t'inquiète pas, j'arrive dans une heure comme je t'ai dit.
Elle me raccroche au nez.
Faut rassembler toutes les femmes et les mettre en enfer. J'ai dit ce que j'ai dit.
Fatigué, je me traîne jusqu'à ma salle de bains pour prendre une douche rapide. L'eau chaude dénoue mes muscles tendus, et je reste plusieurs secondes le visage levé en direction du jet. Je sors de la cabine de douche cinq minutes plus tard, enroule une serviette autour de mes hanches pour aller m'habiller et me sers d'une autre pour sécher mes cheveux.
En m'asseyant sur mon lit, je me connecte à mon gmail du boulot sur mon téléphone pour m'assurer que je n'ai rien manqué de trop important.
Et puis, bien sûr, il a fallu que je tombe sur un autre magnifique e-mail de la fantastique Margaux Leroy.
De : mleroy@gmail.com
À : noahcarpenter@gmail.com.
Objet : Re : Re : Re : Re : Tests.
[ Monsieur Carpenter,
Vous semblez avoir une vision démesurée des événements qui se sont produits il y a plus de quatorze jours.
Car en effet, il me semble avoir simulé l'appréciation de ce que vous avez fait pour ne pas blesser votre égo démesuré. Il se trouve que vous ne savez pas vous servir de votre engin et que ce furent des heures de souffrance.
Vous devriez revoir vos connaissances en matière de sexe. C'est déplorable.
Désolée de savoir que vous vous remettrez au travail avec de pauvres victimes.
Et puis oui, j'ose.
Que ferez-vous ? Me traîner en justice ?
Mes plus sincères salutations,
Margaux Leroy. ]
OK. On garde son sang-froid.
On garde son sang-froid, les gars.
En fait, non, pas vraiment.
Elle a trouvé mon e-mail, m'insulte sur mes capacités au lit et sait d'une manière ou d'une autre que je suis avocat.
Conclusion : je vais la baiser.
Le premier sens du terme est déjà fait, mais le deuxième est à venir.
De : noahcarpenter@gmail.com.
À : mleroy@gmail.com.
Objet : Re : Re : Re : Re : Re : Tests.
[ Madame Leroy,
J'ai peut-être de la difficulté à différencier les simulations de la réalité, mais la manière dont vous étiez trempée comme un lac sous moi et la contraction de vos muscles délicieux autour de mon pénis contredisent vos propos.
Bien essayé, très chère. N'empêche que c'était de bons arguments.
Ça vous apprendra à vous en prendre à quelqu'un dont le travail en soi consiste à démolir des arguments et d'en trouver des plus forts. Et des plus crédibles.
Cordialement,
Noah Carpenter. ]
Je grommelle en me couchant sur mon lit, les cheveux encore mouillés.
Je paierais presque un tireur d'élite pour lui mettre une balle dans le crâne. Et de m'en mettre une aussi.
Il fallait vraiment que ma première expérience en matière de sextos se passe par e-mail avec une folle ? Pourquoi est-ce que le foutu destin se moque de moi ?
Lorsque mon téléphone résonne d'une nouvelle notification je n'ai presque pas envie de répondre. Mais puisque la curiosité coule dans mes veines, je lève l'écran au-dessus de mon visage, le déverrouille et lis son putain de e-mail.
De : mleroy@gmail.com.
À : noahcarpenter@gmail.com.
Objet : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Tests.
[ Monsieur Carpenter,
Saviez-vous que je peux facilement retenir ces e-mails contre vous et me plaindre de harcèlement sexuel ? Ce serait problématique, n'est-ce pas ?
Mes plus sincères salutations,
Margaux Leroy. ]
Cette fois, je ne me pose même pas de questions.
De : noahcarpenter@gmail.com.
À : mleroy@gmail.com.
Objet : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Tests.
[ Madame Leroy,
Si vous pensez que c'est ce que vous voulez, vous n'avez qu'à le faire. Des e-mails ne sont pas des preuves tangibles ou même crédibles, facilement truquables. Et il faut dire que je m'y connais en preuves.
Montrez-moi ce dont vous êtes capable, alors. Ça devrait être drôle.
Bonne chance.
Cordialement,
Noah Carpenter. ]
De : mleroy@gmail.com.
À : noahcarpenter@gmail.com.
Objet : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Re : Tests.
[ Monsieur Carpenter,
Faites attention à ce que vous souhaitez.
Mes plus sincères salutations,
Margaux Leroy. ]
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